La CSC a approuvé le projet d’accord conclu fin janvier par les partenaires sociaux au sein du Groupe des 10 (qui prévoit une hausse des allocations sociales de 2% et une marge salariale de 0,8%). Mais à une majorité particulièrement étroite. Jamais un texte n’aura été avalisé à une si courte majorité à la CSC, la majorité n’est même pas obtenue si l’on compte les abstentions! Après toute la pression exercée ainsi que les notes internes soulignant que ce vote était distinct de l’élaboration d’un deuxième plan d’action – notamment contre le saut d’index – le résultat de ce vote est une bonne indication de l’écho que reçoit l’appel pour un deuxième plan d’action en front commun syndical.
Naturellement, le patronat et le gouvernement mettent l’accent sur le point qui les sert et sur ce qu’ils espéraient : que le front syndical soit divisé au sujet de « l’accord social ». Pour les patrons, cet accord très limité serait immédiatement remis en question si de nouvelles actions devaient voir le jour contre d’autres points. Le chantage pouvait difficilement être plus clair. Le gouvernement et les médias tentent de présenter les choses comme si comme cela n’était d’aucune importance que la CSC signe l’accord tout en annonçant de nouvelles actions. Apparemment, ce vote signifierait tout à coup de marquer son accord avec l’ensemble du projet du gouvernement. Certains médias ont suggéré que l’opposition de la LBC (centrale flamande des employés de la CSC) à l’accord était essentiellement due aux voix francophones, comme nous avons pu l’entendre sur Radio 1. Il est pourtant de notoriété publique que la LBC et son pendant francophone la CNE sont deux centrales syndicales distinctes…
Tout cela indique de façon limpide que l’enjeu de l’accord social n’était pas tant la marge salariale (très limitée…) que le blocage de la résistance aux politiques d’austérité antisociales et notamment le saut d’index, les attaques contre les services publics, le relèvement de l’âge de la retraite,… Toutes les possibilités de discorde ont été jouées : FGTB contre CSC et Flamands contre Wallons. En dépit de tout cela, si la direction de la CSC s’était présentée à sa base sans proposition de deuxième plan d’action, elle n’aurait probablement obtenu aucune majorité pour soutenir la position de son président Marc Leemans. Tout porte à croire que la détermination et l’unité sont larges pour continuer le combat.
Pour ce gouvernement de droite dure et pour les patrons, le «dialogue social» n’est bon qu’à servir à lancer de nouvelles attaques contre nos conditions de vie tout en réduisant au silence l’opposition anti-austérité. La N-VA a déjà clarifié qu’elle n’était absolument pas prête à aller au-delà de cet «accord». Zuhal Demir, qui a fait parler d’elle il y a peu en proposant de limiter dans le temps les allocations de chômage, a ainsi directement déclaré : «Le dialogue social livre un certain espace, utilisons-le.» Elle et son parti ne font aucun mystère de ce qu’ils entendent par l’utilisation de cette marge : un «taxshift» qui prendra la forme d’une hausse de la TVA, une limitation dans le temps des allocations de chômage, la réduction des services sociaux,… Tout cela, bien sûr, en martelant que les actions syndicales nuisent à l’économie. Nous devrions donc voir nos conditions de vie être attaquées de toutes parts et accepter la situation sans broncher! Messieurs et mesdames les néolibéraux restent tout de même assez flous quant à savoir de quelle façon cela pourrait bien renforcer l’économie…
Même dans le cadre de ces «négociations», le gouvernement n’a pas pu s’empêcher d’illustrer qu’il roule pour les super-riches et qu’il ne fallait pas attendre de concessions fondamentales. Nous devrons mener de nouvelles actions pour nous débarrasser de ce gouvernement. Ce dont nous avons besoin, c’est d’un nouveau plan d’action avec une campagne d’information et de sensibilisation, une concentration militante, une manifestation nationale et des actions de grève. Le temps qui s’est écoulé depuis le premier plan d’action et la confusion aux sommets syndicaux peuvent avoir semé le doute à la base et avoir laissé un espace de manœuvre au gouvernement et au patronat, nous devons donc renforcer nos actions. Et quoi de mieux pour ce faire qu’un nouveau plan d’action clair allant crescendo qui permettrait aussi à la base de prendre sa lutte en mains propres, notamment avec des réunions du personnel. Nous ne commençons pas à partir d’une page blanche, mais à partir de l’expérience du premier plan d’action qui avait fait trembler le gouvernement.