Tentative d’exclusion d’EGA-ALS à l’université de Gand

EGA_gand01Juste avant la période d’examens, les Étudiants de Gauche Actifs (EGA) ont été exclus du Politiek Filosofisch Konvent (PFK), cercle politique et philosophique de l’université de Gand. Il s’agit de la coupole regroupant toutes les organisations politiques d’étudiants reconnues par l’université. Les organisations d’étudiants de droite espèrent de cette manière pouvoir en finir avec l’organisation la plus active dans l’opposition à l’austérité, au racisme et à l’extrême-droite.

Par Jeroen (Gand)

Manœuvres bureaucratiques…

Pour mener son attaque, la droite, sous la direction du Katholiek Vlaams Hoogstudenten Verbond (KVHV, cercle des étudiants catholiques), utilise le sophisme selon lequel EGA ne peut prouver suffisamment d’activités. Beaucoup d’étudiants vont immanquablement s’étonner de cet argument puisque EGA a, à nouveau, été très actif en cette année académique. Notre présence a été remarquée dans le mouvement contre l’augmentation du minerval et pour organiser la solidarité avec le plan d’action des syndicats.

Nous avons listé pas moins de 25 activités, soit beaucoup plus que les 10 activités demandées. Les organisations d’étudiants de droite ont, cependant, utilisé de petites règles bureaucratiques et formalistes pour refuser ces activités. Bien qu’après leur tri, EGA pouvait encore prouver 10 activités (9 ont été acceptées et l’une d’entre elles a obtenu un nombre équivalent de votes pour et de votes contre), il a été décidé qu’EGA ne serait plus reconnu.

…et réglementation créative…

EGA a proposé de fournir des justificatifs supplémentaires, ce qui a été refusé à plusieurs reprises. Pourtant, la date limite pour rentrer le rapport annuel n’était que le 31 et pas le 11 décembre, date de la réunion.

De plus, l’exclusion d’EGA est largement disproportionnée. Le Vlaams Rechtsgenootschap (VRG) n’a perdu sa reconnaissance que pour un mois après l’intoxication alimentaire de plusieurs étudiants lors de leur baptême. Ensuite, lors de la réunion au cours de laquelle EGA a été exclu, les Jonge Europese Federalisten (JEF) (jeunes fédéralistes européens) n’ont subi aucune sanction alors qu’ils ne présentaient que neuf activités valables. En revanche, EGA perdrait sa reconnaissance pendant un an pour une formalité administrative ?!

La droite a fait montre de créativité concernant la réglementation pour parvenir à exclure EGA. Ce n’est d’ailleurs certainement pas un hasard si le président du PFK, Laurens Himpe (Jong N-VA), n’a pas jugé utile de rappeler les règles et d’indiquer, lors du vote, qu’il s’agissait d’une exclusion d’un an. Suite à cette décision, EGA a introduit un recours solide et détaillé auprès du conseil de l’université de Gand pour faire annuler l’exclusion.

…pour masquer les véritables intentions !

Pour les étudiants de droite, être actif politiquement à l’unif représente surtout un tremplin vers une “vraie carrière” au sein de l’establishment politique. Ils ne défendent pas une vie politiquement dynamique à l’université, ce à quoi EGA contribue sans le moindre doute. Ils veulent, au contraire, en rester au reflet sur le campus de la vie politique traditionnelle : en-dehors de la réalité quotidienne. Cela correspond parfaitement à leur conception élitiste de l’enseignement supérieur. Pour des organisations comme le KVHV, qui se décrit lui-même comme une “communauté de vie formant une élite avant-gardiste”, l’université n’est rien d’autre que l’endroit où sont façonnés les futurs cadres supérieurs.

Le KVHV défendait d’ailleurs également l’augmentation du minerval pour son effet élitiste. La large majorité des étudiants est cependant opposée à une augmentation du minerval et aux conceptions élitistes du KVHV. Il semble que la crainte de l’énorme potentiel d’un mouvement large contre l’austérité et pour un enseignement démocratique soit très profonde. C’est d’autant plus vrai depuis que les syndicats sont entrés en lutte contre la politique d’austérité asociale.

