Le pape Benoît XVI condamne le capitalisme : « Nous devons choisir entre la logique du profit et la solidarité »

Les patrons italiens ont dû avaler leur café de travers ce matin en lisant leur journal « Il Corriere della Sera » ce lundi 24 septembre : le quotidien relate un discours fait par le pape Benoît XVI ce week-end, qui porte ses accusations contre le capitalisme et la logique du profit.

Cédric Gérôme

Le pape souligne que le capitalisme produit « de graves injustices lorsque prévaut la logique du profit. ». « L’émergence de la faim et des problèmes écologiques, poursuit-il, l’illustrent avec une évidence croissante ». Le pape invite à « reconsidérer le capitalisme comme l’unique modèle valide d’organisation économique ». Il met en garde contre le risque d’une « exploitation débridée de la planète, et d’une augmentation de la disproportion entre les riches et les pauvres que la prédominance de la logique de profit contribue à générer ».

Si pour Benoît XVI, « une décision fondamentale est devenue nécessaire : le choix entre la logique du profit comme critère ultime de notre action ou la logique du partage et de la solidarité », il nuance tout de même par la suite ses propos : « La logique du profit et celle de la distribution des richesses ne sont pas en contradiction l’une avec l’autre, pour autant que leurs rapports mutuels soient bien ordonnés » ; il ajoute que « le profit est naturellement légitime, et dans une juste mesure, nécessaire au développement économique. » On ne peut manquer de cerner là une certaine ambiguïté dans ses propos. De même, on peut difficilement être d’accord avec lui lorsqu’il déclare : « La doctrine catholique a toujours soutenu l’égale distribution des biens comme une de ses priorités. »

Ne nous y trompons pas : les autorités ecclésiastiques supérieures tel le Vatican se sont toujours rangés du côté des riches et des puissants, usant de leur influence pour promouvoir les forces politiques les plus réactionnaires. L’appui du Vatican au régime fasciste de Mussolini n’en est qu’un illustre exemple. Ceux qui pourraient voir dans les positionnements du chef actuel de l’Eglise catholique un « souffle à gauche » de la part du Vatican doivent se remmémorer que Benoît XVI affiche –avec nettement moins d’ambiguïtés- des positions allant à l’encontre des pratiques homosexuelles et de l’avortement, défend le célibat des prêtres et le non-accès des femmes au sacerdoce. Le nouveau pape entretient en outre des liens étroits avec les factions ultra conservatrices au sein de l’Eglise catholique, telle l’Opus Dei. Lors de son entretien avec Georges Bush à la Maison-Blanche, le pape avait salué « la parfaite entente » que les deux hommes partageaient sur la politique américaine au Liban et en Afghanistan…

Alors, le pape, « anti-capitaliste » ? Disons plutôt que la recherche croissante d’une alternative à l’impasse du système capitaliste actuel parmi des couches de plus en plus larges se répercutent sur le positionnement de certains éléments de la hiérarchie catholique. Certains membres éminents des classes dirigeantes veillent elles aussi à mieux « emballer socialement » leurs discours…On se souvient par exemple des références que le président français Sarkozy avait lui-même osé pendant sa campagne électorale à Jean Jaurès ou Antonio Gramsci (ancien membre dirigeant du Parti Communiste Italien). Le caractère anti-ouvrier de sa politique n’est pourtant plus à démontrer… Sans doute le plus à déplorer dans cette histoire est que les discours du Pape se positionnent aujourd’hui plus à gauche que ceux de la direction du Parti de la Rifondazione Comunista.

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