C’est une mobilisation populaire historique qui a traversé la France ce dimanche 11 janvier. Cette journée restera dans l’Histoire. Au total, ce sont plus de 4 millions de personnes qui se sont mobilisées suite aux attentats terroristes qui ont fait 17 morts en région parisienne. La mobilisation a rassemblé toutes les couches de la population, de toutes origines et confessions.
Par Jean L. (Luxembourg)
Il s’agit d’une mobilisation sans précédent qui démontre l’attachement du peuple français à la liberté d’expression, à la solidarité, et aux libertés démocratiques. Mais il faut bien reconnaître que cette “Union Sacrée” a également rassemblé quelques personnalités qui ne sont pas les amis de la liberté et de la démocratie : on pense notamment au 1er ministre israélien Benyamin Netanyahou et à quelques autres chefs d’Etats, champions de la censure et de la répression.
Quant à François Hollande et les membres du gouvernement français, on ne peut pas leur reprocher d’avoir participé aux rassemblement, mais leur présence pose toutefois quelques questions:
1. Leur amour soudain pour la liberté d’expression et pour un journal comme Charlie Hebdo est pour le moins étonnant. Qu’ont-ils fait pour défendre et pour soutenir la presse engagée et les journalistes d’investigation durant ces dernières années?
2. Plus fondamentalement, le PS et l’UMP ont mené ces dernières années des politiques austéritaires et discriminatoires qui ont marginalisé les population immigrées, poussant un certain nombre de jeunes désorientés dans les bras des islamistes. Ils sont directement responsables de la montée du racisme et de l’islamophobie en France.
3. Par leur soutien sans faille à l’Etat d’Israël et par leurs interventions impérialistes notamment en Afghanistan, ils ont contribué à la radicalisation de certains musulmans français.
Pour ces raisons, tout en soutenant et en participant à la mobilisation populaire, nous devons dénoncer toute forme d’”Union nationale” qui ne constitue qu’une unité de façade sans aucune possibilité d’offrir un début de solution face aux menaces qui planent sur nos droits démocratiques et nos libertés.
La seule réponse valable réside dans la défense concrète des droits et des intérêts de travailleurs français et immigrés, de toute origine ou confession. Ceci exige un changement de cap radical de la politique. Ce changement doit se développer sur 3 axes :
Tout d’abord, il faut cesser de stigmatiser et de marginaliser les populations immigrées. Il faut que les travailleurs immigrés aient les mêmes droits que les Français et les mêmes possibilités de vivre et de travailler en France.
Ensuite, il faut rompre avec la politique d’austérité et de régression sociale car c’est cette politique qui jette des centaines de milliers de travailleurs français et immigrés dans la misère. C’est précisément sur ce terrain de destruction sociale que se développent d’un côté le racisme et de l’autre côté le repli identitaire.
Il faut enfin que la France rompe avec sa politique étrangère impérialiste qui fournit aux jihadistes un de leurs meilleurs arguments pour recruter.
Un tel changement de cap ne pourra se faire avec le PS ou l’UMP, et encore moins avec le Front National. Ces partis sont tous soumis aux intérêts du patronat qui ne veut en aucun cas rompre avec la politique austéritaire, ni mettre une partie de ses plantureux profits au service des “idéaux républicains”. Les divisions entre travailleurs d’origines et de cultures différentes servent également les intérêts des patrons car ils affaiblissent l’unité de la classe des travailleurs et son potentiel de résistance.
Ce changement de cap ne pourra se faire que par une mobilisation des travailleurs et des jeunes de toutes origines, autour des véritables organisations de gauche afin de construire une société qui fonctionne dans l’intérêt de l’écrasante majorité de la population, et non plus au profit de quelques-uns. Une société dans laquelle les richesses sont produites en fonction des besoins et sont partagées équitablement. Une société dans laquelle les droits démocratiques ne seront pas des droits abstraits valables uniquement pour ceux qui en ont les moyens, mais des droits concrets et vivants, disponibles pour tous.
La jeunesse et les travailleurs français viennent de montrer qu’ils ont un potentiel immense entre les mains. Ils faudra dans les semaines et les mois qui suivent, qu’ils résistent d’abord à toutes les tentatives de récupération et à tous les amalgames douteux, pour ensuite utiliser cette force afin de construire les bases d’une nouvelle société réellement solidaire et démocratique.