Le plan d’action a fait vaciller le gouvernement, mais comment assurer sa chute ?

Aucun doute ne subsiste. Le gouvernement a été fortement ébranlé par l’énorme succès remporté par les actions syndicales. Cela a immédiatement relativisé les allégations de la N-VA et de l’Open VLD selon lesquelles les syndicats et la lutte de classe avaient été réduites au rang de notions obsolètes. C’est faux, sur toute la ligne.

Par Els Deschoemacker

Avec la grève générale du 15 décembre, la classe ouvrière belge a reconfirmé son existence mais aussi sa puissance. Et de quelle manière ! Ce n’est encore qu’un avertissement à l’attention du gouvernement fédéral et du monde patronal, mais cela représente aussi une importante expérience pour la classe ouvrière elle-même. Un sentiment d’impuissance avait contaminé la conscience des travailleurs depuis la chute du Mur en 1989. Bon nombre de conquêtes sociales en avait déjà souffert. A l’arrivée de la crise en 2008, la classe ouvrière s’était révélée totalement surprise, sous le choc, et ce n’est qu’aujourd’hui qu’elle commence à vraiment récupérer.

Bien au-delà d’un manque de volonté, c’est la crise qui a mis sous pression le modèle de concertation sociale. Les deux principales classes sociales et leurs intérêts fondamentalement opposés se sont plus nettement retrouvées face à face. La classe ouvrière a saisi l’opportunité de montrer qu’elle n’était pas destinée à être éternellement la plus faible.

Son adversaire est bien plus blessé qu’il n’y paraît à première vue. Les partis bourgeois traditionnels seraient aujourd’hui totalement KO si la puissante classe ouvrière avait construit de nouveaux instruments de combat politiques. Ses anciens instruments politiques ont quitté le domaine de la lutte sociale et ne sont plus en mesure de lui fournir du soutien, bien au contraire. Les partis sociaux-démocrates sont devenus les instruments classiques de la classe capitaliste pour appliquer un transfert des richesses de la collectivité vers l’élite.

Mais cette époque semble devoir progressivement disparaître. Il suffit de regarder la Grèce, où l’équivalent local du PS, le PASOK autrefois si puissant, flirte aujourd’hui avec le seuil électoral. Les difficultés rencontrées par les partis établis pour parvenir à avoir des gouvernements stables étaient jusqu’à aujourd’hui l’expression politique la plus claire de la crise du capitalisme. Notre gouvernement en est un exemple. Mais il en existe d’autres encore pires, comme les gouvernements technocratiques qu’ont connu la Grèce et l’Italie lorsqu’aucune autre force politique n’était en mesure de prendre les rênes du pouvoir. A quelques rares exceptions, tous les pays européens se trouvent aux prises avec le même processus.

De quoi avons-nous besoin pour nous débarrasser du gouvernement Kamikaze? Il faut profiter de l’élan qui a été créé avant le Nouvel An!

Mais le patronat est venu à l’aide du gouvernement. Avec des concessions mineures sur les salaires et l’enveloppe sur la liaison des allocations au bien-être, il essaye de convaincre les syndicats. Ces concessions vont plus tard être utilisées comme monnaie d’échange pour éviter toute action syndicale. De la même manière, la menace terroriste sera utilisée pour plaider en faveur de la réconciliation et de l’unité nationale contre l’ennemi commun.

Nous ne pouvons pas nous laisser prendre au piège. Utilisons l’immense pouvoir du mouvement syndical pour faire chuter le gouvernement. Tout divisé qu’il soit, il ne tombera pas de lui-même. Parallèlement, nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre pour construire un nouvel instrument politique large qui défendra inconditionnellement les revendications de la classe des travailleurs.

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