La lutte continue contre les exclusions de chômeurs !

stop_art_liege_demoLa logique dominante actuelle vise à individualiser les problèmes sociaux, à tenter de convaincre chacun qu’il est le seul responsable de sa situation. Dans le domaine du chômage, le raisonnement est poussé jusqu’à l’absurde, comme l’illustre l’Article 63§2 qui limite dans le temps les allocations de chômage dites d’insertion.

Par Nicolas Croes

Cette mesure profondément antisociale a été votée sous le gouvernement Di Rupo, durcie sous celui de Michel et est entrée en vigueur le 1er janvier dernier. En janvier uniquement, 16.900 personnes ont été exclues de leur droit aux allocations de chômage en vertu de l’application de cet article. 35.000 personnes devraient être touchées en 2015 uniquement.

Comme vient encore de le dénoncer le centre universitaire anversois OASes (Ongelijkheid Armoede, Sociale Uitsluiting en de Stad), ‘‘Le marché du travail n’est pas adapté aux mesures actuelles. Les emplois manquent, ce qui fait que ce n’est pas la bonne mesure à adopter.’’ Effectivement, le nombre publié chaque mois de personnes partiellement ou totalement sans emploi – et donc disponibles sur le marché du travail – atteint en réalité plus de 900.000 personnes. Selon les chiffres publiés par les services régionaux de l’Emploi (Forem, Actiris, Vdab), ces personnes sont mises en concurrence pour un nombre d’emplois disponibles avoisinant les 40.000 postes de travail (12.000 en Wallonie, 8.000 à Bruxelles et 16.000 en Flandre en décembre 2014). Rendre les chômeurs responsables de cette situation n’a bien entendu aucun sens.

Les actions du 25 février

Le 25 février dernier, une journée d’action commune a pris place dans 7 villes du pays suite à un appel du Réseau Stop Art.63§2 (à Charleroi, Namur, Liège, Bruxelles, Anvers et Verviers) et du Comité contre les exclusions à La Louvière. Il s’agissait essentiellement de manifestations démarrant des CPAS pour se rendre au siège local de l’ONEM. L’idée était partie de Liège, notamment portée par la dynamique construite autour de l’Alliance pour des Alternatives à l’Austérité (AAA), un regroupement de divers organisations et individus lancé suite à un rassemblement anti-austérité devant le siège liégeois du MR en septembre dernier.

A Liège, Thierry Müller, du Réseau Stop Art.63§2, a notamment déclaré à la petite foule réunie pour la manifestation : « Cette mesure est injuste, cynique et absurde tant économiquement que budgétairement et moralement. Elle est d’autant plus contestable qu’elle est discriminatoire sur le plan des genres. Elle est d’autant plus inacceptable que le marché de l’emploi est exsangue et complètement dérégulé, n’offrant que de rares jobs, souvent sans saveur ni valeur, et qui en tout cas ne permettent jamais de quitter le régime du chômage d’insertion. Cette mesure est d’autant injustifiable que la Belgique est le 10e pays européen, le 17e mondial, le plus riche par habitant. Elle l’est d’autant plus qu’il y avait déjà 15% de la population belge qui survivait sous le seuil de pauvreté et que ce type de mesure d’austérité va exploser ce chiffre vers le haut, comme le démontrent les exemples grecs, espagnols, portugais ou irlandais. » Il a notamment conclu par ces mots: ‘‘le fondement même de ces mesures consiste à affaiblir le rapport de force des salariés en tant que classe.’’

C’est là que réside le véritable objectif de la mesure : instaurer une pression à la baisse sur les salaires et conditions de travail de tous. Les emplois précaires vont continuer à se développer, au grand plaisir des patrons qui seront gagnants sur tous les tableaux avec les réductions de leurs cotisations patronales, sous prétexte de les aider à créer de l’emploi. La Sécurité Sociale continuera à être détricotées. La voie est ainsi ouverte pour la limitation dans le temps de toutes les allocations de chômage.

Défendons notre sécurité sociale!

Ce dont nous avons collectivement besoin aujourd’hui est une campagne massive pour fédérer et unifier tous ceux qui sont attaqués et qui doivent résister. Le front commun syndical a fixé plusieurs balises pour son action contre le gouvernement Michel, et parmi elles la préservation d’une sécurité sociale fédérale forte, avec la défense des allocations de chômage, des pensions ou encore des soins de santé. Le retrait des mesures d’exclusion des chômeurs doit faire partie intégrante de ce combat.
Au-delà de cela, il nous faut dès maintenant défendre la solution de la réduction collective du temps de travail avec embauches compensatoires et sans perte de salaire, une mesure somme toute logique, mais qui ne pourra être réellement mise en œuvre au bénéfice des travailleurs qu’avec le contrôle démocratique des secteurs clés de l’économie.

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