Namur. Consultation populaire : Une occasion de contester la politique et la vision néolibérale

22namurLe 8 février prochain, la ville de Namur organise une consultation populaire à propos de son projet pour le cœur de ville. Ce dernier comprend l’établissement d’un centre commercial en lieu et place de l’actuel parc Léopold et gare des bus. L’établissement d’une nouvelle gare des bus sur la dalle de la gare de chemin de fer et d’autres importants travaux font également partie du projet. Ceux-ci permettraient selon la majorité communale de « reconnecter le Nord de la ville au centre-ville ». Nous appelons toutes les Namuroises et les Namurois à aller voter « 3 fois Non » aux trois questions. En voici les raisons.

Depuis 2012, la section namuroise du PSL s’est positionnée résolument contre la politique néolibérale de la ville que mène la majorité actuelle. Nous avons, dans la mesure de nos forces, été à l’initiative de certaines actions, et présents lorsqu’il s’agissait d’en renforcer d’autres qui s’organisaient pour contester cette politique. Nous avons aussi écrit plusieurs articles concernant la situation locale : « Une vision désespérément néolibérale de la ville » (décembre 2012), réaction aux déclarations du bourgmestre, et dernièrement « Combattre par l’action l’austérité sans fin » (novembre 2014). Dans nos textes de congrès de district (2013), nous avons exposé quelques éléments sur la situation namuroise, dont la vision néolibérale de la ville (le city-marketing), le sous-localisme et l’austérité communale.

La ville a récemment voté un budget d’austérité dure qui illustre que la majorité s’attaque à la population et ses services publics plutôt que de faire payer les vrais responsables de la crise. Il n’a pas été possible d’organiser une contestation plus vigoureuse de ce budget et une consultation populaire n’est pas à l’agenda sur ce thème, ce que nous regrettons. Nous avons cependant l’occasion de contester en partie l’orientation que prend la majorité communale le 8 février. Nous appelons donc toutes les Namuroises et les Namurois à utiliser cette consultation dans ce sens.

Le collectif pour la sauvegarde du parc est parvenu à mettre en difficulté la majorité communale via un soutien populaire passif.

Il faut tout d’abord souligner et féliciter les divers militants, associations et collectifs (Collectif du parc, Namur 2080, MPOC, Amis de la Terre,…) qui se sont battus ces deux dernières années pour que la consultation prenne place. Cela a nécessité énormément de temps de travail militant et de sacrifices financiers. Ils ont réuni sur une pétition pas moins de 13 000 signatures et un montant de 4800 euros via du crowdfunding pour financer la dernière ligne droite de la campagne.

Les militants du PSL ne se sont pas investis directement dans les divers collectifs pour plusieurs raisons. D’une part, la plupart de ces associations ne voulaient pas de groupe politique en tant que tel. D’autre part, le temps de travail militant n’a pas une élasticité infinie, des choix ont donc dû être faits. Nous ne sommes néanmoins pas restés à l’écart de ce mouvement.

Le parc Léopold, une question politique ?

Nous avons toujours défendu l’idée que la question du parc devait être cadrée dans le contexte plus global de la vision néolibérale qu’adopte la majorité communale. Lors du débat contradictoire organisé par canal C entre les élus et les défenseurs du parc Léopold, cette idée a été confirmée.

À tout bout de champ, le bourgmestre pointe du doigt les nécessaires réformes imposées par la concurrence entre les villes. La création du centre commercial ne serait rien de moins que destiné à « sauver Namur » puisque si un centre commercial s’installe en périphérie ce serait la mort du cœur de ville. Pour la majorité, il s’agit de faire de Namur une ville « smart city » dans une vision à 10-15 ans. Elle a utilisé ses relais au gouvernement wallon dans la précédente législature et s’est donc battue pour avoir les subsides nécessaires pour lancer ses grands projets d’infrastructures.

