Des milliers de réfugiés sombrent dans le ‘‘cimetière méditerranéen’’

Dimanche dernier, à nouveau, des centaines de réfugiés – on parle de 800 personnes – se sont noyées dans la mer Méditerranée alors que leurs fragiles ont chaviré au large de la côte libyenne. La même semaine, les garde-côtes italiens rapportaient que 10.000 réfugiés ont été récupérés sur des bateaux de passeurs. L’an dernier, environ 3.500 migrants fuyant des pays déchirés par la guerre, les persécutions et la pauvreté se sont noyés en tentant de rejoindre l'Europe.

Par Simon Carter

Ce chiffre est plus que probablement susceptible d’être dépassé en 2015, même avec l’application de l’opération Triton, une opération de « recherche et de sauvetage » lancée par l’agence Frontex (la très justement critiquée Agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures des États membres de l’Union européenne) et entrée en vigueur le 1er novembre 2014. Certains, dont le gouvernement britannique qui a décidé de ne pas participer à cette opération, affirment qu’elle ne ferait qu’encourager les réfugiés à tenter une traversée. Mais ces réfugiés sont tellement désespérés qu’ils sont prêts à risquer leur vie.

Il n’existe aucune voie légale vers l’Europe pour ces personnes désespérées. Nombre d’entre eux prennent le risque d’une périlleuse traversée. Mondialement, moins de 1% des réfugiés arrivent près de l’Union Européenne. Et pourtant, la politique d’asile de l’Union européenne criminalise les réfugiés et militarise ses frontières.

Le nombre de réfugiés via la mer a augmenté à la suite des guerres civiles brutales et sectaires qui font rage en Syrie, en Irak, en Somalie et en Afghanistan. Beaucoup de jeunes érythréens ont fui la conscription militaire, souvent décrite comme étant purement de l’esclavage.

Embarrassés par le nombre de morts, les dirigeants européens se sont engagés à prendre des mesures contre les trafiquants d’êtres humains, mais ils continuent à garder levé le pont-levis de la «forteresse-Europe». Mais ces ministres capitalistes ne peuvent pas si facilement se laver les mains de la responsabilité de cette crise, bien au contraire. Les interventions militaires des puissances occidentales au Moyen-Orient et en Afrique sub-saharienne ont créé une instabilité politique, alimenté la violence sectaire et disloqué les économies des pays touchés.

En 2011, des millions de pauvres, de travailleurs et de jeunes se sont révoltés dans de nombreux pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord contre l’appauvrissement et le manque de droits démocratiques. Dans certains cas, ce processus est parvenu à renverser des dictatures pourries et soutenues par les impérialistes, comme en Tunisie et en Egypte. Des mouvements similaires se sont développés contre le régime de Kadhafi en Libye et contre celui de Bachar al-Assad en Syrie, et ailleurs dans la région. Mais en l’absence d’une alternative socialiste de masse développée sur base de la force indépendante de la classe des travailleurs, ces révolutions ont été bloquées et la contre-révolution, assistée par l’impérialisme, a temporairement réussi à prendre le dessus.

Sans surprise, les conditions de vie cauchemardesques ont forcé des millions de personnes à devenir des réfugiés, à l’intérieur de leurs pays d’origine ou à l’extérieur, à la merci de trafiquants d’êtres humains riches, puissants et impitoyables. Ceux qui parviennent à atteindre le rivage européen sont souvent confrontés à un avenir précaire et incertain. Beaucoup finissent dans des centres et des camps de réfugiés surpeuplés et souvent violents en Grèce, en Italie et ailleurs. Ils sont souvent pris pour cible par des groupes d’extrême-droite et par des politiciens de droite qui les instrumentalisent comme boucs émissaires des échecs économiques du capitalisme.

Comme les anciens partis sociaux-démocrates ont adopté des politiques ouvertement capitalistes, il n’y a pas de grands partis pour soutenir et défendre les droits des demandeurs d’asile et contrer les nombreux mensonges développés dans les médias à leur sujet. La défense du droit d’asile s’inscrit selon nous dans la droite ligne de la lutte contre l’austérité capitaliste et pour l’application de politiques véritablement socialistes.

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