Le CD&V tente de démontrer le contraire, mais le gouvernement Michel ne cherche pas à parvenir à des accords. Il veut forcer le passage et modifier le rapport de forces. Ce gouvernement doit être balayé, lui et toute la politique d’austérité. Cela exige un deuxième plan d’action, plus massif et plus dur que le précédent.
Tract du PSL // Tract en version PDF
Le premier plan d’action a fait vaciller le gouvernement. Fin décembre, les partis gouvernementaux avaient perdu 6% dans les sondages, la NV-A 4% à elle seule. Plus de 70% de la population se prononçaient contre le saut d’index et l’augmentation de l’âge de la pension à 67 ans. Le Knack et VTM parvenaient à la conclusion que 85% des Flamands veulent un impôt sur le patrimoine supérieur à 1 million d’euros, 91% des électeurs du CD&V et même 78% de ceux de l’Open VLD et de la N-VA.
Les dirigeants syndicaux devaient discuter de la suite le 16 décembre. Notre attente était fébrile : le gouvernement n’avait plus besoin que d’un petit coup de pousse pour tomber. Certains réclamaient une grève « au finish ». En raison du potentiel conséquent encore inexploité, le PSL appelait à un deuxième plan d’action aboutissant à une grève de 48 heures reconductible. Mais les dirigeants syndicaux ont reporté toute annonce jusqu’au 6 janvier, puis jusqu’au 30, la CSC même au 10 février. A la demande du patronat et du CD&V, il fallait encore laisser une chance aux négociations. Le moment a été gâché.
Patrons et gouvernement, eux, n’ont pas laissé passer leur moment
Grâce aux réactionnaires profonds de l’Etat Islamique, Michel a pu restaurer l’image de son gouvernement faible et divisé, particulièrement après l’opération anti-terroriste de Verviers. De nouveaux sondages l’ont illustré, la N-VA récupérant ainsi 2,5%. Patrons et gouvernement ont saisi l’occasion : aucune augmentation salariale en 2015, une hausse de 0,8% brut en 2016 et, pour la énième fois, l’enveloppe pour les allocations sociales les plus basses. Impossible d’arracher plus au groupe des 10. N’importe qui mourrait de honte dans le contexte des scandales de Luxleaks et Swissleaks, mais pas les patrons et le gouvernement.
Juste avant que prenne place le vote concernant l’accord social au Conseil national de la CSC, le ministre des Finances Van Overtveldt (NV-A) a balayé la dernière illusion : « le tax shift ne peut être rien d’autre qu’une augmentation de la TVA. » Depuis, pas un jour ne passe sans que les partis gouvernementaux n’annoncent vouloir limiter le chômage dans le temps, remettre au travail les malades de longue durée, supprimer l’exemption de recherche d’emploi pour les chômeurs soignant un proche malade, obliger les prépensionnés à être disponibles sur le marché de l’emploi, indexer les loyers, sanctionner les patrons qui ne respectent pas la norme salariale et le saut d’index, etc. Ils exigent simultanément « deux ans de paix sociale » ou au moins de ranger l’arme de la grève. Cela s’ajoute au service minimum qu’ils veulent imposer dans le rail, les prisons et les aéroports pour commencer.
Aucun accord sans solution pour chacun ?
A l’automne, les dirigeants syndicaux ont appelé à suivre attentivement les mots d’ordre. Une action concertée et coordonnée est en effet bien plus efficace que si chacun suit son chemin. Maintenant toutefois, nous avons l’impression que les dirigeants syndicaux organisent le chaos. La CSC a ouvert la porte à un fouillis d’accords séparés. A la satisfaction du patronat et du gouvernement, Jorissen (président de l’ABVV-metaal) et Dedeyn (président du SETCa) ont estimé que le saut d’index ne valait pas une grève, sans consulter la base de leurs centrales ou le sommet de la FGTB. Entendrons-nous bientôt qu’il ne faudra pas faire grève contre le saut d’index parce que sinon nous pourrions mettre en danger l’accord partiel sur les prépensionnés ? Au lieu de faire ce que nous attendons tous de nos délégués – ne pas signer d’accord tant qu’il n’y a pas de solution pour tout le monde – la menace est devenue réelle que, bientôt, ce sera chacun pour soi.
Si les accords séparés ne sont pas un problème pour le front commun, pourquoi le passage à l’action le serait-il?
Cette concentration et celle des services publics le 19 mars représentent un bon élan, mais cela doit-il vraiment toujours être discuté dans les coulisses tandis que la base en est réduite à devoir deviner ce qui se passe ? La force du plan d’action précédent résidait précisément dans le fait que chaque rendez-vous était connu bien à l’avance, avec du bon matériel d’information et de mobilisation. Les réunions interprofessionnelles ont aidé à la préparation. Lors des réunions du personnel, les délégués savaient ce qu’ils avaient à soumettre. Maintenant, ils ne savent même pas où ils en sont.
