Rapports, photos et interviews de notre blog consacré à la grève générale

Greve_gand02Quel journée de grève ! Il n’y a qu’un mot pour décrire tout cela : impressionnant. Bart De Wever répète sans cesse qu’il y a deux Belgique. Pour une fois, nous lui donnons raison. Elle n’est cependant pas divisée comme il l’entend. Il y a d’un côté la Belgique de l’establishment politique et des anti-grève professionnels qui ont abreuvé les médias dominants de propagande antisociale. De l’autre, il y la démocratie des centaines de milliers de grévistes et des milliers de piquets de grève. L’économie du pays a été totalement bloquée ce 15 décembre. Comme le dit le slogan : sans notre travail, leur capital ne vaut pas un balle !

Sur notre blog, nous avons publié divers articles, rapports, interviews, reportages-photos,… :


La journée de grève générale à Namur

Lundi 15 décembre 2014, grève générale et point culminant du plan d’action en front commun syndical. Trois équipes mobiles du PSL sont organisées pour couvrir la région namuroise. Deux semaines ont passé depuis la grève tournante en province de Namur, et la détermination est toujours aussi vive.

Après une réunion visant à mettre au point les dernières modalités d’action, le premier rendez-vous se situe sur les quais de la gare, dimanche à 22 heures. Tout est déjà à l’arrêt et un cheminot nous explique pourquoi le piquet est plutôt discret : « la détermination est telle dans notre secteur qu’on sait bien qu’il n’y aura rien à bloquer, personne ne va travailler. » Le bilan est simple, comme partout dans le pays, rien ne roule. Nous les quittons peu avant minuit, mais pour eux, la nuit continue. La journée commence à quatre heures trente, les équipes se mettent en route vers leurs zones d’action, ainsi réparties : Namur Centre, Basse Sambre et Andenne.

L’équipe d’Andenne commence par se diriger vers le zoning de Seilles. À notre arrivée, l’amélioration est de taille, une barricade infranchissable se dresse sur notre route, rien ne passera. Nous sommes reconnus par les travailleurs déjà présents le 1er décembre et les discussions vont bon train. La bonne humeur et la motivation sont bien présentes malgré le froid et le vent. Nous nous rendons ensuite à Marches-les-Dames, où une autre surprise nous attend. Un camion et un bulldozer de 80 tonnes bloquent l’entrée principale, mais pas de traces des travailleurs. Une équipe réduite est quand même présente, nous expliquant que leurs collègues sont partis bloquer Andenne, d’où nous venons, et les ronds-points alentours. Étant à leur recherche, la pluie commence à tomber, les piquets devront redoubler de courage. Nous finirons par trouver un rassemblement à hauteur de l’E-411, près de Bouge. Malgré la pluie, l’ambiance est conviviale, et la motivation poussera à l’improvisation d’un barrage filtrant. N’étant pas contraire, une équipe de police proposera son aide. Mais ailleurs, d’autres policiers déplaceront incessamment les barrages, désorganisant les grévistes.

A Namur-même, les piquets sont eux-aussi en place. L’atelier SNCB de Salzinnes est bien évidemment bloqué, alors qu’une autre délégation est devant la gare. Pour la première fois, l’université est barricadée par une délégation employés bien déterminée à marquer le coup ! Nous sommes particulièrement bien accueillis devant plusieurs écoles du centre-ville. Les enseignants ont utilisé leur méthode habituelle en bloquant l’accès aux écoles des collègues qui leur demandaient. Les discussions et les débats vont bon train, et nos bras remplis de Lutte Socialiste s’allègent très vite. Plus tard, c’est un collectif d’artistes et d’acteurs du monde culturel qui animera bruyamment les rues du petit centre-ville namurois.

En Basse-Sambre, tous les bastions ouvriers sont à l’arrêt. Chez AGC, chez Materne, au dépôt du TEC, au zoning de Rhisnes,… l’ambiance est combative et la détermination indiscutable. L’idée qu’un deuxième plan d’action sera nécessaire pour améliorer encore le rapport de force avec le gouvernement est largement majoritaire.

