Liège : « Pour le gouvernement, le social, ça n’existe pas. Il va falloir se battre jusqu’au bout »

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Délégation CNE de Makro

Rapport d’une des équipes du PSL qui est intervenue ce lundi à Liège dans le cadre de la journée de grève régionale

5h15’ à Alleur : Quand nous arrivons, la délégation Setca de Makro termine de mettre en place le piquet de grève aux accès du zoning. Les premiers camions font demi-tour tandis que les radios des voitures sont branchées sur les nouvelles. Notre renfort est le bienvenu en ces premières heures de grève. Autour d’un café, la discussion s’engage sur la mobilisation dans l’entreprise.

Par Simon (Liège), 

« Bien sûr, c’est difficile de faire en sorte que chacun se sente concerné » nous dit-on « Mais au cours des assemblées qu’on a organisé, on a bien senti que les collègues comprenaient que ce qu’on leur enlève, ce n’est pas les économies qu’ils pourraient faire, mais bien la façon dont ils peuvent boucler le budget au quotidien. C’est tes courses, c’est ton caddie ».

« Ce gouvernement ne va pas faire de concession » pense un autre délégué du Setca. «Pour eux, le social, ça n’existe pas. Il va falloir se battre jusqu’au bout. C’est l’avenir de nos enfants qui est en jeux ».

Devant l’entrée du personnel du Makro, c’est la délégation CNE qui tient le piquet. « On tient le piquet mais on est certain que personne ne va tenter de le casser. Seuls les cadres vont rentrer. Les AG du personnel ont porté leurs fruits.» La discussion s’engage sur les alternatives à l’austérité. « Ce sont les journaux, l’idéologie dominante, qui nous serine qu’il n’y a pas d’alternative à l’austérité. Mais si on s’abstenait d’envoyer des avions en Syrie, si on arrêtait les cadeaux fiscaux et qu’on taxait les multinationales, on aurait largement de quoi financer des services publics.»

Ailleurs sur le zoning, les grandes entreprises sont à l’arrêt. Dans les PME par contre, là où les délégations syndicales sont faibles ou inexistantes, on travaille comme à l’accoutumée. Nous entrons brièvement chez Dillibel où une ouvrière nous fait comprendre que dans cette entreprise où les intérimaires employés à la journée sont nombreux, sans piquet ni organisation collective, se mettre en grève signifie la porte…

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Centre commercial du Cora-Roccourt : piquet en front commun et rassemblement de militants syndicaux.

Notre tournée nous amène sur le zoning commercial de Rocourt. Les militants sont rassemblés autour d’un brasero devant l’enseigne du Brico Planet. La déléguée Setca est à l’unisson de ses camarades de Makro : « ce gouvernement ne va pas bouger. Il va falloir le faire tomber. On ne doit pas attendre le 5 janvier pour reprendre les actions après la grève du 15 décembre car les mesures seront déjà prises. Il faut continuer sur notre lancée ».

Le rassemblement de militants compte aussi des travailleuses du secteur public : les militante de la CNE de l’école primaire toute proche de Xhovèmont ont décidé de venir prêter main-forte à leurs camarades du privé. Elles aussi témoignent de leur combativité. « Vu les ce que le gouvernement donne à entendre, il n’a pas l’air de vouloir négocier. Il va falloir tenir le coup après le 15 décembre et faire tomber Michel I. Ça ne se fera pas sans construire le front commun syndical. C’est vraiment essentiel. »

La grève de 83 contre le gouvernement Martens est évoquée par une autre militante syndicale « On a tenu six semaines à l’époque, ça montre que c’est possible de faire plier le gouvernement. Et encore, on n’aurait pas dû terminer la grève au moment des vacances : on aurait pu obtenir plus. »

Plus loin sur le zoning, des travailleuses d’une entreprise de titres-services s’emploient à bloquer les accès à l’aide de trains de caddies. C’est la démonstration que même dans les petites entreprises, il est possible d’organiser la participation active à la grève. « Pourtant chez nous c’est difficile car les travailleuses sont très isolées. On travaille chez les particuliers. Beaucoup sont des femmes seules : un jour de salaire en moins, ça représente quelque chose. Se mettre en grève ce n’est pas rien. Pourtant, nous sommes là aujourd’hui. »
Ici aussi on se souvient des grands moments du mouvement ouvrier : « Il ne faut pas s’arrêter. Il faut continuer jusqu’à ce que le gouvernement recule. Maintenant on est lancés comme en 60’.»

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Piquet du Lidl de Ste-Walburge. Le gérant a voulu ouvrir mais en sera pour ses frais…

Nous quittons le Zoning pour regagner le centre-ville. Sur le chemin, nous croisons des militants de Lidl qui viennent en front commun pour empêcher l’ouverture d’un magasin. « J’espère que le gouvernement va négocier » nous dit la déléguée CGSLB « mais je n’y crois pas trop. Moi, après le 15, je remobilise directement mes troupes. Je pense qu’on devrait occuper les sièges du MR et de la NVA pour relancer l’action.» Elle ajoute : « Nous sommes allés discuter individuellement avec chaque collègue pour leur expliquer pourquoi faire grève, nous n’avons pas les moyens de tenir des assemblés du personnel. On tente de faire en sorte qu’il s’agisse d’une grève active car c’est essentiel pour la réussite du mouvement. Mais ça reste difficile même si les collègues sont réceptifs à nos arguments ».

Plus loin sur la route, les ALR sont nombreux, en front commun, pour tenir le piquet devant l’intercommunale ISOSL. « La mobilisation est maximale chez nous nous » dit un délégué CSC. « Le front commun fonctionne très bien et l’information des collègue s’est faite sans problème sur une trentaine de sites ».

Dans l’hyper-centre, nous rejoignons le piquet de grève de l’ULg où nous pouvons assister à la solidarité active des étudiants avec le personnel de l’université. Nous prenons aussi le temps d’apporter notre solidarité au piquet de grève de la FNAC, connu pour sa combativité. Nous pouvons y apprécier le changement d’ambiance au sein de l’entreprise : le piquet est tout symbolique. Il y a quelques années, des travailleurs s’efforçaient de franchir le piquet ; aujourd’hui, les militants syndicaux sont sur la détente. Aucun collègue ne songe à venir travailler en ce jour de grève.

FNAC
FNAC

Rejoignant le point de départ de la manifestation appelée par l’Alliance pour des Alternatives à l’Austérité, devant le siège du PS, nous donnons un dernier coup de main à une déléguée de Paris XL, en prise avec une gérante zélée voulant ouvrir à tout prix son magasin contre l’accord conclu entre syndicat et direction. S’ensuivra une discussion avec un client non moins zélé, qui se conclura par la débandade idéologique d’un fils-à-papa rendu à nos arguments.

La journée de grève générale de notre équipe se termine par le succès de la manifestation de AAA, bigarrée et combative. 300 militants syndicaux, politiques et associatifs sillonnent les rues de Liège, du siège du PS à celui du MR pour faire le lien entre les partis de l’austérité. On se donne rendez-vous la semaine prochaine pour un coup de main aux camarades de Bruxelles. On lâche rien ! Balayons par la grève le gouvernement et aussi toute la politique d’austérité !

 

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