La corruption, une des autres facettes du capitalisme

corruptionMercredi 25 février, l’ancien ministre de l’Économie et Bourgmestre de Waterloo Serge Kubla (MR) a passé la nuit en prison. Il a été entendu pour une affaire de corruption impliquant des hommes politiques congolais et des milieux d’affaires belges.

Par Alain (Namur), article tiré de l’édition d’avril de Lutte Socialiste

La corruption, un mal qui frappe du Nord au Sud

L’affaire a dès le début pris un tour particulièrement ironique. Le scandale a éclaté alors que des ministres libéraux – tant flamands que francophones – étaient en visite au Congo pour donner des leçons de ‘‘démocratie’’ et de ‘‘bonne gouvernance’’ au gouvernement. C’est à ce moment qu’un membre de leur famille politique a été impliqué dans une affaire qui mêle des milieux d’affaires belges et congolais (on parle d’actionnaires de Duferco et de gestionnaires locaux) ainsi que des politiciens congolais de haut rang.

Ce n’était décidément pas la semaine des libéraux, car durant cette même semaine, le dossier liant l’homme d’affaires kazakh Patok Chodiev et l’ancien président du sénat Armand De Decker (MR) est revenu à l’avant-plan. Bien qu’il ne soit pas ici question de corruption au sens juridique du terme, les relations d’affaires qu’entretient De Decker sont pour le moins troublantes. D’un côté, il est avocat de Chodiev, accusé de fraude, et de l’autre – en tant que président du sénat – il fait voter à la hâte une loi qui arrange son client ainsi que d’autres hommes d’affaires.

La corruption puise ses sources dans le fonctionnement même du capitalisme

Les politiciens et les journalistes dénonceront ces agissements comme étant le fait d’actes individuels et isolés. Nous pensons au contraire que la logique derrière ces actes n’est pas marginale, mais bien liée au fonctionnement même du capitalisme.

En 2012, l’ensemble des actifs dissimulés dans les paradis fiscaux était estimé à 17.000 milliards d’euros (soit l’équivalent de la richesse nationale annuelle des Etats-Unis et du Japon…), selon une étude de James Henry (du groupe de pression Tax Justice Network) qui a compilé les chiffres des principaux organismes économiques nationaux et internationaux. Cependant, l’auteur de l’étude considère que ce chiffre est largement sous-évalué. Selon lui, le véritable chiffre tournerait autour de 26.000 milliards d’euros sur un PIB mondial de 72.000 milliards de dollars!

Cela illustre à quel point la course au profit balaie tous les obstacles. Afin de gagner un marché, les capitalistes sont prêts à tout et ne s’encombrent pas de considérations morales. Le fouet de la concurrence les pousse à rejeter aussi toute considération légale. Les exemples sont nombreux et tous les secteurs de l’activité économique – légaux comme illégaux – sont concernés. Cette corruption se fait bien évidemment au détriment de l’intérêt de la majorité sociale.

Pour en finir avec la corruption

Dans les pays néocoloniaux où l’impérialisme fait la loi, la corruption a été installée comme méthode de gouvernance. Dans nos pays, bien que la corruption atteigne un plus haut niveau de raffinement, celle-ci reste néanmoins présente dans la manière dont les capitalistes s’arrachent les parts de marché.

Alors que nous aurions besoin de plus d’agents de contrôle au ministère des Finances pour chasser la grande fraude et le blanchiment d’argent, de plus de moyens judiciaires pour mettre fin à la corruption, la politique d’austérité fait exactement le contraire en asséchant les moyens publics. C’est ce qu’a exprimé Manuella Cadelli, présidente de l’association syndicale des magistrats, en disant ‘‘L’austérité aveugle qui frappe le pouvoir judiciaire empêche son fonctionnement quotidien. Elle empêche aussi de lutter efficacement contre le terrorisme et la délinquance économique et financière, qui sont les deux fléaux actuels de l’Etat de droit.’’ La porte est donc ouverte à tous les fraudeurs qui, au pire, peuvent encore s’acquitter d’une transaction pénale afin d’éviter une procédure d’enquête!

Pour lutter contre ce fléau, il nous faut lutter contre le système qui le génère. Cela commence par exiger une ouverture des comptes et la fin du secret bancaire afin de contrôler l’ensemble des transactions monétaires. Il faut également instaurer la nationalisation du secteur financier sous contrôle et gestion démocratique des travailleurs et des consommateurs, comme cela devrait du reste être le cas pour les secteurs vitaux de l’économie (énergie,…).

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