Deux occasions de casser l'austérité en Europe!

LS198La gauche au pouvoir en Grèce ?
Un 2e plan d’action contre Michel 1er ?

Panique à bord parmi l’establishment capitaliste grec et européen : Syriza pourrait bien sortir vainqueur des élections générales grecques de ce 25 janvier ! Pour la première fois, une formation anti-austérité se retrouverait ainsi à la tête d’un gouvernement européen. L’onde de choc ne manquerait pas de faire des ravages à travers l’Europe entière, très certainement au moment où grèves et manifestations se multiplient en Grèce, en Italie, en Espagne, au Portugal, en Irlande… et en Belgique bien sûr. Pour les commentateurs et politiciens établis, l’enfer menace de venir sur terre si pareil scénario venait à se confirmer. Mais ils doivent convenir avec effroi que leurs menaces ont perdu leur effet. 2015 a le potentiel d’être une année historique, celle où la peur a commencé à changer de camp.

Par Nicolas Croes

Chantage, intimidation, mensonges,… Ces manœuvres désespérées masquent bien mal l’absence totale de solution autre que l’application de nouvelles mesures d’austérité dans le chef de l’establishment capitaliste grec et international. La palme d’or de l’absurde revient probablement au premier ministre grec Samaras (Nouvelle Démocratie, droite) selon qui Syriza ‘‘ferait de la Grèce une Corée du Nord’’. Le même jour, il déclarait qu’avec lui ‘‘on ne laissera pas les immigrés venir profiter de nos hôpitaux.’’ Voilà qui a le mérite de clarifier l’idéologie défendue par le triste personnage…

Pour l’économiste Thomas Piketty (voir en page 6), l’émergence de partis anti-austérité en Grèce et en Espagne (Podemos caracole en tête des intentions de vote à 30% environ) est ‘‘une bonne nouvelle pour l’Europe’’ face à ‘‘la faillite des mesures d’austérité’’. Il poursuit toutefois en expliquant que “On pourrait défendre que, dans le cas de Syriza, leurs politiques ne sont pas aussi claires qu’elles devraient l’être.’’ C’est certain, pas mal d’inconnues existent encore. L’incidence de l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement de gauche sur les luttes sociales sera un facteur déterminant. Une nouvelle dynamique de lutte de classe ascendante instaurerait une pression à gauche sur les nouvelles autorités gouvernementales grecques. Il le faudra, car l’establishment capitaliste ne respecte le choix des urnes que lorsqu’il est en sa faveur. Ce dernier est bien conscient de l’effet boule de neige qu’un tel évènement pourrait susciter. Il fera tout pour domestiquer un gouvernement Syriza et, en cas de manque de docilité face à la dictature des marchés, pour l’asphyxier.

Grèce, Belgique : même combat !

Comment pouvons-nous aider les travailleurs et les activistes grecs? Les actions de solidarité sont un premier pas. Mais la meilleure manière de soutenir ce nouveau souffle anti-austérité n’est-elle pas de parvenir, dans notre propre pays, à mettre en échec le gouvernement des riches de Charles Michel ?
Le premier plan d’action du front commun syndical (FGTB, CSC, CGSLB) qui nous a conduit à la grève générale nationale du 15 décembre a fait un carton. Chaque étape fut un succès, qu’importe la région ou le secteur. Ne nous méprenons pas ; si l’enjeu grec concerne toute l’Europe, il en va de même pour notre lutte. Depuis le début de la crise, aucun pays européen n’avait connu de grève générale annoncée deux mois à l’avance et préparée par une manifestation nationale de masse et une tournée de grèves régionales. Balayer par la grève le gouvernement austéritaire qui sévit en pleine capitale européenne, voilà qui frapperait les imaginations partout en Europe. Il nous faut un nouveau plan d’action en front commun syndical, un plan plus dur et plus massif. Rien ne pourrait mieux soutenir les efforts de nos camarades grecs, mais aussi espagnols, irlandais,…

Il y a une alternative !

L’establishment défend que face à l’austérité ne se trouve que le chaos. C’est faux. Mais cela exige de dépasser l’utopie du ‘‘capitalisme à visage humain’’, telle que préconisée par Piketty par exemple. La réalité capitaliste est faite d’une domination brutale, elle ne peut être atténuée qu’en étant renversée.

Il est possible que les luttes effectuent un important pas en avant en 2015. La seule sortie de crise possible exige de s’extraire du cadre du capitalisme, par la collectivisation démocratique des secteurs-clés de l’économie, au moyen de la lutte de masse des travailleurs. Le PSL et son internationale, le Comité pour une Internationale Ouvrière, feront tout ce qui est en leur mesure pour assister les développements à venir et prévenir contre l’échec de la mobilisation sociale. La croissance actuelle des réactionnaires de tous bords est une indication suffisamment claire de ce que nous encourrons, pour peu que nous ne prenions pas suffisamment au sérieux les défis grandioses qui nous font face.

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Première page de Lutte Socialiste