Mais comment faut-il « sauver Namur » et quels sont donc les besoins réels les plus urgents des Namurois ? Benjamin Moriamé – journaliste namurois – a, dans son recueil d’articles « la face cachée de Namur », donné un bon aperçu des problèmes dont sont victimes ou menacés les Namurois. Et il s’agit de besoins sociaux de base : logement, emploi, service public, lien social et cadre de vie serein. Cela se situe bien loin d’une hypothétique nécessité d’énormes nouvelles surfaces commerciales. Ce sont pourtant ces réels besoins qui sont attaqués par le budget communal d’austérité adopté tout récemment.

Et ces problématiques touchent tout autant les villes environnantes. Mais plutôt que de répondre aux besoins de la majorité sociale et en mettant en place des méthodes solidaires et coordonnées avec les autres communes, nos élus vantent une fois de plus la sacro-sainte « concurrence »… sans rien résoudre.

Une question mise en avant par ce mouvement : comment transformer un soutien passif en soutien actif ?

La pétition du collectif a pu recueillir plus de 13 000 signatures. En outre, plus d’une centaine de personnes ont financé la fin de la campagne. Cela aurait pu être une excellente assise pour construire une campagne de la base dans chaque quartier. Des associations, des collectifs, mais aussi des groupes politiques anti-austérité et des simples citoyens auraient pu animer ces groupes, pour peu que l’espace pour la discussion démocratique soit ouvert. Si le mouvement avait été un peu moins technique et s’était orienté vers les pénuries sociales présentes dans tous les quartiers de la ville, le potentiel aurait été présent pour transformer ce soutien passif en un soutien actif illustré par des comités de quartier forts. Le Conseil communal n’aurait alors eu d’autre choix que de revoir sa copie.

Nous avons pu expérimenter dans divers pays ce genre de « grass-root campaign ». En Irlande, sur base d’une telle campagne près d’un tiers des propriétaires de maison se sont inscrits dans un mouvement de non-paiement de la taxe sur les petits propriétaires, taxe qui visait à faire payer à la population les dégâts de la politique néolibérale.

Une issue incertaine

Il n’est pas évident de faire des pronostics sur l’issue du vote. Plusieurs questions perdurent. Est-ce que le quorum de participation nécessaire sera atteint ? Si oui, est-ce que le « non » va l’emporter sur les trois questions ? La majorité communale va-t-elle modifier le fond de son projet d’implantation en cas de victoire du collectif ? Il est clair que dans la gauche le « non » est largement majoritaire. Mais la campagne en faveur du « non », principalement orientée autour de la sauvegarde des arbres, va-t-elle convaincre suffisamment les Namurois d’aller voter en masse ?

Les semaines qui restent avant le 8 février seront importantes. La campagne médiatique de la majorité – menée avec les fonds publics – bat son plein. Les bénévoles du collectif vont descendre au contact de la population avec des campagnes de tractages bien organisées. Quant à la section namuroise du PSL, nous avons produit notre propre matériel politique pour défendre notre orientation et notre appel de vote dans la rue.

Nous espérons que cela suffira à convaincre largement, mais nous pensons aussi que d’autres combats se présentent aux Namurois. 723 Namurois sont exclus du chômage par la mesure qui est entrée en application au 1er janvier 2015. Face à cette situation, la majorité communale en rajoute une couche et mène l’austérité sur les budgets sociaux. En partenariat avec la JOC (Jeunes Organisés et Combatifs), nous lançons une soirée d’information et de mobilisation le 2 février afin d’organiser la lutte contre les mesures d’exclusions, avec le réseau Stop Art. 63§2. Nous continuons également à inciter à l’établissement d’un nouveau plan d’action syndical pour faire tomber le gouvernement fédéral et repousser toute l’austérité.

À tout niveau de pouvoir, nous devons refuser la politique d’austérité et la combattre par la conscientisation politique et l’organisation de la population. C’est la ligne politique que le PSL a tenu jusqu’à présent et qu’il continuera à défendre.

Liste des articles publiés par le PSL sur la vision néolibérale de la ville :

 

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