Ce 8 mars, nous fêterons la Journée Internationale des Femmes. L’origine de cette journée remonte à l’année 1908 et à une grève de 3 mois des ouvrières du textile de New-York pour exiger l’instauration de la journée des huit heures, de meilleures conditions de travail et le droit de vote.
Par Morgane (Charleroi)
La première véritable Journée Internationale des Femmes fut célébrée en 1911, mais cette date n’a pris son véritable sens qu’en 1917, lorsque les femmes descendirent dans la rue en Russie afin de réclamer du pain et la paix. Elles constituèrent le moteur du début de la Révolution russe. En 1922, l’Internationale Communiste lança un appel pour qu’une date fixe soit choisie, le 8 mars s’imposant dès lors comme date permanente.
Pendant de nombreuses années, les organisations ouvrières ont mobilisé les femmes en assurant que cette journée soit un rendez-vous de lutte. Aujourd’hui, l’évènement ressemble plus à une “fête des Mères” durant laquelle des associations offrent des fleurs aux femmes dans la rue.
Quel est le sens du 8 mars à l’heure actuelle ? Devons-nous remettre la lutte à l’ordre du jour ou les femmes ont-elles déjà tout obtenu ?
Les limites du féminisme bourgeois et du post-féminisme.
Dans les années ‘60 à ‘70, le féminisme bourgeois représentait le modèle dominant, notamment autour du célèbre principe de la parité femmes-hommes dans les postes à haute responsabilité. Ces féministes pensaient, par exemple, que l’ensemble des femmes bénéficierait de l’élection de l’une d’entre elles. Ce postulat a montré ses limites dans les années ‘80 quand Margaret Thatcher est arrivée au pouvoir en Grande-Bretagne. En dépit de son genre, elle a lancé une terrible offensive contre les femmes, notamment au travers du carnage opéré dans les services publics.
Un représentant de la classe dirigeante répondra aux exigences de sa classe, qu’importe son genre. Cela ne signifie toutefois pas pour autant que disposer d’une femme élue à un poste important ne sert en rien la cause des femmes, car cela peut aider à soulever la confiance des autres. Mais toutes les femmes ne luttent pas pour les mêmes intérêts.
Dans la plupart des pays capitalistes développés, le post-féminisme a fait suite au féminisme bourgeois dans les années ‘90, autour de l’idée que les femmes étaient parvenues à arracher les droits nécessaires pour obtenir l’égalité hommes-femmes. Seul manquait pour y parvenir un changement de comportement des femmes elles-mêmes : elles avaient à saisir les opportunités s’offrant à elles et tout faire pour réussir dans la vie.
Alors oui, c’est vrai, nous avons obtenu le droit de voter, d’aller travailler, d’avoir accès aux études, de divorcer ou encore d’avorter. La discrimination est, de plus, interdite par la loi. Mais à chaque période de récession économique, les femmes en sont les premières victimes, de manière directe et indirecte. Le changement individuel de comportement est impuissant face à la politique d’austérité.
Une austérité calamiteuse pour les femmes
Ces trente dernières années, les politiques antisociales et néolibérales ont érodé les conquêtes sociales des femmes. Depuis la crise économique de 2008, l’ampleur et le rythme de l’offensive se sont accrus.
La mesure du gouvernement Di Rupo concernant les exclusions des allocations de chômage dites d’insertion représente, par exemple, une attaque frontale contre les femmes puisqu’elles représentent 65 % des exclus de ce 1er janvier 2015. Nombre d’entre elles ne disposeront plus d’aucun revenu puisqu’elles sont majoritairement cohabitantes et que, dans ce cas entre autres, les CPAS ne leur accorderont rien. Elles dépendront donc entièrement de leur conjoint pour disposer d’argent.
Lorsque les autorités décident de réduire le budget des services publics, c’est une fois de plus les femmes qui supportent la majeure partie du choc, étant à la fois surreprésentées comme travailleuses dans le secteur public et ses principales utilisatrices. Le cas des crèches publiques est particulièrement préoccupant : les places disponibles se réduisent, tandis que leurs équivalents dans le privé sont inabordables pour toute famille à faible revenu. Les femmes n’ont donc bien souvent d’autre choix que de diminuer leur temps de travail ou de renoncer à un emploi rémunéré.
Les mesures du gouvernement Michel suivent la même logique. Ainsi, s’il faut prouver 45 ans de carrière pour avoir droit à une pension complète à 67 ans, les trois quarts des travailleuses en seront incapables. Cette situation sera encore aggravée si le projet de ne plus comptabiliser les périodes assimilées (congé de maternité, chômage temporaire, congé parental,…) est adopté.
Réduction du temps de travail et lutte pour le socialisme
En Flandre, un débat sur la réduction du temps de travail a fait suite aux déclarations patronales favorables aux 40 heures de travail par semaine et à une déclaration de Monica De Coninck portant sur le fait que les femmes doivent favoriser les emplois à temps plein au lieu du temps partiel. Femma (l’équivalent néerlandophone de Vie Féminine) a réagi en défendant l’instauration de la semaine des 30 heures sans perte de salaire et avec embauches compensatoires pour que les femmes (et les hommes) puissent vraiment s’épanouir.
La répartition du temps de travail disponible entre tous et toutes, avec embauches compensatoires, réduction des cadences et sans perte de salaire est une revendication historique du mouvement des travailleurs, que le PSL défend également afin de lutter, entre autres, contre le chômage de masse. Mais n’ayons aucune illusion, la classe dirigeante capitaliste n’acceptera jamais ce principe, car cela équivaudrait à diminuer leurs profits, chose impensable à leurs yeux.
Le capitalisme repose sur l’oppression et l’exploitation de la classe des travailleurs, ce qui entraine de facto la perpétuation de l’oppression des femmes. Poser les bases matérielles pour une libération de la femme nécessite de se détacher de ce système et de lutter pour une véritable société socialiste démocratique.
Les femmes ont encore beaucoup à gagner avant de pouvoir parler de réelle émancipation : la Journée Internationale des Femmes doit rester un rendez-vous combattif. À cette occasion, le PSL organise une journée de discussions et de débat au sujet la lutte pour les droits des femmes. Il sera notamment question du débat sur la réduction du temps de travail à 30 heures par semaine. Vous êtes toutes et tous les bienvenus !