(Futurs) travailleurs en lutte contre l’austérité !

Banderole du comité étudiant de l’ESAS (Liège)

La jeunesse en action

Lors de la manifestation-monstre du 6 novembre – qui a lancé le plan d’action syndical vers la grève générale nationale du 15 décembre -, la tête du cortège était occupée par une imposante délégation de milliers de jeunes. Leur combattivité aura marqué les esprits de plus d’un ! Depuis lors, la jeunesse confirme de diverses manières avoir pris sa place dans le combat anti-austérité. Elle a fait connaissance avec la redoutable force du mouvement organisé des travailleurs, ainsi que de son arme la plus efficace contre la dictature des marchés : celle de la grève et du blocage de l’économie.

‘‘Les jeunes dans la galère, les vieux dans la misère, de cette société-là, on n’en veut pas!’’

Tout comme cela fut le cas dans le reste de la population, d’innombrables jeunes ont été fortement choqués par les mesures antisociales du gouvernement Michel. Ils l’étaient d’autant plus que celles-ci se rajoutent aux mesures très dures prises dans l’enseignement flamand (avec notamment l’augmentation du minerval) ainsi qu’aux profondes inquiétudes pour l’enseignement francophone (le corps enseignant avait ainsi observé un arrêt de travail en octobre dernier). Sur les piquets de grève, de nombreux grévistes avaient le sentiment diffus que la grève était en fait dirigée contre ‘‘tout’’ : contre une société qui s’enfonce dans l’appauvrissement collectif, contre la logique sauvage du chacun-pour-soi, contre l’absence de perspectives d’avenir, etc. Bien évidemment, la jeunesse n’est pas isolée de cette atmosphère et sa participation à la lutte est aussi compréhensible qu’elle est nécessaire.

Combien de (très) jeunes ont accompagné leurs parents aux piquets ? Combien se sont arrangés pour participer à la manifestation syndicale du 6 novembre avec leurs amis ? Lors des journées de grèves régionales, le nombre de jeunes travailleurs participant pour leur première fois à un piquet était remarquable. En plus de cela, diverses actions de solidarité ont également été menées par des groupes d’étudiants tant du secondaire que du supérieur. Cette solidarité active est à renforcer.

De Gand à Namur : la jeunesse est présente !

À Bruxelles, dès l’annonce du plan d’action, des élèves de l’Athéne Charles Janssens (ACJ) avaient écrit une lettre ouverte pour mobiliser vers la manifestation du 6 novembre en déclarant notamment : ‘‘nous sommes tous concernés. Notre enseignement, notre avenir, nos hôpitaux, notre protection sociale et notre société sont en jeux. (…) d’autres politiques sont possibles : une fiscalité plus juste et plus équitable, la nationalisation de secteurs stratégiques de l’économie (comme les banques, l’énergie, etc.) avec contrôle démocratique, le non-paiement de la dette publique, l’augmentation des salaires et des minimas sociaux… Alors que « les mesures d’économies », les « sacrifices », la « rigueur », l’austérité et les coupes, ça ne fonctionne pas. La lutte paie ! Si nous sommes nombreux à nous mobiliser, nous pourrons arracher ces victoires.’’

À Gand, environ 130 élèves du secondaire s’étaient déjà rassemblés pour participer à la manifestation du 6 novembre. Ils n’en sont pas restés là ! En dépit de l’arrivée de leurs examens, ils se sont montrés solidaires de la grève régionale qui a touché les provinces de Flandres Occidentale et Orientale le 1er décembre, comme à l’Athénée de Voskenslaan. Le même jour, des étudiants du supérieur ont effectué la tournée des piquets pour ensuite mener une action de solidarité avec micro ouvert sur le campus universitaire du Blandijn.

