On entend souvent dire que le berceau de nos systèmes démocratiques se situe dans la Grèce Antique. C’est donc souvent un modèle de comparaison pour notre système de représentation.
Par Alain (Namur)
Dans les cités-États de la région qui entoure Athènes, il existait déjà des citoyens ‘‘libres’’ et ‘‘égaux’’ en droits. Mais ce n’était en réalité qu’une infime minorité de la population. La moitié de la population – les femmes – n’avait pas voix au chapitre. De plus, la large partie de la population sur laquelle reposait la base productive de la société (principalement les esclaves hommes ou femmes) était dépourvue de tout droit.
Aujourd’hui, au fil du processus historique, la base productive de la société n’est plus l’esclavage, mais le travail salarié. Bien que nos conditions de vie ne soient plus les même et que le droit de vote soit acquis, sous la pression des luttes, existe-t-il encore différentes catégories de citoyens ?
La loi est dure, mais…
Pour la grande majorité des citoyens, la loi est impitoyable : saut d’index, gel salarial, flexibilité accrue, destruction des services publics… Tout le monde doit faire des efforts, non ? En fait, une catégorie de citoyens, qu’ils soient d’origine belge ou étrangère, est épargnée de ces efforts et on leur fait même des cadeaux! C’est ainsi que les actionnaires des entreprises du BEL-20 (qui représente le principal indice d’actions de la bourse de Bruxelles) vont se partager 11 milliards d’euros cette année sans participer à l’effort collectif. De plus, toute une série de lois sont votées pour assurer qu’ils gagnent toujours plus. Si on parle aujourd’hui de faire passer une loi limitant le droit de grève des travailleurs, les politiciens n’ont par contre pas la volonté de voter une loi contre la grève du capital ! 240 milliards d’euros dorment sur les comptes des banques et des grandes entreprises. Cet argent pourrait être réinvesti dans un plan de relance économique qui pallierait aux pénuries et qui répondrait aux besoins de la majorité sociale.
C’est la loi…
Alors que la fraude fiscale dans notre pays est estimée à environ 20 milliards d’euros par le Département d’Economie appliquée de l’Université libre de Bruxelles, Dulbea, (malgré toutes les réductions déjà accordées par la loi), les riches et les nantis font de la fraude fiscale un sport dans lequel ils excellent.
Pour les aider, les différents gouvernements ont lancé ces dernières années plusieurs opérations de régularisation ‘uniques’. Malgré cela, les riches de Belgique se sont distingués dans les dernières affaires de Swissleaks et Luxleaks avec une fraude à hauteur de plus de 6 milliards d’euros dans le seul premier cas. Le gouvernement, en réduisant les services publics, s’empêche de dénicher la grande fraude fiscale. À l’opposé, lorsqu’il s’agit de contrôler les chômeurs (qui représentent plus ou moins 7 milliards d’euros par an, soit environ 3% du budget de l’Etat)(1), ils nous disent que la loi doit être respectée à la lettre.
Justice à 2 vitesses
Les professeurs de droit et de philosophie enseignent que la justice est la base de la démocratie, mais la majorité sociale ne se reconnait plus dans les institutions démocratiques et judiciaires actuelles. Il y a de quoi. Quand on sait que l’homme d’affaires belgo-kazakh Patokh Chodiev (deuxième fortune de Belgique tout de même) a réussi à éviter un procès en prenant un ancien président du Sénat (Armand De Decker, MR) comme avocat pour négocier une transaction pénale, ça donne matière à réfléchir. D’autant plus que De Decker est soupçonné d’avoir influencé le processus parlementaire pour que la loi sur la transaction pénale élargie (qui permet de payer une indemnité pour se libérer de poursuites judiciaires) soit votée au bon moment, de façon à assurer à son richissime client d’échapper in extremis à un procès en correctionnel.
Pire encore, le secteur diamantaire anversois a réussi un joli coup double. Payer un faible montant en transaction pénale pour ne pas être inquiété par la justice. Et ensuite voter une loi limitant sa contribution au budget de l’État. Ils ont pu trouver chez les parlementaires des oreilles attentives à leurs problèmes.
Pas 2 catégories de citoyens, mais bien 2 cl asses sociales Nous pensons au PSL qu’il n’existe pas 2 catégories de citoyens, mais bien deux classes sociales antagonistes. D’une part, ceux qui sont obligés de vendre leur force de travail pour survivre et d’autre part ceux qui de par leur propriété des moyens de production et des institutions peuvent exploiter le fruit de notre travail social.
Après de nombreuses crises, l’esclavagisme comme base productive de la société a été balayé. Nous sommes actuellement dans une crise fondamentale du mode de production capitaliste. Par la lutte, nous pouvons aussi renvoyer ce système aux oubliettes de l’histoire !
(1) Source : ACIDE, Audit Citoyen de la Dette