Contre l'austérité, lutter n'est pas assez : il nous faut une alternative de société!

LS201Plus d’une demi-année après la formation du gouvernement Michel, il est temps de faire une évaluation de son activité et du mouvement de lutte qui a riposté à ses attaques antisociales. Nous ne pouvons pas laisser cela aux mains des médias capitalistes. Ceux-ci vont, au mieux, évaluer le gouvernement et la riposte sociale sur base de ce qui est nécessaire pour garantir la continuité du capitalisme belge. Notre journal et notre parti procèdent à partir d’un angle différent : comment ce gouvernement peut-il contribuer au bien-être de la majorité sociale, la classe des travailleurs ?

Par Els Deschoemacker, article tiré de l’édition de mai de Lutte Socialiste

Ce gouvernement est appelé à juste titre le gouvernement des riches. Ses partisans ne le nieront pas, il suffit d’un regard objectif sur son activité pour voir qui il sert. Même le ‘‘tax shift’’ (allégement de la fiscalité sur le travail et déplacement vers d’autres formes de fiscalité) doit être évalué ainsi. Les manifestants de la première heure, qui battaient le pavé avant même que le gouvernement ne soit officiellement formé, étaient furieux que l’on soit toujours à la recherche d’économies chez les mêmes. Médias et politiciens ont tenté de dévier ce ressentiment avec le ‘‘tax shift’’. Si les fortunes doivent être taxées, que cela serve à alléger les charges sur le travail, pensent-ils. Il serait ainsi possible de garantir la compétitivité du capitalisme et donc de la couche la plus riche de la population belge. Le dogme selon lequel le travail coûte trop cher en Belgique est repris par quasiment tout le monde y compris, hélas, par la plupart des dirigeants syndicaux. Cela cadre dans le contexte de compétition entre pays européens et blocs commerciaux internationaux qui vise à rendre le travail, salaires directs et indirects, le moins cher possible, qu’importe si cela doit se faire au détriment des services publics et de la sécurité sociale.

L’idée derrière la tradition du 1er mai en tant que jour de lutte est à nouveau d’actualité. Le mouvement international des travailleurs voulait disposer de la meilleure protection sociale possible afin d’atténuer les effets des crises périodiques du capitalisme sur la majorité de la population. En dépit de ses limites, la social-démocratie et sa forte base ouvrière ont alors représenté un outil important de ce combat. Aujourd’hui, les partis sociaux-démocrates ne sont guère plus considérés que comme des partis bourgeois. Ils ne peuvent que s’en prendre à eux-mêmes. Ils ont complètement suivi la logique du libre marché, du système capitaliste, et ont jeté par-dessus bord chaque réponse à la dégradation sociale. L’opposition parlementaire ‘‘socialiste’’ actuelle est particulièrement invraisemblable puisque, comme Di Rupo l’a dit lui-même: ‘‘70 % des mesures du gouvernement Michel ont été prises par le gouvernement fédéral précédent.’’

La lutte contre ce gouvernement et contre toute la politique d’austérité ne peut parvenir à vaincre que si elle dispose d’une alternative sérieuse. A travers l’Europe, de nouveaux partis de gauche progressent. L’un est moins neuf que l’autre, mais il ne s’agit que de versions plus radicales de la social-démocratie. L’opposition à l’austérité et la promesse de mettre fin à cette politique favorable à la classe des riches sont des éléments indispensables au soutien qu’ils reçoivent. Mais faire des promesses est une chose, les réaliser en est une autre. Le gouvernement SYRIZA en Grèce peut en témoigner. Le capitalisme grec et européen ne reculera devant rien pour forcer le gouvernement à se retrouver à genoux.

Le refus du capital de satisfaire même les besoins les plus immédiats des pauvres, de peur de la ‘‘contagion’’ que cela pourrait susciter, démontre qu’il n’y a pas de remède autre qu’une rupture anticapitaliste et socialiste, basée sur le contrôle public démocratique des leviers économiques et financiers. Le message central qui doit être défendu ce premier mai devrait donc être de lier la lutte pour chaque réforme sociale à la nécessité de changer fondamentalement de société!

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