Avant-hier, les trois délégués FGTB-Horeca et 6 autres ouvriers de l’atelier traiteur Grains Noirs à Molenbeek ont appris par sms qu’ils étaient licenciés pour faute grave. Ce sont des ouvriers avec de 8 à 15 années d’ancienneté. Ensemble, ils ont plus de 100 ans d’expérience de métier. Les ouvriers concernés ont ensuite reçu un coup de téléphone pour leur dire qu’il ne fallait pas se présenter le lendemain. Parallèlement, 21 autres ouvriers ont reçu un dernier avertissement. Cela fait donc 30 ouvriers sur 35 ! Il faut oser le faire.
Par Eric et Rachid (Bruxelles). Photos : PPICS
Le patron prétend qu’en regardant les 24 caméras installées à l’intérieur de l’entreprise, il a vu les ouvriers manger, donc voler de la nourriture, et ne respectant pas les normes d’hygiène. Selon les ouvriers, c’est juste une excuse. En fait, ils ne sont pas seulement obligés de goûter, mais en plus, lorsqu’il y a beaucoup de boulot, le patron lui-même les fait manger à la chaîne. En ce qui concerne l’hygiène, les ouvriers considèrent l’argument comme insultant.
Grains Noir a beaucoup de clients, mais les principaux sont Delhaize et Pain Quotidien. La livraison chez ces deux entreprises est à l’arrêt depuis hier matin. Aujourd’hui, ils étaient une trentaine à bloquer l’entreprise. Finalement, la direction a acceptée de négocier. Nous ne connaissons pas les détails, mais elle aurait proposé d’annuler les licenciements des délégués pour montrer qu’elle n’était pas dans une manœuvre anti-syndicale. Les 6 autres licenciés recevraient leur C4, tout en abandonnant l’accusation de faute grave.
Loin d’illustrer la bonne volonté de la direction, cette proposition démontre surtout que ses avocats ont dû lui dire qu’elle avait dépassé les bornes et qu’il fallait essayer de s’en sortir. Evidemment, les syndicats n’ont pas accepté cette proposition. Même si la CSC n’a pas de délégués sur place, son permanent a soutenu les actions et est venu sur place exprimer sa solidarité. Face à une direction qui essaye de diviser, c’est ensemble que nous devons réagir. La direction menace de faire appel à des huissiers à partir de demain. A suivre attentivement.