Les étudiants de droite jouent des coudes pour montrer leur loyauté envers l’accord gouvernemental et criminaliser la lutte à son encontre. Les Jong Open VLD se sont révélés via leur soi-disant “ligue pour le travail”, en se présentant comme ‘les défenseurs du “droit au travail”, même si ce droit est inexistant pour les plus de 600.000 chômeurs. De son côté, EGA a saisi chaque occasion pour donner forme à la protestation. À Gand, nous avons été à l’origine d’un mouvement réussi parmi les élèves du secondaire, qui ont organisé diverses actions, des sit-ins et une grève écolière couronnée de succès. Parmi les étudiants, nous avons toujours mis en avant la nécessité d’un plan d’action constructif discuté démocratiquement. Pendant les journées de grèves (régionale et nationale), EGA a organisé des actions de solidarité entre la jeunesse et la population active.

En lutte avec EGA

Voilà qui, à n’en pas douter, n’a pas échappé à la droite. Il s’agit de la véritable motivation derrière l’exclusion d’EGA. Le meilleur moyen de répondre à cette attaque est de renforcer nos actions. Ainsi, nous organisons, début mars, la manifestation antifasciste contre la NSV. La Nationalistische Studentenvereniging (Association des étudiants nationalistes, organisation étudiante officieuse du Vlaams Belang) organise chaque année une marche de la haine. Elle ne manquera certainement pas de cyniquement récupérer les évènements tragiques qui se sont produits en France pour défendre leur agenda raciste. Cela ne les a pas dérangés non plus d’exclure EGA avec leurs amis de droite tout en invoquant, en même temps, la liberté d’expression pour leur appel à la haine ! Après la période d’examens, EGA lancera une campagne pour le droit à la protestation, pour la reconnaissance d’EGA et contre le racisme et l’extrême-droite.

Pourquoi EGA est-il visé ?

EGA avait déjà été visé par la droite pour sa lutte conséquente contre le racisme et la division. Cette année académique, l’aversion à son encontre s’est renforcée du fait des actions menées contre l’austérité dans l’enseignement.

Dès que l’augmentation du minerval a été connue, EGA a pris l’initiative de faire entrer en action les écoliers et les étudiants. Cela a commencé avec une petite action auprès du rectorat de l’université de Gand. Ensuite, ça a grandi via des actions régulières, jusqu’à ce qu’un mouvement soit capable de mobiliser une grève écolière réunissant 800 jeunes Gantois dans les rues. Parmi les étudiants, nous défendions une lutte active tablée sur une implication de la base autour de revendications claires contre toute l’austérité. La manifestation nationale des étudiants début octobre a montré un énorme potentiel, mais parce que de nouvelles initiatives se sont fait attendre, celui-ci a été gâché.

Malgré tout, des dizaines d’écoliers gantois et un groupe d’étudiants se sont rendus, à notre initiative, à la manifestation syndicale nationale du 6 novembre lors de laquelle les jeunes étaient en tête du cortège. Lors des journées d’actions régionales et nationales, des écoliers se sont rendus aux piquets et à Blandijn, un piquet d’étudiants a été organisé. Cela a directement mis à mal l’argument selon lequel l’austérité serait nécessaire pour les jeunes et les générations futures. Si tel était le cas, pourquoi alors économiser sur tout ce que les jeunes jugent important et sur leur avenir ?

Les Étudiants de Gauche Actifs prônent une lutte conséquente contre la politique d’austérité. Ces dernières font glisser les conséquences de la crise sur la majorité de la population, tandis qu’une petite couche ne cesse de s’enrichir. EGA prône un programme anticapitaliste parce l’inégalité croissante inhérente au système actuel nuit à notre avenir. Il ne nous offre que misère sociale, violence, problèmes écologiques,… Nous luttons pour quelque chose de meilleur et savons que dans ce combat, nous avons besoin de l’unité de la base. C’est pourquoi nous luttons activement contre tout ce qui nous divise comme le racisme, l’homophobie ou le sexisme. Nous répondons à la haine qui divise par une solidarité active de la base.

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