Mouvements de masse en Birmanie et ailleurs : quelle solution pour les peuples opprimés?

En Birmanie, après les mouvements du mois passé, le calme est revenu. La répression a – temporairement – fait taire la colère des masses. C’est la hausse subite des prix des carburants qui a été le déclencheur de la “révolution safran” : le moindre prétexte pourrait à tout moment faire redescendre les masses dans la rue. Dans d’autres pays aussi, de telles hausses de prix ont déclenché des émeutes spontanées : c’était le cas notamment en Iran cette année.

Gilles

Notre époque est celle d’une grande instabilité au niveau mondial, d’un ras-le-bol généralisé : nous devons donc nous attendre, de plus en plus, à ce que d’autres “petites choses”, auparavant insignifiantes, puissent représenter pour beaucoup de gens “la goutte qui fait déborder le vase”, et être dans un futur proche à l’origine de luttes plus âpres, en Occident également.

D’autre part, cette année et la précédente ont vu se développer de nombreuses luttes “pour la démocratie” (Népal, Ukraine, Géorgie, Thaïlande, Mexique, etc.). Bien que la plupart de ces luttes aient été victorieuses jusqu’à un certain point, aucune n’est réellement parvenue à concrétiser tous les espoirs qui avaient été placés en elles.

L’élection de Iouchtchenko, par exemple, a été l’une des plus grandes déceptions de l’histoire ukrainienne. La campagne pour la libération d’Aung San Suu Kyi fait penser à celle pour la libération de Mandela en son temps (encore que Mandela avait un profil nettement plus marqué à gauche). Pourtant, en Afrique du Sud, malgré la fin de l’apartheid, la situation des travailleurs ne s’est guère améliorée en vingt ans…

De la même manière, outre les quelques libertés démocratiques et éventuelles avancées sociales qui accompagneraient certainement la venue au pouvoir d’Aung San Suu Kyi, nul ne doit s’attendre à ce que la situation de la Birmanie en ce qui concerne le chômage, la pauvreté, le pillage par les multinationales et la soif d’autonomie des minorités natio-nales ne change fondamentalement. Un argument flagrant dans ce sens est le soutien qui a été donné à la “révolution safran” par la plupart des Etats impérialistes et leurs institutions. Ce qu’espèrent ces organisations, c’est la mise en place d’un gouvernement plus « conciliant », avec lequel elles pourront accomplir leur business. Et leur empressement soudain à exiger la démission des militaires vient beaucoup plus de leur crainte de voir la population s’organiser et le mouvement se radicaliser, que de leur soif de liberté : “Donnons-leur vite leur “démocratie”, tant qu’ils ne demandent rien de plus !”

La situation actuelle du capitalisme mondial est telle que, sans une mobilisation permanente de la population, Aung San Suu Kyi ne s’avérera être rien de plus qu’une marionnette au service des multinationales, capable de faire passer toutes sortes de « réformes » antisociales au nom de « la reconstruction du pays ».

Une réelle émancipation du peuple birman ne peut être obtenue que par une réelle démocratie socialiste, sous la direction de la classe ouvrière. Ce n’est que sur base de la socialisation de l’économie, sous contrôle populaire, dans le cadre d’une confédération socialiste régionale, qu’une démocratie authentique pourra être obtenue en Birmanie.

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