SP.a et FGTB en opposition frontale. NON à la régionalisation de la sécurité sociale !

Alors que la FGTB plaide pour que la sécurité sociale, la politique du marché de l’emploi et les conventions collectives de travail restent fédérales, les politiciens flamands ne se laissent pas impressionner. Tant le SP.a que le CD&V ont réagi à la position de la FGTB en affirmant que les marché de l’emploi étant très différents selon les régions, les politiques d’emploi doivent être scindées.

Emiel Nachtegael

Réforme sociale ?

Dans une Carte blanche au quotidien De Morgen, le Ministre du Travail, de l’Enseignement et de la Formation du gouvernement flamand, Frank Vandenbroucke (SP.a) a expliqué sa vision de l’avenir de la sécurité sociale belge. Ses propositions rencontrent les aspirations des fédérations patronales flamande et francophone, mais ce charmant ministre affirme que le but final de la régionalisation est « un système social plus fort ».

Fort pour qui ? Laissons le ministre s’expliquer : « Pour avoir une activation sur mesure des gens dans chaque région, la politique d’emploi pour les groupes ciblés (diminution sélective des charges sociales, activation des allocations) doit devenir exclusivement une compétence des régions. » Selon lui, la clé d’une politique d’emploi efficace n’est pas la création d’emplois, mais « l’activation des chômeurs » et (de nouveau) des diminutions de charges sociales (il parle évidemment des charges sociales patronales).

Pour les politiciens traditionnels, la solution à la crise de l’emploi est donc faite de cadeaux au patronat. Mais ces cadeaux n’ont toutefois pas su éviter les massacres sociaux à VW et Opel. La sécurité sociale est complètement pillée, les patrons répondent « merci bien » et poursuivent simplement leurs attaques.

Le « NON » de la FGTB à la régionalisation de la politique d’emploi a trouvé un écho au PS. Di Rupo déclare depuis un certain temps déjà que la Walonie suit la Flandre en ce qui concerne l’activation des chômeurs. C’est tout à fait correct : la « politique d’activation » instaurée par Vandenbroucke a conduit à près de 7.000 suspensions d’allocations en 2006. Pour la première fois, davantage de chômeurs wallons que de flamands ont vu leur allocations suspendues.

En 2006, il y avait à Liège 43 demandeurs par emploi disponible et ce chiffre montait jusqu’à 130 à La Louvière ! La politique de sanctions, soutenue et promue par le PS, ne va pas mener à ce que les chômeurs trouvent des emplois qui n’existent que dans les fantasmes des politiciens.

Transferts Nord-Sud ?

L’argument le plus employé en Flandre pour une régionalisation de la sécurité sociale porte sur les soi-disants transferts vers “les Wallons”. Mais ceux qui dénoncent ces transferts se taisent par contre pudiquement sur les transferts de milliards d’euros qui coulent des caisses de la sécurité sociale vers le patronat sous forme de diminutions de charges…

Il est bien plus facile de dépeindre « les Wallons » comme des « profiteurs » et « les Flamands » comme des « égoïstes ». Ces arguments ne servent le plus souvent qu’à des plaidoyers pour le démantèlement de la sécurité sociale. Confrontés à la réalité dévoilée par les sondages qui démontrent que la réthorique communautaire ne convainct qu’une petite minorité de la population, ces arguments tiennent peu la route.

Qui soutient la régionalisation ?

Vandenbroucke se trouve en “bonne” compagnie. Ainsi il peut compter sur le soutien de Karel Van Eetvelt de la fédération flamande des petits patrons (Unizo) : « Des chômeurs qui ne cherchent pas activement un emploi doivent être sanctionnés. Mais pour ces sanctions, la Flandre dépend d’une institution nationale : l’ONEM. Seuls 10% (sic) reçoivent maintenant une sanction. »

Sur le plan des mesures plus répressives contre les chômeurs, Di Rupo peut compter sur un soutien comparable. Le président de l’Union Wallonne des Entreprises, Eric Domb, affirme: « Nous devons changer notre système presque criminel qui permet aux chômeurs de se nicher dans un statut d’assistance éternelle. » (De Tijd, 24 janvier)

Résistance contre la spirale vers le bas

Que ces attaques soient menées au niveau régional ou national ne change rien. Le mouvement ouvrier doit faire front contre cette stratégie de « diviser pour mieux régner ». Si la scission de la politique de l’emploi se réalise effectivement, cela ne signifie pas seulement une spirale vers le bas pour ceux qui ont droit à une allocation, mais aussi pour les 600.000 travailleurs des entreprises qui ont un siège dans les deux parties du pays. Un système social séparé sur base linguistique conduira rapidement à l’érosion des conditions de travail et de salaire, vu que les travailleurs seront montés les uns contre les autres.

En mars, les syndicats ont encore organisé une manifestation contre la scission à Courtrai. Mais il manque toujours une traduction politique de cette lutte, comme à l’époque de la grève contre le Pacte des Générations. Presque tous les politiciens traditionnels, néerlandophones ou francophones, gouvernementaux ou de l’opposition, revendiquent la régionalisation de l’une ou l’autre compétence après les élections.

La lutte n’est pas servie par les liens que les syndicats entretiennent avec leurs partenaires privilégiés (PS et SP.a). Nous sommes pour un programme dans lequel la politique d’emploi (y compris l’accompagnement des chômeurs et les bureaux d’intérim) redevienne intégralement une affaire publique et nationale. Nous sommes aussi pour la fin des diminutions de charges et pour réclamer l’argent que les grandes entreprises ont déjà reçu de cette façon. Avec ces moyens, des dizaines de milliers d’emplois peuvent être créés dans l’enseignement , le secteur des soins, les transports publics,…

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