A 13h30, nos trois équipes se rejoignent devant la gare. La JOC (Jeunes Organisés et Combatifs) et nous avions proposé une manifestation symbolique à l’heure où les piquets commencent à être levés. Le défilé se rend place de l’Ange dans une ambiance bon enfant et nous permet de rediscuter avec plusieurs militants rencontrés pendant la matinée. Le quarantième journal de la journée y est vendu. La journée d’action se termine tout doucement. Et tout le monde réfléchit déjà à la suite…










[PHOTOS] Gand

Voici ci-dessous une série de photos de la grève générale de ce 15 décembre prise sur les piquets de grève à Gand.


Compte rendu du piquet de grève du Pôle Espace à Uccle

Tout comme la culture ou l’enseignement, la recherche scientifique est dans la ligne de mire du gouvernement Michel Ier. Mais cela fait déjà bien longtemps que l’asphyxie des établissements scientifiques fédéraux (ESF) a commencé et les gouvernements précédents n’ont rien à envier à ce nouveau gouvernement de droite dure.

Par Valérie

Lundi 15 décembre 7h30 à l’entrée du Pôle Espace, une douzaine de travailleurs des ESF situés à Uccle (l’Observatoire Royal de Belgique, l’Institut d’Aéronomie Spatiale de Belgique et l’Institut Royal de Météorologie) se sont donnés rendez-vous autour d’un braséro pour discuter notamment de la note de politique générale de la secrétaire d’état en charge de la politique scientifique, Mme Elke Sleurs (NV-A). On peut y lire : « En faisant une nouvelle fois confiance au secteur privé, je compte à nouveau encourager sa participation au financement de la politique scientifique. (…) Une forme plus modeste de collecte de fonds, comme la méthode de crowdfunding, ouvre des opportunités…»

Au total 500 personnes travaillent sur le site du plateau d’Uccle dont 300 sont contractuelles. Nous estimons qu’environ 10% du personnel étaient en grève ce lundi. Si la mobilisation peut sembler faible, cela fait pourtant bien longtemps qu’elle n’a pas été aussi élevée et cela doit faire 30 ans qu’on n’a pas vu de piquet au plateau d’Uccle!

En guise d’encouragements, les ‘piquetistes’ ont reçu quelques coups de klaxon des véhicules qui passaient par là et la visite d’une douzaine de personnes dont l’un des directeurs qui nous a assuré qu’il serait à nos côtés la prochaine fois s’il s’avérait que l’exécution du projet de Mme Elke Sleurs (lequel reste malgré tout assez flou) s’avérait nocif pour les ESF. Ceci n’est pas tombé dans l’oreille de sourds et nous le lui rappellerons en temps voulu!

Voici ci-dessous quelques photos du piquet et l’essentiel des revendications des grévistes du Pôle Espace parues dans un tract distribué sur notre lieu de travail le vendredi 12 décembre pour appeler le personnel à se mettre en grève:

« Nous voulons que nos salaires, nos pensions, notre protection sociale, nos moyens et conditions de travail soient préservés, assurés, améliorés et harmonisés ; que nos institutions, dont la qualité leur vaut une réputation internationale, soient activement soutenues par le gouvernement fédéral.
Nous nous solidarisons avec les revendications identiques de tous les travailleurs et allocataires sociaux.

Nous refusons la précarité de nos emplois, la perspective d’une retraite misérable, l’éclatement et l’émiettement des structures de recherche, la privatisation de nos activités professionnelles, le grignotage et le démantèlement des services publics. »

 

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Plan d’action syndical : comment l’idéologie de la classe dominante pèse sur le mouvement

La journée d’hier, premier point de chute du mouvement de résistance contre l’austérité, fera date dans l’histoire sociale de la Belgique. Les diverses actions que nous avons vécues seront un point de référence pour beaucoup de nouveaux militants de la classe des travailleurs. C’est aussi une journée qui rappelle les anciens combats de classe qu’ont vécus les plus anciens des militants. La classe dominante a conscience de cela et tente de le gommer de la mémoire collective au moyen de tous ses outils. Si elle n’arrive pas gommer les acquis de cette journée, il lui reste alors à ternir l’image de ce mouvement.

Par Alain (Namur)

La bourgeoisie et le patronat en ordre de combat

La lutte des classes fait un retour en force en Belgique. Ce que craignait la bourgeoisie belge est en train de tout doucement se réaliser. La classe des travailleurs qui est massivement organisée dans les syndicats est en train de se mettre en mouvement. Toutes les couches du mouvement ne sont cependant pas encore en action. La bourgeoisie sait très bien que si l’ensemble de la classe se met en mouvement avec des objectifs audacieux, on pourra commencer à lancer le compte à rebours de sa domination.

