Contre la haine et la terreur : la solidarité !
Depuis quelques années, la position de l’Association des étudiants nationalistes (Nationalistische Studentenverenigin, NSV) en tant que plus importante organisation d’étudiants d’extrême droite est mise sous pression. Le déclin électoral du Vlaams Belang, ‘‘parti-père’’ de la NSV, pousse les jeunes réactionnaires ambitieux vers d’autres horizons. Cela ne rend pas pour autant le Vlaams Belang ou la NSV moins dangereux. Après tout, plusieurs pays proches du nôtre ont connu une recrudescence de l’extrême droite alors qu’elle semblait abattue. Les possibilités de faire carrière au VB étant plus restreintes, certains militants sont plus enclins à trouver leurs références parmi des organisations plus radicales comme Aube Dorée (Grèce) ou le Jobbik (Hongrie).
Par Jeroen (Gand)
Une marche annuelle de la haine, une fête pour l’extrême droite
Des années durant, la NSV a fait office d’organisation étudiante officieuse du Vlaams Belang. Son statut de cercle étudiant non-officiellement lié au VB lui permettait d’aller souvent au-delà de ce qui était possible pour le ‘‘parti-père’’et ses visées électorales. Le nouveau président du VB, Tom Van Grieken, a lui aussi fait ses premiers pas à la NSV. En 2007, il s’est retrouvé à la tête du groupe de membres de la NSV qui a physiquement attaqué des militants de notre campagne antifasciste flamande Blokbuster menant campagne à Anvers. Il a également invité des figures ouvertement néonazies comme Udo Voigt (NPD, Allemagne) et Nick Griffin (BNP, Grande-Bretagne) à prendre la parole lors de meeting à Anvers.
Pour tout le spectre de l’extrême droite, la marche annuelle organisée par la NSV est un grand jour. L’évènement est un rendez-vous récurant des militants de groupuscules néonazis tels que le N-SA, Blood & Honour, Nation, les Nationalistes Autonomes,… Cette année encore, ils marcheront tous côte à côte avec les dirigeants du Vlaams Belang.
Cette fois, le prétexte derrière cette mobilisation d’extrême droite est: ‘‘Pour une armée européenne, stop à la machine de guerre de l’OTAN’’. Ceci n’est qu’un paravent qui servira juste à la diffusion de slogans contre les réfugiés (et tant pis si, dans de nombreux cas, ce sont des victimes de guerres…), contre les immigrés, contre les syndicalistes ou contre les militants de gauche.
Ne leur laissons pas la rue!
Certains militants de gauche ont déjà soutenu qu’il fallait tout simplement ignorer l’extrême droite ou se limiter à des actions purement symboliques. Nous nous opposons à cette stratégie nuisible. La NSV & Co considèrerait l’absence de contre-manifestation comme une grande victoire et comme une invitation à aller plus loin, notamment par le recours à la violence physique. Ce fut en effet le cas en 1997, à Anvers, la dernière fois qu’une contre-manifestation n’a pas été organisée. Dans ces cercles, la violence xénophobe, homophobe, etc. est considérée telle la cerise sur le gâteau d’une soirée agréable.
Une campagne active contre ces réactionnaires avant leur rassemblement et pendant celui-ci instaure une pression qui permet de les isoler en rendant plus difficile à assumer le fait de les rejoindre. Organiser une large mobilisation antifasciste au moment même de leur marche limite leur espace. Plus grande est cette contre-manifestation, plus limité est l’espace pour la NSV & Co.
Quelle riposte?
Le rédacteur en chef du quotidien flamand De Morgen, Yves Desmet, a déclaré que ‘‘l’hécatombe’’ électorale du Vlaams Belang constitue la ‘‘réalisation majeure’’ de la N-VA. La droite ‘‘acceptable’’ est la meilleure réponse à opposer à l’extrême droite, selon le philosophe Ludo Abicht (université d’Anvers) : ‘‘J’ai été sympathisant du Front antifasciste et de Blokbuster ainsi que de tous les mouvements de gauche qui ont essayé en vain de lutter contre le Vlaams Blok. En même temps, j’ai toujours défendu que la seule manière de bloquer le vent qui souffle dans les voiles du Blok serait le développement d’un parti flamand nationaliste conservateur, mais démocratique.’’
Ils se trompent lourdement. La droite ‘‘acceptable’’ rend l’extrême droite acceptable. À la suite des attentats de Paris, la N-VA a directement réagi en criminalisant toute la communauté musulmane. Le cercle catholique réactionnaire KVHV, où milite le fils du ministre de l’Intérieur Jan Jambon, a ouvertement déclaré qu’il soutient les protestations de type ‘‘Pegida’’ (inspirées par le mouvement du même nom en Allemagne) alors que ce sont très clairement des actions anti-immigrés. Faut-il reprendre la rhétorique de l’extrême droite pour lutter contre elle ? Tirons les leçons de l’exemple français. La droite ‘‘acceptable’’ dirigée par Sarkozy avait elle aussi ‘‘décimé’’ le Front National. Lorsque la cote de Sarkozy a commencé à décliner – un destin qui attend également la N-VA – le FN de Marine Le Pen a su s’attirer un soutien tel qu’il n’en avait jamais connu. Un développement similaire est possible en Belgique, avec le VB actuel ou non.
L’extrême droite répond à la menace terroriste par la diffusion d’un message de haine anti-immigré. Nous condamnons le terrorisme qui a touché Paris, Copenhague et ailleurs. Mais les politiciens néolibéraux n’ont aucune solution à offrir, car eux aussi tombe rapidement dans la logique de stigmatisation et la politique de diviser pour régner. La seule façon d’éviter que des jeunes perdent tout lien avec la société et recherchent un sens à leur existence dans le fondamentalisme religieux, c’est de leur donner des perspectives dignes de ce nom. La politique d’austérité a très exactement l’effet inverse. Les économies budgétaires frappent l’enseignement alors que le secteur est depuis longtemps fortement sous-financé, tandis que le gouvernement fédéral investit dans l’achat de nouveaux avions de chasse F35 pour que la Belgique puisse ‘‘efficacement’’ participer aux interventions impérialistes au Moyen-Orient. Est-il étonnant que de plus en plus de jeunes réagissent contre cet establishment politique hypocrite?
Pour une lutte unitaire et une alternative de gauche
Face à la haine et à la logique de division de l’extrême droite et face aux mouvements fondamentalistes islamistes, nous devons défendre une alternative de gauche. Pour faire avaler sa politique antisociale, l’establishment a tout intérêt à diviser la population. Cela ouvre un espace aux réactionnaires qui instrumentalisent les préjugés. Soyons clairs : ce ne sont ni les immigrés ni les musulmans qui s’en prennent à nos conditions de vie : c’est l’œuvre des 1% les plus riches et des banquiers.
Une lutte unitaire contre l’austérité et pour une alternative au capitalisme est la seule capable d’offrir une issue. C’est ce que nous défendrons le 12 mars lors de la manifestation anti-NSV. Participez, vous aussi !
Manifestation Anti-NSV, 12 mars, 19h, Ledeganckstraat – Gand. Contactez-nous pour les rendez-vous locaux.