Si Carrefour, fort de sa présence dans 29 pays, est le n° 2 mondial de la distribution, la multinationale américaine Wal-Mart en est le n°1 incontesté et est même devenue en 2003 la première entreprise mondiale, toutes catégories confondues. Son chiffre d’affaires est aujourd’hui supérieur à celui de 150 pays dans le monde !
Le premier magasin Wal-Mart est né en 1962 dans l’Arkansas, un des Etats ruraux et délaissés des USA. Pendant trente ans, la firme a assis son influence aux USA, écrasant méthodiquement ses concurrents, avant de partir en 1992 à l’attaque du Canada et de l’Amérique Latine, puis de s’implanter en Chine, en Allemagne et en Grande- Bretagne. Si Carrefour est présent dans plus de pays (29 au total), Wal- Mart dispose d’une « arme de distribution massive », à savoir ses 100 millions de clients aux Etats-Unis qui se reconnaissent dans son slogan « everyday low prices » (les prix les plus bas chaque jour).
Et, de fait, ses prix sont en moyenne 14% plus bas que ceux des concurrents. Comment est-ce possible ? Grâce au « modèle « Wal-Mart » qui rend les concurrents malades de jalousie… et qui, surtout, est de plus en plus copié par les autres multinationales.
Le point de départ, ce sont des salaires bas, pour les 1,3 millions d’employés de la firme aux USA et surtout pour ceux de ses innombrables sous-traitants. Car Wal-Mart sous-traite de plus en plus et délocalise de plus en plus loin. Une partie grandissante de sa production est réalisée en Chine (notamment pour l’électronique) et au Bangladesh (Wal Mart achète à elle seule 14% des exportations textiles de ce pays vers les USA !) dans des entreprises où les conditions de travail sont celles du 19e siècle européen.
Si les économies ainsi réalisées sont importantes, le coût écologique de cette dispersion est évidemment colossal : transports aériens et maritimes incessants mais aussi ronde infernale des 7.000 camions géants de la firme qui roulent et polluent 24 h sur 24 pour remplir les rayons et les frigos de ses 5.000 hypermarchés. Mais c’est là visiblement le cadet des soucis de la firme.
Et la clé qui maintient tout le système en place, c’est l’interdiction de toute présence syndicale dans l’entreprise. Régulièrement, des groupes de travailleurs sont licenciés pour s’être simplement syndiqués et plusieurs magasins de la chaîne ont été purement et simplement fermés pour « faire un exemple » et éviter tout risque de « contagion ».
Ce modèle « Wal Mart » est comme un concentré du modèle américain ultra-libéral cher à Reagan et à ses successeurs. Et comme le disait le président George Bush père en 1992, « Le succès de Wal-Mart est le succès de l’Amérique ».