Le conflit en Ukraine se poursuit

ukraine_russieEn janvier dernier, le Fonds monétaire international (FMI) a promis 40 milliards de dollars à l’Ukraine. Mais il faudrait au moins deux ou trois fois cette somme pour remettre le pays à flot. D’autre part, cette prétendue aide est liée à des conditions terrifiantes. Ainsi, le prix du gaz va devoir augmenter de 280 %. Après l’accord avec le FMI, la ministre des Finances, Mme Yaresko, a déclaré que ‘‘Tout ce qui peut être privatisé sera privatisé’’.

Résumé d’un article de Rob Jones, Komitiét za rabotchiy internatsional (section russe du Comité pour une Internationale Ouvrière et organisation-sœur du PSL)

Pendant ce temps, la surenchère militaire se poursuit. L’Otan a renforcé sa présence dans la Baltique avec 3.000 soldats américains, des centaines de tanks, etc. Conformément à l’accord signé à Minsk à la mi-février, les deux camps ont affirmé avoir retiré l’artillerie lourde de la ligne de front. Mais les combats continuent en plusieurs endroits.

Les différences d’opinion entre les États-Unis et l’Union européenne se sont encore fortement exprimées avant les négociations. Les Américains voulaient voir un renforcement de l’armement dans l’ouest de l’Ukraine, mais Angela Merkel a refusé tout renfort en expliquant que cela ne ferait qu’encourager la Russie à envoyer encore plus de troupes. Toute une série d’entreprises européennes souffrent grandement des sanctions prises contre la Russie et des contre-sanctions avec lesquelles riposte Vladimir Poutine.

La disparition momentanée de Poutine – introuvable une dizaine de jours durant, même pour une rencontre programmée avec le Kazakhstan – a renforcé les rumeurs d’une lutte pour le pouvoir au Kremlin. Il est certain que des intérêts divergents sont en présence. Les entreprises russes qui perdent de l’argent à cause des sanctions et de la crise économique sont très mécontentes ; mais d’autres entreprises bénéficient de la dévaluation de la monnaie nationale (le rouble), ce qui leur permet d’exporter plus de marchandises à l’étranger. Certains pensent que la Russie a trahi les rebelles ukrainiens avec la signature du premier accord de cessez-le-feu en septembre 2014 tandis qu’une grande majorité de la population russe est opposée à toute intervention russe directe en Ukraine.

D’autres éléments pourraient indiquer une lutte au sein de l’élite. Ainsi, les services secrets russes (le FSB) ont annoncé qu’un groupe de Tchétchènes a été arrêté pour le meurtre de l’opposant libéral Boris Nemtsov. Cette annonce était en soi inhabituelle et il semble de plus que le principal suspect est un commandant des troupes spéciales du président tchétchène Kadyrov, fidèle partisan de Poutine. Plusieurs membres de ces troupes ont été impliqués dans les combats en Ukraine du côté des forces pro-russes. L’arrestation des Tchétchènes pourrait suggérer l’existence d’un conflit entre les services de sécurité et Kadyrov et, par extension, Poutine.

La situation en Ukraine n’est guère meilleure. Le président Porochenko a exclu toute décentralisation et a menacé de déclarer l’état d’urgence dans tout le pays au cas où l’accord de cessez-le-feu ne serait pas respecté. Ainsi, l’armée pourrait prendre tout le pouvoir dans le pays. Les personnalités les plus extrémistes au sein du gouvernement ukrainien, comme le Premier ministre Yatseniouk, sont pour une ‘‘mobilisation de l’armée’’ afin de ‘‘défendre la frontière’’.

Les politiciens libéraux et d’extrême-droite pro-occidentaux veulent poursuivre la guerre contre la rébellion à l’est du pays, mais la population est de plus en plus désespérée et de moins en moins enthousiaste pour ce conflit. À Ternopil, moins de la moitié des 14.000 personnes appelées pour entrer dans l’armée se sont présentées. La faiblesse de l’armée officielle fait que les ‘‘bataillons de volontaires’’, souvent contrôlés par l’extrême-droite, jouent un très grand rôle. La question reste posée de savoir dans quelle mesure le gouvernement de Kiev peut tenir ces bataillons sous son contrôle.

La guerre est loin d’être terminée. Les conséquences économiques vont se faire longtemps ressentir. En janvier, la production industrielle était de 21 % inférieure à celle de l’an dernier. À Donetsk, on enregistre une baisse de l’industrie de 49 % et à Lougansk, de 87 %. La faillite de l’économie ukrainienne est renforcée par le pillage de la Russie, même si cela ne contribue pas beaucoup à l’économie russe. On estime que le chômage va augmenter de 40 % cette année, tandis que des centaines de milliers d’immigrés d’Asie centrale retournent chez eux. L’activité du secteur du bâtiment à Moscou devrait diminuer de 30% cette année.

Tant que la situation sera dominée par les intérêts des oligarques et de leurs amis militaires, aucune solution durable ne sera possible pour l’Ukraine. Même si les négociations pour la paix peuvent être réactivées et conduire à un troisième accord de cessez-le-feu à Minsk, la pauvreté, la corruption et le désespoir seront toujours là. En outre, la Russie et l’Otan continuent à s’opposer dans toute la région. Seul un mouvement de masse sous la direction d’un parti des travailleurs indépendant pourra faire dégager les régimes autoritaires de la région et amener au pouvoir un gouvernement des travailleurs poursuivant une politique socialiste afin de partir des besoins réels de la majorité de la population.

Partager :
Imprimer :

Soutenez-nous : placez
votre message dans
notre édition de mai !

Première page de Lutte Socialiste

Votre message dans notre édition de mai