Les droits syndicaux dans le collimateur!

Quelle sera la signification d’un gouvernement orange bleue pour les travailleurs ? La réponse n’est pas longue à deviner. Les élections sociales de 2008 sont ainsi déjà menacées par les libéraux et le droit de grève est de plus en plus ouvertement mis sur la sellette.

Geert Cool

Elections sociales menacées

Une directive européenne a déclaré en 2002 que les travailleurs dans les entreprises de plus de 50 salariés doivent avoir accès à l’information et à la participation. En février de cette année, le Conseil d’Etat a rendu public un arrêté qui affirme que la limite actuelle de 100 travailleurs pour installer un Conseil d’entreprise est illégale. Dès la fin juin, la Belgique risque de devoir payer de fortes amendes européennes (jusqu’à plus de 20.000 euros par jour!) si rien n’est fait pour assurer la représentation des travailleurs dans les petites et moyennes entreprises.

Pourtant, sous la pression des libéraux, deux Arrêtés Royaux sur les élections sociales ont été bloqués. C’est que le patronat ne veut absolument pas voir appliquer la directive européenne et fera tout pour bloquer toute représentation syndicale dans les PME. Cette situation compromet l’organisation des élections sociales.

Ces dernières concernent 5.814 entreprises, à peu près 125.000 candidats et plus de 1,2 millions de travailleurs. Autant de personnes qui ne pourront pas exercer leur droit démocratique. A cela s’ajoutent encore plus ou moins 405.000 travailleurs dans les entreprises comprenant entre 20 et 50 salariés.

Comment, après tous les discours sur la “gestion ethique”, le prochain gouvernement réussira-t-il à faire avaler le sabotage des élections sociales ? Comment Yves Leterme expliquera-t-il à la CSC, liée au CD&V, que sa promesse d’imposer un conseil d’entreprise à toutes celles employant plus de 50 travailleurs est enterrée ?

Droit de grève menacé

Les élections sociales ne sont pas les seules à être visées, le droit de grève est également dans la ligne de mire, tant du côté libéral que chrétien. Et lorsqu’un avocat veut se faire un nom à peu de frais en profitant de la grève des 46 travailleurs de la BIAC, qui a paralysé l’aéroport de Zaventem le 13 avril, en engageant une procédure contre les grévistes, c’est à peine s’il y a eu une réaction syndicale.

Cet individu, « Maître » Cafmeyer, déclare ainsi: “Une grève est un moyen de pression qui ne peut être utilisé que dans des circonstances exceptionnelles. Si la cause d’une grève n’est pas assez lourde, un juge peut décider qu’il s’agit d’un abus.” Il veut donc tirer en justice à l’automne prochain les 46 travailleurs de la BIAC individuellement. Si ces salariés sont condamnés, les syndicats paieront les indemnités, mais c’est un dangereux précédent que de voir le droit de grève collectif réduit à des procédures individuelles. Si la responsabilité n’est pas portée par le collectif (les syndicats) mais par des individus, qui osera encore se mettre en avant ?

Une attaque d’une telle ampleur sur le droit de grève est spectaculaire, mais c’est surtout le manque de réaction ferme contre cette offensive qui est remarquable. Il est pourtant largement préférable de déjà réagir maintenant et de ne pas attendre un éventuel jugement qui irait contre les travailleurs.

Pendant ce temps, la polémique se poursuit à propos de l’instauration d’un service minimum en cas de grève. Dans les transports en commun flamands, une convention collective qui admet implicitement le service minimum a déjà été signée. Il est ainsi admis de ne pas mener de grèves sauvages et d’organiser durant les grèves un service minimum le soir pour les écoliers , étudiants et navetteurs. Cette discussion est amplifiée par le vent sarkoziste qui souffle de France.

Au final, l’argumentation patronale revient à dire que si l’on peut toujours faire grève, il faut tout de même assurer un certain nombre de services : on peut faire grève, mais sans déranger personne. On peut crier notre indignation, mais en silence. Si évidemment les grèves ont des effets, que dire des mesures contre lesquelles les actions sont menées ? En expliquant largement les raisons d’une grève, il est possible d’obtenir bien plus de soutien, comme l’ont témoigné les réactions face aux grèves de La Poste, en particulier à Gand à la fin du mois de mai.

Ce sujet est plus sensible dans les transports publics. Aucune tentative n’est faite pour lier le mécontentement du personnel à celui des passagers, en expliquant par exemple que la majorité des retards ne sont pas liés aux travailleurs mais sont des conséquences du manque de personnel et d’entretien. Un soutien aux actions de grève au sein de la société serait la meilleure défense du droit de grève en isolant les partisans du « service minimum ».

Il faut une offensive syndicale !

Une réponse syndicale ferme et conséquente est nécessaire. Aujourd’hui, tant les acquis sociaux que les instruments de lutte pour les défendre (représentation syndicale, droit de grève, …) se trouvent dans le collimateur.

Il est crucial de répondre au contenu des mesures néo-libérales qui nous sont imposées, de construire pas à pas un rapport de forces avec la participation des couches larges de travailleurs et de leurs familles. Et cela ne saurait se réaliser qu’en adoptant une attitude inébranlable contre chaque attaque sur nos libertés et droits syndicaux.

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