Après une fête réussie à Gand, des manifestations contre les prochaines actions de Pegida?

La campagne antifasciste néerlandophone du PSL, Blokbuster, et les Étudiants de Gauche Actifs (EGA) ont mené une enquête durant la « Fête de la diversité » qui a illustré le large soutien pour l’organisation de manifestations.

diversiteit-300x200Ce lundi soir, Pegida Vlaanderen, dont l’ambition est de copier les mobilisations xénophobes organisées en Allemagne par le mouvement du même nom (dont l’acronyme signifie « Patriotes européens contre l’islamisation de l’Occident »), a réuni environ 200 racistes et membres de l’extrême droite à Gand. Parmi eux se trouvaient notamment Filip Dewinter (Vlaams Belang) ainsi que des militants du Voorpost. Au même moment, en périphérie du centre-ville, 400 antiracistes se sont retrouvés pour défendre un message positif de solidarité contre la haine et la division. L’organisation de jeunesse du PSL, les Étudiants de Gauche Actifs, ainsi que notre campagne antifasciste Blokbuster étaient bien sûr présents au rendez-vous.

Rapport de Michael (Gand)

Nous saluons le fait qu’une initiative ait été prise par Hart Boven Hard afin d’éviter que Pegida ne puisse occuper les rues sans la moindre réponse antiraciste. Sur base de l’intérêt des médias et d’une opposition limitée à ses actions, Pegida peut toutefois gagner de l’ampleur. Nous devons donc nous tenir prêts à réagir si Pegida développe la confiance d’organiser de nouvelles actions.

C’est dans ce cadre que les Étudiants de Gauche Actifs et la campagne Blokbuster ont diffusé une enquête parmi les participants à la « fête de la diversité ». Nous avons demandé aux antiracistes réunis comment ils estimaient préférable de répondre aux futures actions de Pegida. Nous avons proposé trois options :

• ne rien faire pour éviter que Pegida puisse bénéficier de plus d’attention;
• ré-organiser une fête de la diversité en périphérie du centre-ville afin de démontrer que plus de personnes se réunissent pour la diversité et contre la xénophobie;
• organiser une manifestation à travers le centre-ville pour illustrer que les habitants de nos communautés de font partie de la ville et refusent d’être montés les uns contre les autres et se réapproprient donc la ville, pour la majorité de la population.

Nous avons rempli 132 enquêtes. De ces 132 personnes, 78 ont indiqué préférer participer à une manifestation la prochaine fois, 48 estimaient nécessaire d’organiser une fête similaire à celle de ce lundi et 6 ont expliqué vouloir une nouvelle fête, mais cette fois-ci au centre-ville (bien que cela n’ait pas été explicitement proposé comme possibilité). 59,09% sont donc favorables à l’organisation d’une manifestation ; 36,36% à une fête de la diversité en dehors du centre-ville ; 4,54% pour une fête au centre-ville et 0% pour ne rien faire.

Nous soutenons l’idée défendue par la majorité des personnes ayant répondu à notre enquête. Nous pensons qu’il faudra organiser de bonnes mobilisations pour mettre la ville de Gand suffisamment sous pression afin qu’elle autorise la tenue d’une manifestation antiraciste non-violente. Cette manifestation peut par ailleurs être liée à une fête populaire avec musique, discours,…

A l’occasion de cette enquête, nous avons eu de nombreuses discussions très intéressantes et animées au sujet de Pegida, de ses origines, de la lutte antiraciste qui a été menée en Allemagne mais aussi sur l’alternative de société à défendre pour en finir avec le terreau sur base duquel peuvent croitre les idées xénophobes et réactionnaires.

Les discussions entre antiracistes ne doivent pas être limitées aux méthodes à utiliser mais aussi aborder en profondeur le contenu politique de chaque action. Une manifestation ou une fête de la diversité ne constituent pas une réponse concrète contre la douloureuse réalité : la diversité signifie malheureusement chômage, pauvreté et racisme pour beaucoup de personnes d’origine immigrée. Cela ne répond pas non plus en soi au désespoir, à la peur et à la pauvreté qui peuvent pousser certains dans les bras de l’extrême droite. La question centrale, c’est le programme de revendications à défendre pour instaurer une alternative aux divisions causées par l’austérité, le chômage et la casse sociale!

EGA et Blokbuster défendent une politique de gauche basée sur le partage du temps de travail, l’expansion des services publics et sociaux, l’accès garanti à un enseignement gratuit et de qualité pour tous,… Nous sommes donc résolument opposés aux coupes budgétaires et à la politique d’austérité chers aux partis traditionnels (y compris le SP.a, au pouvoir à Gand). Cette politique assure qu’un groupe croissant de la population se retrouve en marge de la société, aliénés, et c’est sur cette base qu’augmente l’espace que peuvent investir toutes sortes de courants réactionnaires, qu’ils soient d’extrême droite ou fondamentalistes religieux. Intégristes religieux et néofascistes cherchent à semer la discorde parmi les travailleurs et leurs familles par la haine et le racisme. Seule une lutte unitaire destinée à améliorer les conditions de vie de chacun et à accorder à tous de bonnes perspectives d’avenir, indépendamment de leur origine, peut constituer une réponse au désespoir instrumentalisé par les réactionnaires.

Dans le cadre de cette lutte unitaire et solidaire pour une réelle alternative de société, nous pensons qu’une manifestation est de nature à donner un signal plus fort et est capable de mobiliser plus de personnes de toutes les communautés et de tous les coins d’une ville. Ce signal serait encore plus fort si la manifestation était liée à la défense de revendications réellement socialistes, bénéficiant à l’avenir de la majorité de la population.

Ne laissons pas l’extrême droite sentir que ses militants peuvent occuper les rues tranquillement. Nous ne devons pas accepter une nouvelle fois qu’un centre-ville soit occupé par l’extrême droite tandis que les antiracistes se réunissent en périphérie. Les manifestations et mobilisations de masse ont été couronnées de succès en Allemagne, où le mouvement Pegida a pu être stoppé. Dans les villes où une telle réaction n’a pas pris place, comme à Dresde, Pegida a pu gagner en confiance rapidement croitre jusqu’à plusieurs milliers de partisans.

Photos de Liesbeth

Photos de Jean-Marie

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