1 mai 2015 : Une illustration du manque de clarté sur l'alternative au gouvernement des riches

Premier mai à Gand. Photo : Jean-Marie VersypUn an après les élections qui avaient vu triompher la N-VA et six mois après l’entrée en fonction de ce gouvernement des riches et du début de la lutte engagée contre lui, le SP.a s’est concentré sur lui-même et sur les élections pour la présidence du parti. Les appels en demi-teinte pour poursuivre la résistance, comme celui lancé par Freya Vanden Bossche à Gand, ignoraient de façon très commode la question cruciale de la perte de l’élan donné par la grève générale nationale du 15 décembre et du rôle qu’y a joué la social-démocratie. Dans de nombreuses villes, la présence syndicale a été plus limitée que les années précédentes.

Mais celui qui en tire des conclusions pessimistes se trompe. Ce 1er mai doit être considéré dans le cadre du merveilleux mouvement anti-austérité de l’automne dernier. Nous avons dû passer à travers le déluge de propagande et de menaces des patrons, de leurs politiciens et de leurs médias. Notre mouvement de résistance sociale a réussi à s’attirer non seulement le mouvement des travailleurs mais aussi la jeunesse, le secteur culturel et même certains petits indépendants. Tout cela n’a été possible que grâce aux traditions de lutte du mouvement des travailleurs, traditions qui constituent par ailleurs également l’essence même du 1er mai. Nous avons bénéficié d’un bon plan d’action pour engager le combat et construire un vaste mouvement de solidarité.

Ce qui manquait, c’était une alternative politique claire à ce gouvernement. Oui, nous sommes contre le saut d’index, contre le relèvement de l’âge de la pension ou encore contre les nombreuses économies réalisées au détriment de nos conditions de vie. Mais que mettre en place par la suite? Voir le retour d’un gouvernement Di Rupo, à l’image de ce gouvernement qui a limité dans le temps les allocations de chômage dites d’insertion et a attaqué les prépensions?

Cette absence d’alternative a très bien été illustrée par le presque ex-président Bruno Tobback qui a cyniquement déclaré placer ses espoirs dans rien d’autre que le vice-premier ministre Kris Peeters (CD&V). Nous n’avons pas très bien compris ce que cet ancien dirigeant de la fédération patronale flamande UNIZO avait à faire avec le mouvement des travailleurs… Le prochain président du SP.a, John Crombez, a plaidé pour un taxshift où l’imposition des grandes fortunes servirait à financer des réduction des charges sur le travail de l’ordre de 10%. Visiblement, taxer les grandes fortunes pour répondre aux nombreux besoins sociaux (plus de logements sociaux, augmentation des allocations sociales, renforcement des services publics,…) n’est pas une proposition attrayante pour le SP.a. Ce n’est pas surprenant.

Tout comme pour le SP.a, le 1er mai a été l’occasion pour le PS de se préoccuper de lui-même. A Liège, Jean-Claude Marcourt a fait valoir que le parti devrait se regrouper et, à Charleroi, Paul Magnette a dit qu’il fallait un «long et difficile combat» notamment pour «nous interroger sur ce que l’on a peut-être fait de moins bien». Il ne faut toutefois pas y voir le début d’une critique de la logique néolibérale adoptée par le PS… Cette social-démocratie n’est décidément pas l’alternative que nous attendons.

Lors des différentes célébrations du 1er mai, le PTB était particulièrement présent et a lancé sa campagne de printemps en faveur des 30 heures de travail par semaine. Le PTB reprend enfin la revendication de la réduction collective du temps de travail en réponse au chômage et afin de réduire la charge de travail. Quelques temps plus tôt, c’est le mouvement Femma (équivalent néerlandophone de Vie Féminine) qui avait défendu la réduction collective du temps de travail. Avec cette proposition d’une semaine de 30 heures, le PTB veut accentuer qu’il fait une proposition positive. Malheureusement, on ne trouve pas du côté du PTB d’évaluation de la lutte de ces six derniers mois contre le gouvernement des riches. Le PTB semble avoir peur de donner la moindre critique aux directions syndicales, même si une partie de cette direction est marquée par le manque d’alternative si manifeste que représente la social-démocratie. Le résultat fut que ce 1er mai n’a pas été l’occasion de revenir sur l’une des plus grandes grèves de ces dernières décennies. Si la journée de lutte du 1er mai n’ouvre pas la possibilité d’évaluer notre résistance sociale, quand pouvons nous le faire ?

Avec le PSL, nous avons insisté ce 1er mai sur la manière dont le mouvement de résistance sociale avait fait vacillé le gouvernement à l’automne dernier. Mais il a su se maintenir au pouvoir. Après la grève générale du 15 décembre, nous avons gaspillé un moment particulier. Cela ne signifie toutefois pas que la colère contre l’austérité a disparu. Les provocations du gouvernement se poursuivent et l’austérité devient sans cesse plus concrète et tangible. Nous connaîtrons de nouvelles vagues de résistance. Afin d’en faire un succès, il est essentiel d’évaluer la première vague de protestation sociale et de tenter de répondre à notre plus grande faiblesse, l’absence d’une alternative politique aux partis de droite.

Nos militants sont intervenus partout dans le pays et ont vendu 603 exemplaires de notre journal, Lutte Socialiste, soit 120 de plus que l’an dernier. Nous avons pu vendre 148 exemplaires à Liège, 122 à Bruxelles, 87 à Gand, 60 à Bruges et 55 à Alost. De jeunes militants ont vendu pour plus de 300 € de badges à Gand. A Anvers, nous avons formé une délégation comprenant des militants d’origine tamoule qui, avec le soutien actif de la FGTB Horval, tentent de construire l’implantation syndicale parmi les travailleurs les plus opprimés, un travail de pionnier qui cadre parfaitement dans la tradition du 1er mai. Ces prochaines semaines, nous prévoyons d’organiser des réunions ouvertes dans différentes villes afin de tirer l’évaluation des six mois du gouvernement et de l’opposition sociale. Discutez en avec nous afin d’être ensemble plus forts pour les batailles qui nous attendent!

Évaluons ensemble la lutte contre ce gouvernement des riches!

Assemblée ouverte PSL-Bruxelles : 20 mai – 19h – Pianofabriek, 35 rue du Fort, 1060 Saint-Gilles

Quelques photos du premier mai

Liège

Anvers (photos de Liesbeth)

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