Face à cela, la bourgeoisie utilise tout les outils à sa disposition pour diviser le mouvement, ternir son image ou encore amadouer ses actuels dirigeants. Il y a bien sur le gouvernement qui roule pour ses intérêts, mais avec 20% de soutien, la classe dominante a besoin d’autre instruments pour imposer sa politique. Les médias traditionnels, les nouveaux médias, les différentes institutions (FMI, OCDE, think thank,…), les experts,… tous sont utilisés pour limiter la portée du mouvement.

Le classique « diviser pour mieux régner »

En Belgique, la majorité des entreprises sont des PME. Pour beaucoup de travailleuses et de travailleurs, dans ces entreprises, leur droit à l’association, leur droit de s’organiser dans un syndicat, est nié. Il est donc beaucoup plus facile pour le patron d’effectuer une pression sur la ou le salarié(e). Dans ces entreprises, de manière générale, les conditions de travail sont moins bonnes. On y dénombre plus d’accidents de travail, les salaires sont en moyenne plus bas et la flexibilité exigée est souvent importante. Le mouvement des travailleurs a depuis longtemps cherché à pallier à cela via les accords interprofessionels qui s’imposent à toutes les entreprises. Mais ces dernières années, comme le rapport de force s’est dégradé au profit du patronat, les AIP n’ont pas pu jouer leur rôle. Il est temps que le mouvement des travailleurs réclame le droit des travailleurs de s’organiser en délégation y compris dans les entreprises de moins de 50 travailleurs.

De plus, le capitalisme dans son ensemble s’est réorganisé pour faire face à la combativité ouvrière. Face aux énormes concentrations des travailleurs dans les grandes entreprises qui établissait des équipes syndicales puissantes, le patronat a multiplié l’externalisation. D’une part pour se concentrer sur ce qui fait le cœur de métier de l’entreprise – c’est à dire aussi ce qui fait la valeur ajoutée – mais surtout pour briser ces équipes syndicales. Aujourd’hui, dans les grands centres de production sur un même site, plusieurs entreprises travaillent avec des commissions paritaires différentes et donc des réalités différentes pour les travailleurs.

La politique de la franchisation dans le commerce est un autre exemple de la manière dont le capitalisme s’est réorganisé pour détricoter les conditions de travail et diminuer l’influence de l’organisation ouvrière.

L’attitude du patronat et le poids de l’idéologie dominante

Le patronat joue aussi sur l’existence de divers niveaux de conscience au sein de notre classe. Leur but est d’isoler l’avant-garde pour l’empêcher qu’elle parvienne à entraîner les couches plus retardataires. Dans plusieurs entreprises, les DRH ont fait passer le message que quelque soit le niveau des blocages, aucune absence ne serait tolérée. Il faudrait prendre un jour de congé, prendre sur ses heures supplémentaires,… Pour les sous-traitants (souvent des indépendants), les contrats qui ne sont pas honorés seront sanctionnés par des amendes de retard.

Dans cette situation, celle ou celui qui a décidé de travailler en ce jour de grève parce qu’il n’a pas encore conscience du danger de l’austérité a été poussé dans le dos par le patronat pour tenter d’arriver au boulot par tous les moyens. Certains employés sont même arrivés à 3-4heures du matin au boulot pour éviter les blocages…

La conscience en retard et la pression des patrons contre la grève explique les dérapages et la violence qui ont été commis par ceux qui ont foncé sur les piquets, qui ont agressé des militants parfois même avec armes blanches.

Le rôle des médias doit aussi être souligné. Nous avons déjà traité du sujet des médias et du fait que ceux-ci appartiennent en Belgique à 7 grandes familles qui ont toutes intérêt à ce que le gouvernement applique son programme. Les médias publics sont dirigés par des administrateurs nommés par les politiciens qui appliquent l’austérité.

Dans ces conditions, il ne faut pas s’étonner que les médias ne distinguent pas l’essentiel de l’accessoire. Nous avons vécu une journée historique dans tout le sens du terme. Le clivage social en Belgique et partout dans le monde s’approfondit à la faveur du développement de la crise du système de production capitaliste.

