Grèce : Se subordonner à la Troïka ou rompre avec l'austérité?

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Les choix auxquels fait face la classe des travailleurs

Ce qui se passe en Grèce est de plus en plus clair. Nous sommes maintenant en mai, le quatrième mois du mandat du nouveau gouvernement dirigé par SYRIZA, et le résultat de ce qu’on appelle les «négociations» avec la Troïka est parfaitement nul!

Éditorial du journal de Xekinima, section grecque du Comité pour une Internationale Ouvrière (n°410, 6-20 mai 2015).

La position adoptée par les prétendus «partenaires européens» est non seulement inacceptable, mais aussi malveillante et criminelle! Ils continuent d’exiger et de recevoir les versements du remboursement de la dette grecque sans donner un seul euro pour de nouveaux prêts! Cela représente une politique délibérée de sabotage et d’étranglement de l’économie grecque dans l’objectif de forcer SYRIZA à se plier à leurs exigences! Comme le porte-parole du gouvernement, G.Sakellaridis, l’a clarifié, la somme que le gouvernement grec a remis aux prêteurs atteint maintenant les 6,5 milliards euros!!

Six milliards et demi d’euros, dans ces conditions, cela représente une somme absolument colossale! Cette somme pourrait, dans un très court laps de temps, en finir avec les conditions de survie auxquelles sont confrontées les couches les plus durement touchées de la population tout en redonnant rapidement un coup de fouet à l’économie et en remettant sur le chemin de la croissance d’importantes sections de l’économie sur base d’investissements publics.

La question n’est pas de savoir pourquoi ces soi-disant «partenaires» suivent cette politique visant à étouffer l’économie grecque! Cela était prévisible et SYRIZA aurait dû le savoir! La véritable question est la suivante : pourquoi le gouvernement SYRIZA continue-t-il de rembourser la dette alors que la Troïka démontre une attitude si hostile?

Le Grexit est un thème discuté à l’échelle mondiale – quand cela sera-t-il pris au sérieux en grèce?

La discussion est vive concernant le «Grexit» dans les médias internationaux. Le dirigeant néerlandais de l’Eurogroupe, Dijsselbloem, a déclaré ce qui suit: «Nous sommes prêts pour un Grexit, nous avons un plan B (…) Les Pays-Bas et la zone euro sont parés à toutes les éventualités. Il existe un plan B pour la Grèce. Pourtant, nous espérons parvenir à un accord avec la Grèce.» Jerry Rice, porte-parole du FMI, a déclaré que le FMI: «examine divers scénarios, mais nous ne nous attendons pas à une sortie de la Grèce de la zone euro» [note: «nous ne nous attendons pas» ne signifie aucunement «nous ne préparons pas à cette possibilité»]

Alister Wilson, le CEO de Moody, a déclaré à la chaîne de télévision CNBC: «La zone euro va probablement rapidement récupérer d’un Grexit, mais l’impact sur l’atmosphère auprès des investisseurs et sur la confiance serait très forte et de longue durée.» Le journal italien La Stampa a écrit: «Berlin et Francfort se préparent à un «plans B» pour la Grèce (…) Avec l’introduction d’un certain type de contrôles internes (…) afin d’éviter un effondrement des banques (…).»

Tous ce qui précède a été publié le même jour, le 30 avril. Les principales institutions internationales, les États puissants et les «think tanks» à travers le monde se préparent (selon les médias non seulement étrangers mais aussi grecs) pour une sortie de la Grèce hors de la zone euro! Mais, en Grèce, il n’existe aucune discussion sur l’élaboration d’un plan destiné à faire face à une telle éventualité!

Il n’est pas trop tard, même maintenant

La classe dirigeante grecque, ses partis politiques et ses médias se «cachent» derrière la supposée «volonté du peuple grec de rester, par tous les moyens, dans la zone euro», selon les sondages qu’ils préparent eux-mêmes. Mais cette image dépeinte par les médias de masse pourrait se révéler entièrement fausse et pourrait changer jusqu’à devenir son contraire si SYRIZA devait modifier sa position.

