Liège : Visite de solidarité auprès des grévistes de Bpost

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La poursuite du processus de privatisation des «Sociétés Anonymes de Droit Public» Proximus (anciennement Belgacom) et Bpost, dans lesquelles l’Etat dispose encore de la majorité des actions, représente une grande menace tant pour les travailleurs que pour les usagers. Le conseil des ministres a approuvé vendredi dernier l’avant projet de loi qui vise à faire passer la participation de l’Etat dans ces deux entreprises sous la barre fatidique des 50%.

Il est jusqu’ici impossible au Gouvernement de se séparer de sa participation dans certaines entreprises. Mais la vente pourrait s’avérer juteuse… à court terme! Par contre, pour les acteurs privés, ce serait le jackpot. En cas de vente totale, l’Etat pourrait toucher un peu moins de 6 milliards d’euros dans le cas des actions de Proximus et environ 2,6 milliards pour celles de Bpost. Pour la CGSP, l’Etat belge donnerait ainsi au privé «les instruments qui régulent actuellement les deux plus importants marchés des communications.» L’emploi serait également menacé en cas de privatisation : «Au final, personne ne sort gagnant d’une telle stratégie. L’Etat belge perd ses dividendes annuels au profit d’un ‘one shot’; le citoyen risque de payer plus pour des services de moindres qualités et le personnel se retrouve dans une situation professionnelle incertaine.»

bpost_02En région liégeoise, une grève a été lancée par la CGSP dès mercredi dernier afin de protester contre la possible privatisation de l’entreprise. L’action est menée par la CGSP, mais la CSC a décidé de couvrir ses affiliés désireux de rejoindre le mouvement. Nous reviendrons sous peu sur ce site sur les discussions que nous avons pu avoir en rendant visite à un piquet tôt ce matin.

La menace de poursuite de la privatisation des entreprises publiques ne fait qu’illustre, s’il le fallait encore, que ce gouvernement de droite dure veut poursuivre son assaut antisocial. Il faut absolument tirer les leçons du mouvement anti-austérité de l’automne dernier ainsi que des hésitations qui ont prévalu depuis lors dans les sommets syndicaux (voir notre dossier à ce sujet) : nous avons su mener une lutte tous ensemble – privé et public, par-delà les frontières linguistiques et les couleurs syndicales – qui a fait vaciller le gouvernement, grâce à un plan d’action sérieux, allant crescendo, avec une grève générale bien préparée et annoncée suffisamment longtemps à l’avance. Poursuivons la lutte avec un nouveau plan d’action, plus massif et plus dur, jusqu’à la chute de ce gouvernement des riches!

Avec des amis comme ça…

Lorsque la question est arrivée à la Chambre jeudi dernier, la veille de l’approbation de l’avant-projet de loi par le Conseil des Ministres, Alexander De Croo a été interrogé par les députés. Il a notamment déclaré «Je suis quand même un peu étonné par la critique de la ‘gauche conservative’. Votre glorification de l’Etat est quand même un peu émouvante. Je vais paraphraser quelqu’un qui a dit ‘Je n’ai pas de blocage idéologique à ce sujet, je ne braque pas sur le maintien des 51%’ Qui a dit cela ?, c’était Paul Magnette le 12 janvier 2013. Chers amis du PS, je suis tout à fait d’accord avec monsieur Magnette.» L’opposition du PS est, il est vrai, profondément hypocrite!

Derrière la privatisation des entreprises publiques, on a souvent trouvé le PS… C’est notamment à Elio Di Rupo que l’on doit le principe des «consolidations stratégiques» et autres «entreprises publiques de droit privé» qui ont ouvert la voie à la privatisation! Quand il fut ministre en charge des entreprises publiques, il signa en 1999 l’arrêté ouvrant à la concurrence le secteur du courrier de plus de 350 grammes. SNI (Distrigaz), Belgacom, Sabena, SNCI et INCA (banques), Crédit Communal, CGER, BIAC,… Le PS a participé avec enthousiasme au gigantesque transfert des richesses de la collectivité vers le privé, au mépris des intérêts des travailleurs et des usagers.

Il nous faut lutter, oui, c’est vrai. Avec vigueur, en prenant base sur la manière dont l’élan vers la grève générale nationale du 15 décembre dernier avait été construit. Mais il est également grand temps de sérieusement réfléchir à la construction d’une alternative politique issue du monde du travail, capable de regrouper toutes les forces et les individus à la gauche du PS et d’Ecolo désireux de lutter ensemble contre la logique austéritaire au sein d’un instrument de lutte large et ouvert à tous, dans le respect des spécificités de chacun.

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