Au lieu de traiter de cela, les médias traitent de la manière de faire atterrir le mouvement pour la presse dite sérieuse et pour la presse de caniveau, elle traite des incidents causés par les manifestants. On banalise ainsi les agressions contre des manifestants à la barre à mine et les manifestants qui se font rouler dessus. Mais, par contre, on met en emphase des indépendants qui pleurent car empêchés de travailler. On joue sur l’émotionnel. On devrait jouer aussi sur l’émotionnel en allant interroger les 15% de gens qui vivent sous le seuil de pauvreté! En allant interroger le sixième des enfants qui vit sous le seuil de pauvreté en Belgique ! On verrait alors où est l’essentiel et où est l’accessoire.

Dans la presse, on a répété à l’envi le fait qu’à côté du droit de grève, il y avait le droit au travail, sans expliquer toutefois qu’en Belgique, près d’1 million de personnes sont en fait exclues au quotidien de ce prétendu droit et que la classe des travailleurs se battait d’ailleurs pour eux aussi. On n’a pas non plus expliqué que le droit au travail, c’est aussi de travailler dans de bonne conditions et que les grévistes se battaient pour ça aussi. Il est clair que vu comme cela, ceux qui défendent le  »droit au travail » sont bel et bien les travailleurs et leur organisations. Le patronat, lui, défend son droit d’exploiter et de s’enrichir. D’ailleurs, la manière avec laquelle les patrons s’accommodent des conditions de travail et de l’état démocratique de certains pays devrait inciter certains à réfléchir.

Comment faire face

Depuis le début du mouvement, le PSL met en avant la nécessite d’organiser partout où c’est possible des assemblées générales pour expliquer l’impact des mesures d’austérité. Nous lions cela au besoin d’une alternative sociétale et d’un outil politique pour porter un programme de rupture avec ce système en crise. Notre édition spéciale de grève mettait en avant la demande d’un plan d’action plus massif et plus dur. Marx disait que les idées peuvent avoir un poids matériel si elles sont reprises par les masses. Une présence massive dans les rues et sur les piquets liées à des revendications et des mots d’ordres audacieux peuvent faire évoluer la conscience des couches plus retardataires. Cela peut aussi assurer une sécurité plus grande pour les militants et avoir un effet de persuasion plus grand.

La volonté de combat, mais aussi d’alternative de gauche, s’est exprimée hier par l’accueil qu’à reçu notre tract et notre journal. Nous devons mettre à profit le temps de repos de fin d’année pour continuer la mobilisation et repartir encore plus forts, plus massivement et de façon plus déterminée dès la rentrée.







Grève générale à l’ULB

GBXL_louis02race au succès de la grève du 8 à l’ULB, les bases pour un succès le 15 étaient déja bien posées! Avec environs le même nombre de personnes que la semaine passée, le piquet fut tout de fois mieux organisés avec de meilleurs blocage des bâtiments tout en laissant cependant les cafétérias ouvertes vu l’approche des examens.

Nous avons cependant été témoins des méthodes crapuleuses de la direction d’ISS (nettoyage à l’ULB) qui consiste d’un côté à mettre pression pour éviter la grève dans les jours précédents et, dans un deuxième temps, à venir le matin du 15 pour lister les grévistes (ce qu’ils n’ont pas le droit de faire) en leur promettant l’entièreté du salaire une fois qu’ils ont signé leur présence. Il est évidement clair que ce type de « cadeau » n’est fait que pour casser la grève. Donner un peu aujourd’hui pour reprendre beaucoup plus demain (et tant qu’à faire, avoir la liste des grévistes).

Comme la semaine passée, la CSC Alimentation & Service à organiser une petite manif pour faire le tour des piquets qui entourent le campus ainsi que du rectorat dont les portes durent emmurés pour rappeler que la direction de l’ULB (ainsi que les anciennes avec Delchambre notamment) gèrent l’université comme une entreprise et vise donc à ramener du fric et pas un service de qualité aux étudiants et de bonnes conditions de travailleurs aux employés.

Avec EGA, nous avons aussi pu emmené une délégation d’élèves du secondaire malgré le froid, les examens et l’heure) dès 5h30 pour soutenir le piquet et les travailleurs. Plus tard dans la matinées, nous avons organisé une réunion avec ceux-ci et Patrik Résier, de la CNE-ULB, afin de répondre à leurs questions sur la grève et de leur donner les arguments contre la propagande médiatiques contre le mouvement

La grève fut donc un grand succès et les discussions que nous avons eu avec les délégations syndicales nous ont permis de renforcer nos liens pour les luttes futurs.








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