Big Brother ne va pas empêcher le terrorisme

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La menace terroriste reste fixée au niveau 3 dans notre pays. Depuis, l’armée patrouille dans les rues d’Anvers, de Bruxelles et de Liège. Le gouvernement a aussi adopté 12 mesures antiterroristes que même l’Ordre du barreau flamand – qui n’est pourtant pas connu en tant qu’avant-garde de la résistance contre l’establishment – a qualifiées de menaces pour la vie privée. Le gouvernement fédéral a voulu se positionner sur le sujet, sans aucune véritable réponse contre la menace terroriste.

Par Geert Cool, article tiré de l’édition de mars de Lutte Socialiste

L’enquêteuse Marion Van San a conquis les médias et le parlement en expliquant que la radicalisation n’a rien à voir avec la position sociale. Elle a notamment affirmé que les combattants en Syrie ne sont pas forcément des jeunes sans perspectives d’avenir. Elle a ainsi immédiatement suggéré que la lutte contre l’exclusion sociale ne constitue pas une réponse face à la “radicalisation”. Les différentes couches sociales répondent différemment aux mêmes phénomènes et s’influencent mutuellement, ce qu’oublie Marion Van San. Le terrorisme est toujours principalement utilisé par des couches légèrement plus favorisées, surtout quand elles se sentent victimes de discrimination en raison de l’oppression ethnique, religieuse ou nationale et que leurs espoirs de promotion sociale sont brisés nets par la crise. Les déclarations de Van San ont directement été récupérées par la droite pour se débarrasser de toute responsabilité vis-à-vis des jeunes qui se laissent séduire par le désespoir terroriste.

Le gouvernement de droite dure pense pouvoir lutter contre le terrorisme grâce aux techniques d’écoute ou à la possibilité de déchoir quelqu’un de sa nationalité, même concernant des personnes nées en Belgique.

Le gouvernement veut s’en prendre à la “radicalisation” dans les prisons et les écoles. Il a pourtant fait la sourde oreille lorsque le personnel des écoles a participé aux actions syndicales fin de l’année dernière pour revendiquer plus de moyens et notamment renforcer l’accompagnement individuel des jeunes. Les actions syndicales ont même été condamnées par le gouvernement. Il n’en a pas été autrement avec le personnel des prisons qui réclamait plus de moyens pour sa sécurité et l’assistance aux prisonniers. Le gouvernement refuse d’investir dans des solutions collectives, il cherche au contraire à faire des économies.

Finalement, l’armée a été envoyée surveiller les rues de grandes villes. Les soldats s’étaient à peine positionnés dans le quartier des diamantaires d’Anvers que, le jour même, un Carrefour Express situé quelques centaines de mètres plus loin était dévalisé. Si l’armée ne parvient pas à stopper des bandits armés de simples couteaux, comment pourrait-elle nous protéger de terroristes armés ?

En déployant l’armée dans les rues et en livrant des explications très détaillées concernant la protection personnelle de politiciens comme Bart De Wever (parti skier accompagné de dix gardes du corps), la droite dure cherche à donner l’impression qu’elle a agi de manière ferme.

Il est vrai que les choses n’ont pas été aussi loin en Belgique qu’aux États-Unis après les attaques du 11 septembre 2001. Mais les mesures antiterroristes outre-Atlantique font tout de même réfléchir. Les États-Unis n’ont pas gagné en sécurité au cours de ces 14 dernières années, attaques terroristes et fusillades s’y produisent toujours. Un réseau d’espionnage à grande échelle a en revanche été instauré pour surveiller de façon permanente les simples citoyens américains. Comme si Big Brother pouvait arrêter le terrorisme…

Le danger grandit

Les nouvelles attaques à Copenhague à la mi-février confirment que le danger du terrorisme grandit. Ce n’est pas étonnant. La politique d’austérité assure qu’une part croissante de la population ne parvient plus à joindre les deux bouts. C’est d’autant plus le cas concernant les familles d’immigrés, y compris en Belgique.

Le dernier rapport de l’OCDE concernant la Belgique confirmait le fait que le taux de chômage des immigrés non-européens s’est accru au cours des cinq dernières années. En Europe, seules l’Espagne, la Grèce et la Turquie ont fait pire que la Belgique à cet égard. Et les personnes qui ont un travail ne l’ont souvent qu’à titre temporaire. Cette situation entraine un plus grand risque de pauvreté : parmi les immigrés en âge de travailler, ce risque est de plus de 40 %. L’enseignement ne parvient pas à réduire le fossé (1). L’OCDE recommande de s’attaquer à ce problème, mais cela ne fait malheureusement pas partie des priorités du gouvernement de droite.

À côté de ça, nous nous retrouvons entrainés dans des aventures à l’étranger, comme c’est le cas en Afghanistan, en Irak, en Libye ou en Syrie. On nous promet que ces interventions vont ramener la paix et le bonheur dans ces pays ravagés par la guerre et le chaos. Mais on se rend bien compte que tout cela n’a rien arrangé et que chaque intervention doit être suivie d’une autre. La guerre et le chaos sont toujours là et renforcent à présent le risque d’attaques terroristes dans notre propre pays.

Il faut un changement de société !

Pour mettre un terme à la menace terroriste et à la violence croissante, nous avons besoin d’un changement fondamental. Ce système dans lequel les très riches continuent à s’enrichir inexorablement aux dépens du reste la population conduit forcément à plus de violence. Il ne s’agit pas d’un problème individuel. Cela fait partie d’un tout, de la manière dont fonctionne ce système.

Une rupture avec la politique d’austérité par un investissement massif dans l’enseignement, dans le logement, dans les services publics et dans les infrastructures permettra également de créer beaucoup d’emplois. La réduction du temps de travail afin de répartir le travail disponible entre tous permettrait à chacun d’envisager des perspectives pour un avenir décent. Pour que cela se réalise, nous devons retirer le pouvoir des mains des super riches, ce qui est possible en plaçant les secteurs stratégiques de l’économie (banques et grandes entreprises) sous contrôle et gestion démocratiques de la collectivité, afin de pouvoir prendre notre propre destin en main.

La dictature des 1 % de riches ne nous offre que le malheur et l’insécurité. Nous refusons d’accepter cela comme une fatalité. Luttons pour une alternative socialiste, dans laquelle la priorité serait les besoins de la majorité de la population et au sein de laquelle les éléments de barbarie existants seraient totalement extirpés.

(1) OECD Economic Surveys Belgium. février 2015. http://www.oecd.org/eco/surveys/Overview_Belgium_2015_Eng.pdf

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