De l’autre côté du pays, à Namur, la FEF (Fédération des Etudiants Francophones), l’AGE (Assemblée Générale des Etudiants), les Jeunes CSC et Jeunes FGTB ont tenu une assemblée à l’université afin d’inciter les étudiants à participer à la grève générale du 15 décembre avec des travailleurs. À Liège, des étudiants se sont réunis en piquet à l’université comme cela est traditionnellement le cas. Parallèlement à cela, le comité étudiant de soutien à la grève de l’ESAS (École Supérieure d’Action Sociale) a organisé la visite des piquets. Ce comité était déjà à l’initiative de plusieurs réunions ou assemblées d’informations, certaines menées en commun avec le corps enseignant. Leur banderole : ‘‘(Futurs) travailleurs, luttons contre l’austérité’’ a pu compter sur d’excellents échos aux divers piquets de grève. Les jeunes se sont, par la suite, retrouvés à la tête de la manifestation appelée par l’Alliance pour des Alternatives à l’Austérité (AAA) et le réseau Stop Article 63§2. Le cortège réunissant plus de 300 personnes est parti du siège du PS afin de rappeler que ce dernier ne représente pas une alternative et est responsable de nombreuses mesures antisociales. La manifestation s’est achevée devant le siège du MR, pour des raisons évidentes.

Le 2 décembre, à l’Université Libre de Bruxelles, quelque 200 personnes ont participé à une assemblée générale travailleurs/étudiants à l’initiative des syndicats. Cette AG était destinée à organiser la grève régionale qui a touché Bruxelles ce 8 décembre et la grève générale nationale du 15 décembre. Là encore, les Étudiants de Gauche Actifs (EGA, organisation de jeunesse du PSL) étaient présents. Ils y défendaient, comme ailleurs, l’instauration d’un comité de grève capable de réunir syndicats, organisations étudiantes et individus (étudiants ou membres du personnel) non organisés et désireux de résister ensemble à la politique d’austérité.

Des comités pour structurer la lutte

Les comités d’actions constituent un apport inestimable pour unir les étudiants et le personnel de façon démocratique et ainsi discuter de la meilleure manière de concrétiser la riposte face aux attaques antisociales. Après les fêtes, notre combat devra se poursuivre ! Les quelques comités d’action constitués avec la jeunesse auront déjà accumulé une expérience précieuse pour aider la lutte à aller de l’avant, tout comme cela aura été le cas dans les entreprises au sein desquelles des assemblées générales du personnel ont été convoquées.

En étant suffisamment offensif, le mouvement organisé des travailleurs peut attirer de larges couches derrière lui. Pour arracher la victoire, le mouvement de grève ne doit pas se limiter aux délégués et aux affiliés les plus convaincus. Il doit devenir un réel mouvement des travailleurs et de la jeunesse assisté par les syndicats. Pour ce faire, la distribution de tracts d’information et de mobilisation est bien entendu nécessaire. Mais l’organisation de comités de soutien à la grève dans les écoles, hautes-écoles, universités dans les quartiers,… sera d’une grande aide pour que chacun puisse véritablement être acteur de notre lutte (chômeurs, pensionnés, jeunes, travailleurs précaires,…). C’est également indispensable pour offrir un plus grand barrage à la propagande anti-grève du patronat et des médias dominants. À Liège, le succès de la campagne de l’Alliance pour des Alternatives à l’Austérité, avec ses assemblées générales et l’organisation d’actions – comme la manifestation de soutien à la grève du 1er décembre, jour de la grève régionale – a confirmé l’intérêt de cette approche.

En Flandre, le secteur culturel s’est organisé dans une campagne, Hart boven Hard (le cœur contre la rigueur). Cette dernière a été particulièrement visible à Bruxelles au sein de la manifestation du 6 novembre ou encore à Anvers dans le cadre de la première journée de grève régionale du 24 novembre. Son pendant francophone va être lancé sous le nom de ‘‘Tout Autre Chose’’.

Le combat syndical peut donc parvenir à intégrer en son sein de nouvelles couches. Il est capable de disposer de ramifications dans toutes les sphères de notre vie quotidienne touchées par l’austérité, et elles sont nombreuses. La jeunesse, avec son dynamisme, a en ce sens un rôle des plus cruciaux à jouer en se montrant solidaire, mais aussi en allant au-delà : en s’organisant et en prenant une place active dans le mouvement.

Partager :
Imprimer :

Soutenez-nous : placez
votre message dans
notre édition de mai !

Première page de Lutte Socialiste

Votre message dans notre édition de mai