Nous ne sommes pas vraiment chauds pour ça, mais signer un accord séparé et pourtant maintenir le front commun syndical, est apparemment possible. Pourquoi cela ne s’appliquerait-il pas également à un appel à l’action ? En vertu de quoi une initiative prise par la FGTB ou la CSC en attendant que l’autre syndicat rejoigne signifierait de rompre le front commun ? Pourquoi ne serait-ce pas possible d’organiser des manifestations provinciales conjointes la première semaine d’avril, de préférence avec grève pour les deux grands syndicats, mais s’il le faut avec grève pour l’un et pas pour l’autre ? Pourquoi suggérer la tenue d’une nouvelle manifestation nationale en front commun annonciatrice d’une grève générale de 48 heures quelque part autour du 1er mai devrait signifier la cassure du front commun ?
Il y a un problème de démocratie. La direction syndicale ne communique pas directement, mais à travers les médias, qui laissent invariablement un politicien de la majorité et un représentant du patronat développer leurs «interprétations». Pourquoi ne sommes-nous consultés que lorsque tout a été décidé ? Nous sommes ainsi obligés d’être d’accord, faute de quoi nous mettons ouvertement en question la direction qui s’est déjà prononcée dans la presse. Nous savons tous que cela nous affaiblirait.
Il nous faut une alternative politique
Retrait du saut d’index et liberté de négociations salariales, une sécurité sociale forte et une bonne protection sociale, maintien et renforcement des services publics sans toucher au statut des fonctionnaires et une fiscalité plus juste : sans ce minimum, selon les directions syndicales, il n’était pas question d’accord. Plus tard s’est également ajoutée la revendication du retrait de la mesure d’exclusion des chômeurs des allocations dites d’insertion. Alors que le gouvernement a immédiatement fait comprendre que cela était hors de question, les dirigeants syndicaux ont tout de même pris leur place à la table de négociation. Pourquoi donc ? Parce qu’eux-mêmes ne croient pas en l’existence d’une alternative. Ils espèrent obtenir bien plus d’écoute d’un gouvernement comprenant les chrétiens et sociaux-démocrates, mais ils savent que ceux-là aussi estiment qu’il faut travailler plus longtemps, que nos salaires sont trop élevés et qu’il faut attirer les investisseurs avec des cadeaux fiscaux. Faut-il vraiment nous tourner de nouveau vers Di Rupo pour que la N-VA ou des populistes pires puissent ensuite encore instrumentaliser la désillusion consécutive à ses politiques ?
Nous ne savons pas encore dans quelle mesure le gouvernement grec tiendra bon, mais il y a quelques années, SYRIZA faisait moins de votes que le Parti Communiste. Ils ont cependant offert aux communistes et à d’autres groupes de la gauche radicale de lutter ensemble pour une majorité anti-austérité. Aujourd’hui, dans les sondages, SYRIZA obtient 47%, une augmentation de 11% depuis les élections de janvier! La FGTB de Charleroi & Sud-Hainaut appelle depuis plusieurs années à rompre avec les chrétiens-démocrates, les sociaux-démocrates et les Verts pour réunir ce qui se trouve à leur gauche dans un parti de lutte large, démocratique et inclusif qui respecte tous les participants. Le PTB-GO constituait une première étape dans cette direction, mais c’est déjà fini. Le PSL reste disponible pour poursuivre ces discussions avec ceux qui le souhaitent.
Le PSL défend :
- Rétablissement total de l’indexation, négociations salariales libres et salaire minimum de 15 euros bruts de l’heure !
- Pas de sape des contrats de travail pour la sous-traitance, le recours à l’interim ou d’autres boulots précaires !
- Bas les pattes du statut des fonctionnaires ! Aucun démantèlement des services publics ! Aucune privatisation ou libéralisation ! De l’insourcing au lieu de l’outsourcing !
- Bas les pattes de nos pensions. Maintien de la prépension et de la retraite anticipée!
- Augmentation des pensions à minimum 75% du dernier salaire avec un minimum de 1500 euros par mois!
- Stop à la chasse aux chômeurs ! Pas de dégressivité, pas de service obligatoire à la communauté, mais la répartition collective du temps de travail vers les 32h/par semaine sans perte de salaire !
- 85% des Flamands sont favorables à un impôt sur les fortunes supérieures à un million d’euros. Nous soutenons cela et souhaitons y coupler la nationalisation sous contrôle démocratique du secteur financier pour éviter la fuite de capitaux.
- Nationalisation des secteurs clés de l’économie sous contrôle démocratique par la collectivité !
- L’économie de marché chaotique et la course aux profits n’assurent pas de garantie pour l’emploi. Pour une économie planifiée démocratiquement gérée et contrôlée par la collectivité dans le cadre d’un socialisme démocratique !