Manif syndicale à Ostende: Une participation à la mesure du mécontentement

EN DEPIT d’une plateforme de revendications limitée, les syndicats ont mobilisé environ 20.000 manifestants le 20 mars à Ostende. La CSC et les autres organisations du mouvement ouvrier chrétien avaient mobilisé massivement. Des organisations de retraités, les travailleurs des hôpitaux, des maisons de repos, des centres pour handicapés, etc. ont répondu à l’appel et ont exprimé leurs griefs. Les manifestants étaient unanimes pour dire que le gouvernement se souciait trop peu des besoins sociaux et de l’emploi.

Els Deschoemacker

Mais quelle différence entre l’attente des manifestants et les mots d’ordre des directions syndicales! La direction de l’interrégionale flamande de la FGTB soutenait ouvertement la politique du SP.a au gouvernement à titre de «moindre mal». La critique du gouvernement sonnait moins creux auprès de l’interrégionale wallonne de la FGTB et des syndicats chrétiens.

Le lien qui assujetti les directions syndicales à leurs prétendus relais politiques joue un rôle néfaste. Leurs revendications se limitent aux allocations sociales qui souffrent d’un retard de 6% par rapport à la hausse des salaires. La revendication de la liaison de l’évolution des allocations à celle des salaires est évidemment une revendication juste mais insuffisante. Ce n’est qu’une aumône pour tous ceux qui perdent leur emploi. Les statistiques publiées par De Morgen (19/3/04) indiquent une augmentation du chômage de 7,7% entre 2002 et 2003. 16,8% de la population active, soit 1.140.463 personnes, dépen-dent de ces allocations. Il faut plus qu’une allocation pour tous ces gens-là, il faut un vrai emploi avec un vrai salaire.

En se bornant à des revendications relatives aux alloca-tions et en ne s’opposant pas au projet politique du gouvernement violet on affaiblit le camp des travailleurs et on ralentit la construction d’un rapport de forces, y compris sur le plan politi-que. Où les travailleurs et leur famille peuvent-ils exprimer leur colère? Actuellement il manque un canal d’expression sur le plan politique et sur le plan syndical. Les directions syndicales empêchent la création d’un véritable rapport de force pour une politique vraiment socialiste, qui défende les intérêts de la population laborieuse. Nous ne pouvons pas nous contenter de quelques miettes tombées de la table de ce gouvernement soi-disant social. Le gouvernement fera tout pour atteindre les normes fixées par l’Europe capitaliste et rattraper son retard par rapport aux autres pays européens dans l’offensive d’austérité. Ce n’est un secret pour personne que le patronat exerce une pression maximale pour baisser à nouveau les charges sociales. Ce sont tou-jours les travailleurs qui en font les frais.

A l’approche des élections, le conseil ministériel d’Ostende sert surtout à donner l’image d’un gouvernement qui agit de façon unanime. Les élections seront un cap difficile pour le gouvernement Verhofstadt. Les ministres libéraux ont pu se pavaner devant les caméras à Gembloux, les ministres sociaux-démocrates ont fait de même à Ostende. Loin d’être l’expression d’une politique sociale, ces quelques miettes ne servent qu’à dévier l’attention de la politique néolibérale.

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