Manifestation : "Pas de paix sociale dans les services publics!"

En front commun, les syndicats des services publics ont mobilisé leurs délégués pour une manifestation ce mercredi. L’objectif était d’interpeller le gouvernement sur l’absence d’avancée dans les négociations sur les dossiers propres aux services publics (dans le groupe des 10 et lors des rencontres entre « partenaires sociaux » et gouvernement). Comme cette période de négociations post 15 décembre comprenait une tacite « paix sociale » entre partenaires sociaux, l’appel pour cette manifestation titrait « pas de paix sociale dans les services publics. »

Par Nicolas M. (Bruxelles)

7T3A8084L’objectif de réunir 2000 militants ce mercredi semblait bien atteint. Il faut dire qu’un appel pour combattre cette « paix sociale » imposée depuis le 15 décembre a un potentiel mobilisateur important aujourd’hui, aussi bien dans les services publics que dans le reste de la société. Si on considère « seulement » les mesures d’exclusions des chômeurs ces dernières semaines, alors on comprend que la résistance contre les mesures d’austérité des gouvernements en Belgique nécessite qu’on continue activement la mobilisation. De plus, rappelons-le, le gouvernement Michel avait donné la couleur : leurs réformes aboutiront quoi qu’il arrive. Négocier semble donc être voué à tomber dans un dialogue de sourds, à être une perte de temps. Le slogan de cette manifestation « pas de paix sociale dans les services publics » devrait en fait être élargit aux autres secteurs et le slogan, lui, écourté vers « pas de paix sociale ».

7T3A8047Ceci dit, la volonté des directions syndicales ce mercredi était d’avantage tournée vers la revendication d’intégrer les représentants syndicaux des services publics autour de la table des négociations. Pour eux, seules les questions propres aux secteurs privés sont en fait négociées. Après une rencontre avec le ministre des pensions (Daniel Bacquelaine, MR), la délégation est revenue au micro faire un rapport. En substance, il semble que la discussion fut bonne et même courtoise. Mr Bacquelaine allait même se faire le « porte-parole » des revendications des travailleurs des services publics auprès du reste du gouvernement. C’est dommage, l’appel à cette action donnait pourtant une toute autre image des attentes présentes au sein des effectifs des secteurs publics. De plus, les discussions dans les rangs de la manifestation confirmaient ce sentiment. Il n’y a aucune espèce de confiance chez les travailleurs envers le gouvernement. Mr Bacquelaine aurait d’ailleurs encore expliqué que les efforts budgétaires étaient nécessaires, que le gouvernement devait avancer dans ses efforts d’assainissement.

Lors du plan d’action fin 2014, la combattivité dans la manifestation du 6 novembre, puis aux nombreux piquets lors des journées de grèves générales régionales puis lors de la grève nationale se traduisait dans des slogans exigeant la chute de ce gouvernement et de sa politique d’austérité. L’attente pour une suite du plan d’action début 2015 était grande. Cet enthousiasme, cette volonté de renforcer le rapport de forces en notre faveur ne doit plus être gaspillé. Refermer la page de la lutte sociale prématurément donnera un avantage indéniable aux différents gouvernements pour appliquer leurs politiques antisociales.

Le sentiment des syndicats des services publics d’être laissés de côté dans les négociations est un mauvais signal également. Les attaques sont généralisées. Si nous divisons les intérêts des travailleurs secteur par secteur, nous affaiblissons notre poids, également dans le cadre d’un processus de négociations. Ne laissons pas sur le côté un groupe de travailleurs : notre force provient de notre nombre et de notre unité! C’est d’autant plus vrai que le gouvernement a aussi le projet avoué d’affaiblir drastiquement le poids et la force de nos syndicats… Une fois l’austérité appliquée, il sera compliqué de remobiliser les travailleurs pour défendre nos organisations syndicales sous le coup de réformes visant à les affaiblir. Surtout si, dans la période précédente, la stratégie aura mis l’accent sur la négociation en ne continuant pas un plan d’action qui n’appelait qu’à se poursuivre en allant crescendo.

Pas touche à nos services publics ! Une campagne contre l’austérité de la CGSP ALR de Bruxelles.

CGSPALREn parallèle, la CGSP ALR lance sa campagne contre l’austérité. L’objectif est de pousser les discussions dans les délégations de la CGSP ALR sur Bruxelles notamment au travers d’une brochure. Des distributions de cette brochure s’accompagneront de réunions destinées à discuter de son contenu et de la campagne à mener au sein des différentes délégations. C’est le genre d’outils dont nous avons besoin pour continuer à construire la confiance chez les travailleurs. Si les gouvernements capitalistes continuent de nous matraquer, avec l’aide de leurs médias, qu’il n’y a pas d’alternative, nous avons besoin de nos propres campagnes et discussions pour développer des alternatives au service de nos intérêts.

La brochure illustre toute une série de conséquences payées par les travailleurs communaux et les usagers des services correspondants : détériorations de services communaux, pertes d’emplois,… Elle finit en ces termes : « L’histoire nous montre que les conquêtes sociales ont été acquises par les luttes des travailleurs, elles ne nous ont pas été offertes par les patrons ou les gouvernements. Construisons un rapport de force efficace en unissant les travailleurs, avec et sans emploi, les travailleurs et usagers des services publics, pour lutter contre l’austérité dans nos communes et défendre ensemble des services publics de qualité ! » Ceci confirme la nécessité aujourd’hui de construire les suites du 15 décembre en dehors des cabinets ministériels : dans la rue, sur les lieux de travail, au contact direct avec les usagers. Ce type de campagne menée au sein des ALR bruxellois n’est pas contradictoire avec la construction d’un mouvement généralisé dans la société. Au contraire, chaque secteur pourrait construire son propre cahier de revendications et participer ainsi à une lutte globale contre toutes les conséquences des politiques d’austérité.

La crise capitaliste ne laisse pas de place à une amélioration des conditions de vie et de travail. Les quelques modifications que nous pourrions gagner dans les négociations laisseront sur le carreau toutes une série de travailleurs qui payeront quand même pour la crise.

Les ALR bruxellois se sont retrouvés en Assemblée à la suite delà manifestation. Une motion a été votée pour appuyer la proposition au sein de la CGSP pour des actions de grève générale des services publics. Cette proposition va dans le sens d’éviter de se focaliser uniquement sur les négociations. Elle avertit aussi que le processus qui a aboutit à la grève générale du 15 décembre n’est pas refermé. Nous devons nous attendre à ce que des luttes reprennent dans la prochaine période, comme l’illustre cette motion.

Mais le mieux serait de ne pas partir secteur par secteur, les services publics seul par exemple. La force du mouvement de fin 2014 était notamment son caractère général, en impliquant les syndicats de manière interprofessionnelle. Reculer ne doit se faire uniquement que pour pouvoir faire ensuite deux pas en avant. Evitons de devoir reculer faute de mieux. Les braises de fin 2014 ne sont pas éteintes, la campagne des ALR bruxellois et leur motion de mercredi sont de très bonnes occasions de discuter et de revendiquer la mise en place d’une deuxième étape du plan d’action, allant crescendo, pourquoi pas vers une grève générale de 48h, reconductible si besoin est.

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