La droite a-t-elle gagné sur le long terme ?

Suite aux résultats des dernières élections en élections présidentielles en France, aux résultats des législatives belges,… certains parlent “d’un vent de droite qui souffle sur l’Europe”. La « droite décomplexée » est-elle l’avenir de l’Europe ? Y-a-t-il effectivement moins de place pour la solidarité ? Qu’expriment ces victoires de forces ouvertement de droite ?

Peter Delsing

La faillite de la social-démocratie

En 1981, lorsqu’il a été élu président de la république française, Mitterand croyait encore que certaines activités économiques devaient être aux mains de la communauté. Il a ainsi nationalisé différentes banques et quelques groupes industriels. Son programme voulait plus s’en prendre aux grandes fortunes au profit des gens ordinaires.

C’était un programme classique du réformisme: l’idée que les services publics, dans une certaine mesure, doivent protéger et être élargis, que l’élite riche doit être plus imposée en faveur de la majorité,… bref, que des acquis durables peuvent être obtenus sans changer directement de système.

La crise du capitalisme depuis 1974-75 a cependant instauré une pression pour une politique de casse sociale, pression renforcée par la chute du Mur en 1989. La social-démocratie dans l’Europe entière alors pris un sérieux coup de barre à droite. Les réformes sociales de la période d’après-guerre sont alors devenues des « contre-réformes » asociales à la sauce moderne. La chute du stalinisme, caricature totalitaire du véritable socialisme, a été utilisée abusivement pour une offensive sournoise de la bourgeoisie.

Une politique néo-libérale peut-elle être de “gauche”?

Les anciens “partis de gauche” se sont de plus en plus compromis dans des gouvernements de casse sociale, néo-libéraux. Logique adoptée : même en cas de stagnation de la croissance économique, les bénéfices doivent continuer à augmenter. Les salaires en font les frais, tout comme les dépenses sociales (retraites, allocations), tandis que La Poste, les télécommunications, l’électricité… doivent être soldées au privé. La pauvreté et l’insécurité face à l’avenir augmentent fatalement.

Pire encore, SPa et PS (dans une moindre mesure) n’ont pas seulement accepté la casse sociale, ils en ont été le fer de lance pour nombre de privatisations, pour le “suivi” – lire: la chasse – des chômeurs, pour la suppression du droit à la prépension, pour l’enseignement élitiste, … tout en présentant ces mesures comme « progressites » et même « sociales » ! Les travailleurs et les syndicats sont d’un coup devenus « conservateurs ». Différents médias ont même présenté la coalition violette comme « le gouvernement le plus à gauche ».

Quand une telle confusion règne sur ce qu’est la droite et la gauche, quand on constate quelle politique asociale a été portée par la « gauche » officielle – y compris les verts -… Comment la droite peut-elle être pire ?

De plus, tous les partis qui ont gagné ces élections ont fait campagne bien plus sur le “changement” et l’opposition au gouvernement violet (ou au PS dans le cas du MR) que sur leur véritable programme économique. Est-ce vraiment révélateur d’un virage à droite dans les esprits ?

“Gauche, droite, gauche, droite,…” La direction est la même !

À défaut d’une alternative de masse pour les travailleurs, et avec la faillite du réformisme, aucune solution collective ne peut se répandre largement et par la force des choses, se sont les solutions individuelles qui se renforcent.

C’est ce qui explique le score de Sarkozy en France aux présidentielles et qui s’est exprimé par le slogan « ceux qui travaillent plus doivent gagner plus », mêlé à des propos sécuritaires populistes. L’original – Sarkozy – a été plus attractif et crédible que la pâle copie de Ségolène Royal.

Mais les travailleurs et les jeunes n’ont pas besoin de moins de sécurité sociale, mais de plus. Déjà au deuxième tour des élections législatives françaises, la vague bleue de l’UMP a relativement put être contenue suite à la proposition d’introduire une « TVA sociale » (une augmentation de la TVA pour financer les baisses de taxes pour les riches).

Face à l’instabilité du système, la réalité rattapera les illusions.

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