Entretien avec un secrétaire du Setca, interview réalisée par Wouter
Toute une série d’actions spontanées ont éclaté début mars dans les maisons de repos de l’entreprise Orpea. Pour la plupart des aides-soignants, la pression au travail est vraiment devenue intolérable. Ils revendiquent plus d’embauches et de meilleures conditions de travail. Nous en avons discuté avec Francis Stevens, secrétaire du SETCa – Bruxelles Halle Vilvorde.
Pourquoi les employés sont-ils partis en grève ?
‘‘La multinationale Orpea gère 58 homes en Belgique. Malgré plusieurs mois de négociations en vue d’obtenir un allègement du travail destiné à assurer de meilleurs soins et une meilleure assistance aux personnes âgées, la direction n’a pas voulu apporter la moindre solution. Elle a aussi refusé d’utiliser les subsides fédéraux (le fonds Maribel Social, visant à promouvoir l’emploi dans le secteur non-marchand) qui auraient permis de créer 22 emplois, parce qu’ils devaient avancer cet argent à l’avance. Cela n’a pourtant jamais posé problème dans les services subventionnés. La pression sur les travailleurs est intolérable, et ce sont les résidents qui en souffrent le plus. Au même moment, cette entreprise cotée en bourse a connu une énorme hausse de ses profits, avec une hausse de +20 % de la valeur de ses actions en l’espace d’un an (de 46,24 € le 21/01/2014 à 56,48 € le 23/01/2015).’’
Les moyens existent donc ?
‘‘Très certainement. Il s’agit d’une multinationale qui gagne beaucoup d’argent et qui a totalement les moyens de garantir des conditions de travail acceptables et les meilleurs soins à chaque personne âgée. Mais son intérêt est uniquement financier. C’est l’optimisation du profit qui justifie ses attaques contre les employés. Le profit provient en grande partie de l’exploitation du personnel.’’
Comment la grève a-t-elle été décidée ?
‘‘Après toute une série de négociations, la présentation d’un préavis de grève et une tentative de conciliation, rien n’a changé. Les travailleurs en ont eu marre et ont interrompu le travail. Des actions spontanées ont eu lieu dans une dizaine d’établissements.’’
Et ensuite ?
‘‘En ce moment, nous cherchons à sensibiliser chacun : les travailleurs, les résidents, leurs familles, afin que tout le monde comprenne bien ce qui se passe. Les actions vont se poursuivre jusqu’à ce que nous parvenions à une solution décente. On ne peut plus reprendre comme avant, tout le monde veut continuer !’’
Comment pouvons-nous montrer notre solidarité ?
‘‘Les employés d’Orpea auront besoin de votre soutien à chaque étape de la lutte. Les actions de solidarité peuvent permettre d’élargir l’ampleur des actions. Toute présence lors de nos actions sera un encouragement, surtout s’il s’agit de travailleurs ou de délégations de notre secteur.’’
Quelle est l’importance de votre mouvement pour le secteur social ?
‘‘La commercialisation des soins de santé a mené à de moins bonnes conditions de travail et à ce que les soins de santé deviennent moins facilement accessibles ; tout ça diminue la qualité globale. Nous devons donc nous opposer en masse à cette situation. Nous avons besoin de soins de santé publics et de qualité pour le futur. Tant pour les travailleurs que pour nos vieux jours à tout un chacun. Cela ne peut se faire que par un changement fondamental dans la société, pour donner le contrôle aux travailleurs et aux utilisateurs des services, pas aux patrons et aux actionnaires des multinationales.’’