Les biocarburants, arnaque du siècle ?

Gaz à effet de serre, trou dans la couche d’ozone, bouleversements climatiques,… L’écologie, selon un sondage de la Commission Européenne, est la première prio-rité des Européens et principalement des Belges. Non sans raison. Pour tenter de résoudre le problème, plusieurs projets ont été mis sur pied dont les biocarburants, véritable avancée scientifique pour certains, phénomène de mode pour d’autres.

Par Florianne Meurant

Ces biocarburants sont obtenus à partir de blé, de colza, de maïs ou de canne à sucre. Une fois produits, les biocarburants sont mélangés à de l’essence ou du diesel. L’intérêt est qu’ils permettent de réduire la consommation de pétrole et la quantité de gaz carbonique rejeté dans l’air.

On peut toutefois se demander si les biocarburants sont aussi écologiques qu’on le prétend. Les processus de fabrication et de raffinage de certains carburants “verts” consomment ainsi autant d’énergie qu’ils ne permettent d’en économiser et favorisent la déforestation. La canne à sucre, dont le Brésil est le premier producteur mondial, peut servir de matière première aux biocarburants. Le problème est que la production ne permettra pas de répondre aux besoins actuels du marché : il faut non seulement la canne en tant que denrée alimentaire, mais aussi en tant que matière première pour les biocarburants et les terres cultivables ne sont pas illimitées. Il faut donc créer ces terres en rognant sur la forêt amazonienne.

L’engouement pour le bioéthanol provoque aussi une hausse des prix du maïs qui se répercute sur toutes les denrées alimentaires. Si le prix du maïs s’envole, tous les produits à base de maïs subiront le même sort (il y a déjà eu des émeutes à Mexico suite à l’envolée des prix du maïs). En plus, les stocks de céréales n’ont jamais été aussi bas depuis trente ans. Si cette inflation ne s’arrête pas, cela constituerait une raison supplémentaire pour amener les banques centrales à relever leur taux d’intérêt. En 1972, il y avait déjà eu une crise semblable : la montée des prix de l’alimentation avait accompagné celle du pétrole, plongeant les Etats-Unis, suivis par l’économie mondiale, dans la récession économique.

Les coupeurs de canne ont eux aussi du souci à se faire. Un travailleur brésilien produit 10 tonnes de canne par jour à lui seul. Pour le bioéthanol, on s’apprête à récolter un type de canne génétiquement modifié, plus légère car elle retient moins d’eau et, surtout, contient une plus grosse quantité de sucre. Génial! Oui, mais pas pour le travailleur. En effet, si la canne est plus légère, il devra en faucher le triple pour atteindre ses 10 tonnes journalières.

C’est maintenant clair, les indus-tries de biocarburants se retrouvent face à un dilemme. Certains de leurs dirigeants commencent a reconnaître que les biocarburants ne sont pas la solution idéale et placent leurs espoirs dans les biocarburants de la deuxième génération. La différence est que ceux-ci sont fabriqués à base de cellulose, sont plus rentables et plus écologiques, bien que les problèmes soulevés ci-dessus soient à peine atténués. De plus, le développement de cette nouvelle génération n’est pas encore arrivé à son terme. Les industries de biocarburant proposent, en attendant, de fonctionner avec les produits à base de maïs. Mais un patron accepterait-il de fermer son usine après y avoir investi des milliards? Et ce simplement pour des raisons de type écologique ?

On le voit, les biocarburants sont loin d’être la solution miracle au problème de la pollution automobile. Et, même si tous les problèmes qu’ils posent aujourd’hui étaient résolus et s’il est clair que rouler sans rejeter de gaz à effet de serre serait formidable, d’autres mesures essentielles s’imposent pour lutter contre la pollution et le réchauffement climatique. Il faut supprimer le commerce absurde des droits d’émission, rendre les services de transports publics gratuits et écologiquement propres, mettre en avant les réseaux ferroviaires ou maritimes pour le transport de marchandises, (les transports sont responsables de 14% de l’émission des GES, les gaz à effet de serre)… Mais surtout arrêter de culpabiliser le consommateur et plutôt s’en prendre aux industries (23% de l’émission de GES) et natio-naliser le secteur de l’énergie (24% de l’émission de GES).

Tout cela ne sera pas faisable tant que nous serons dirigés par des hommes politiques qui s’aplatissent devant les patrons et les actionnaires…

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