Sicko: Commercialiser les soins de santé ?

L’horrible situation des soins de santé privatisés américains révélée par le dernier film de Michaël Moore “Sicko” est une menace qui se concrétise de plus en plus en Belgique. Tandis que le débat sur la privatisation des soins de santé suit son cours, on met de plus en plus de pression sur les patients.

Un correspondant

Action de la CNE à l’avant-première de Sicko à Gand

A l’occasion de l’avant-première du film “Sicko” lors du festival du film de Gand, la Centrale Nationale des Employés (CSC) a organisé une action devant le cinéma Kinépolis. Depuis un moment déjà, le syndicat mène une campagne sur le thème de la “commercialisation des soins de santé”. Ils ont pris la parole dans la salle et un sosie de Michael Moore a mis en garde le public contre la commercialisation des soins de santé.

Le gouvernement intervient de moins en moins

La Belgique dépense pour l’instant 10,1% de son PIB dans les soins de santé, un peu plus que lors des années précédentes. Raison supplémentaire pour laisser plus d’opportunités aux initiatives commerciales et tant pis si cela menace les plus nécessiteux, cela va de soi. Guy Peeters, président des Mutualités Socialistes, affirme ainsi : “75% des dépenses dans l’assurance-maladie sont allouées à seulement 10% de la population. On sait que, sur un marché privatisé, les profits exigeront une sélection plus poussée des risques. En conséquence, les personnes à risques – les malades chroniques et les personnes agées – seront les premières victimes”.

Nous avons à payer plus à mesure que le privé s’impose dans les soins de santé. Cette tendance est incontestable. En 1995, le gouvernement prenait encore 78,5% des dépenses des soins de santé à sa charge pour 71,1% en 2003. Mais, en 2005, le gouvernement ne finançait plus que 68% des frais. En d’autres termes : la part des dépenses que nous devons nous-mêmes assurer, via une assurance privée ou non, a augmenté de 20 à 30% (en France, cela s’élève à 24 %, en Allemagne à 22 % et en Suède à 15 %). Nous avons à nous occuper de près d’un tiers des dépenses, le principe de solidarité est miné d’autant.

Les soins de santé privés en marche

On remarque aujourd’hui une croissance du nombre de consultations privées de spécialistes au sein même des hôpitaux. C’est un élément révélateur du sous-financement des hôpitaux : des médecins et des spécialistes pallient à l’absence de moyens avec des cabinets privés dans les hôpitaux.

Seulement, c’est au patient de payer la note. L’hebdomadaire flamand “Knack” a mentionné dans un article dédié aux “soins de santé de classe” l’exemple d’une femme qui a demandé un rendez-vous chez un endocrinologue à l’hôpital (UZ) de Jette. Il lui a été répondu que la liste d’attente était telle qu’il n’était pas possible d’avoir un rendez-vous avant cinq semaines, à moins d’une consultation personnalisée qui lui aurait coûté entre cinquante et soixante euros, sans remboursement intégral (dans certains hôpitaux on passe régulièrement la barre des cent euros).

Finalement, les soins de santé dépendront du revenu. Déjà actuellement, la santé ou même l’espérance de vie diverge selon les moyens et les possibilités du patient. Un salarié peu qualifié décède en moyenne trois ou cinq années plus tôt qu’un qualifié, un bébé dont les parents sont au chômage a environ deux fois plus de risques d’être mort né qu’un bébé issu d’un couple qui travaille. La commercialisation et la privatisation n’auront pour effet que de renforcer le clivage entre les riches et les pauvres. Il est grand temps de se mettre en action contre la commercialisation !

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