Si SYRIZA veut être cohérent avec ses déclarations électorales, il doit:

– Arrêter de battre en retraite! SYRIZA a laissé tomber l’annulation de la dette; a accepté des compromis concernant les privatisations; a laissé le mouvement contre l’exploitation des mines d’or en Chalcidique suspendu dans les airs; a «reporté» un certain nombre de mesures comme le droit à la négociation collective, les questions relatives aux relations de travail, l’augmentation du salaire minimum, la prime de Noël pour les retraités les plus pauvres, l’abolition de la taxe foncière pour les pauvres, etc. Pourtant, la Troïka (maintenant appelée «Institutions») refuse de son côté de reculer sur quoi que ce soit.

– Il faut dire la vérité aux travailleurs grecs! Si le gouvernement grec refuse de céder aux exigences de la Troïka, les «partenaires» européens vont forcer la Grèce à sortir de la zone euro.

– Il faut reconnaître que, pour être cohérent avec ses déclarations électorales, SYRIZA doit rompre avec la zone euro et s’orienter dans la direction de l’application d’un programme socialiste! Cela inclut le refus de rembourser la dette publique, la nationalisation des banques et les secteurs dominants de l’économie ainsi que le contrôle et la gestion collectives et démocratiques des travailleurs : une démocratie dans la production et la planification de l’économie pour assurer qu’elle fonctionne pour satisfaire les besoins de la population et non pas pour la soif de profits des capitalistes.

Sinon…

Si SYRIZA ne se dirige pas sur cette voie, le parti sera incapable de satisfaire la plupart de ses promesses électorales les plus basiques. Il ne sera pas en mesure de réaliser le «programme de Thessalonique» (le manifeste électoral de SYRIZA) et la déception parmi les rangs de la classe des travailleurs sera immense! Certains récents sondages n’accordent déjà plus à Syriza qu’une avance de 10% sur le parti de droite Nouvelle Démocratie (ND). Il n’y a pas si longtemps, l’écart entre SYRIZA et ND était de l’ordre de 25%. Les dangers sont bien réels et le pire que la gauche puisse faire est de les ignorer.

SYRIZA doit dire la vérité à la classe des travailleurs et non discuter dans le cadre de la diplomatie secrète, sans que les travailleurs ne sachent ce qui se passe précisément. Si SYRIZA change de cap, alors le soutien sera massif et enthousiaste de la part des masses laborieuses grecques!

La question d’un référendum sur la question de la zone euro est maintenant une question ouverte dans la société grecque. Nous défendons que si un référendum est organisé (ou que de nouvelles élections sont appelées, selon les circonstances), cela ne doit pas être sur base de la mise en avant d’un accord pourri avec la Troïka pour pouvoir rester dans la zone euro! Au contraire, cela doit être sur base d’une proposition claire de quitter la zone euro dans le cadre d’une approche favorable à la classe des travailleurs et d’une alternative socialiste sans équivoque pour les travailleurs, les jeunes et les pensionnés (selon les revendications formulées ci-dessus). A cela doit être combiné l’encouragement du mouvement de masse, la création d’assemblées populaires et de comités d’action de base sur les lieux de travail et dans les quartiers, de sorte que la classe des travailleurs et la jeunesse puisse activement participer à la lutte contre la Troïka et pour une alternative de société socialiste démocratique.

Une chose sera clarifiée d’emblée : la classe des travailleurs et les pauvres apporteront leur soutien sans réserve. La condition pour parvenir à cette fin est la suivante, et c’est la seule : SYRIZA doit décider de se battre, et se battre jusqu’au bout!

Face au choix de se subordonner ou de rompre avec l’austérité, le peuple grec décidera la seconde option, sans la moindre hésitation. Toute l’histoire des différentes générations de lutte le démontre. Il est temps pour les dirigeants de SYRIZA d’avoir cela à l’esprit!

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Première page de Lutte Socialiste