Grèce : Des maires refusent d’appliquer l’austérité

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Unies, la gauche, les travailleurs des collectivités locales et les communautés peuvent résister aux politiques de la Troïka

Eleni Mitsou, Xekinima (CIO-Grèce)

Dix-neuf maires et le préfet de la région de l’Attique ont refusé d’appliquer la loi 4250/2014. Cette loi a été créée avec un seul but : licencier des milliers de travailleurs municipaux et du secteur public supplémentaires. Cette nouvelle offensive est destinée à permettre au gouvernement d’atteindre les objectifs budgétaires fixés par la troïka (Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international).

En vertu de cette loi, plus de 30.000 emplois, convertis d’emplois à durée déterminée en emplois à durée indéterminée au cours de ces 20 dernières années, seront réévalués. La majorité de ces travailleurs ont déjà vu leurs contrats aggravés par décret présidentiel en 2004 (durant le précédent gouvernement conservateur de la Nouvelle Démocratie) ainsi qu’en vertu d’une loi de 2000 instaurée par un gouvernement du PASOK (les anciens sociaux-démocrates). Aujourd’hui, la coalition Nouvelle Démocratie / PASOK veut réexaminer les fichiers et annuler des milliers de contrats à durée indéterminée.

La loi stipule que, chaque année, 15% des travailleurs concernés doivent être réévalués comme ‘‘inadéquats’’, qu’importe si cela est vrai ou non. Elle ne mentionne aucun critère objectif ou méthode d’évaluation, en donnant aux responsables de chaque département la possibilité ‘‘d’évaluer’’ les travailleurs comme cela leur chante. Cela crée le champ libre pour des comportements irresponsables qui transformeront le lieu de travail en une arène romaine, chaque travailleur se battant pour ne pas être licencié et pour que quelqu’un d’autre soit inclus dans les fameux 15%.

Une campagne de diffamation

Le gouvernement a lancé une gigantesque campagne de diffamation, avec l’aide des grandes chaînes de télévision et des journaux à leur service. Il a également décidé de saisir la justice contre les cinq premiers maires qui ont refusé de se conformer à ce contrat de réévaluation (les maires de Zografou, de Halandri, de Larisa, de Patra et de Nikaia).

La fureur avec laquelle ce gouvernement et l’establishment médiatique attaquent les maires et le préfet a soulevé la possibilité de constituer un front uni des conseils municipaux les plus militants. Si cela est correctement développé, et si cela résiste à la pression, le gouvernement ne serait pas capable d’arrêter cette dynamique. Cette possibilité est réelle. La première réunion des conseils de gauche et des forces politiques, dans l’Attique, a été organisée pour créer un organe de coordination inter-conseils pour l’abolition d’une nouvelle taxe. Une mobilisation est également actuellement en cours autour de la question des saisies immobilières.

Au travers d’une procédure distincte, bien que liée, le gouvernement tente de forcer l’introduction de nouveaux licenciements dans le secteur public avec une procédure d’auto-évaluation. Le syndicat du secteur public (ADEDY) avait annoncé une grève contre cette mesure en mai dernier. Parallèlement, les travailleurs ont refusé de remplir les formulaires d’auto-évaluation et ces derniers ont connu un taux de non-conformité de 98%. Malgré une série de décisions de justice déclarant cette action illégale et le report de la date limite des formulaires à quatre reprises, cette action a jusqu’ici bloqué les plans du gouvernement sur ce thème.

Les cinq maires qui font face à des poursuites, ainsi que les autres qui subiront le même sort, ne doivent reculer en aucun cas. Ils doivent être prêts à aller en prison pour la défense des emplois des collectivités locales et pour la défense du caractère public des services locaux. Il est évident qu’une telle lutte ne pourra pas seulement compter sur la solidarité de la majorité des travailleurs municipaux, mais il en ira de même avec la plupart des travailleurs et des habitants des communautés locales.

Les 19 maires et le préfet de l’Attique, au côté des forces de gauche et des militants de tous les conseils, doivent créer un organe de coordination nationale inter-conseils. Si cela se produit, les travailleurs des collectivités locales et des communautés sentiront qu’ils peuvent réapparaître en première ligne du front et se battre non seulement pour leur défense face à leurs problèmes immédiats mais aussi pour mettre sur la table leurs propres revendications. Cela pourrait ouvrir la voie pour balayer les politiques de la troïka et même faire chuter le gouvernement.

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