Plan d’action syndical : pour quoi faire et comment assurer son succès ?

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Vous en avez entendu parler, un plan d’action a été lancé par les directions syndicales : manifestation nationale le 6 novembre, grèves tournantes les lundis 24 novembre, 1er et 8 décembre et, enfin, grève générale nationale le 15 décembre. Et si ça ne suffit pas, on parle déjà de la possibilité que les grèves tournantes reprennent à partir du lundi 5 janvier. Cela fait très longtemps qu’un tel plan n’avait pas été lancé, l’ampleur des attaques du patronat et du nouveau gouvernement de droite nécessitait une réponse du même niveau. Seul un mouvement de masse pourra stopper les attaques et permettre à une alternative de se construire.

Par Ben (Charleroi), article tiré de l’édition de novembre de Lutte Socialiste

Construire l’unité parmi les travailleurs pour gagner face au patronat !

On entend parfois certains militants dire que ce qu’il faut, c’est ‘‘faire chier les gens’’. Soyons clair, si le but est de construire un mouvement de masse capable de renverser le gouvernement mais aussi de construire une alternative à l’austérité, il faut savoir distinguer de quels gens on parle. Ce qu’il faut faire, c’est polariser le débat, clarifier que le patronat et les travailleurs n’ont pas d’intérêts communs et stimuler le conflit de classe en cours en identifiant clairement l’ennemi. Une fois l’ennemi identifié, il ne faut pas seulement ‘‘le faire chier’’ mais le confronter systématiquement avec pour but de changer le rapport de force en notre faveur. Il faut désarmer la classe dominante en utilisant notre arme la plus puissante : notre nombre.

Pour cela, il faut organiser les masses. Et la minorité consciente a un grand rôle à jouer pour démasquer les injustices. La tâche peut sembler difficile car il est vrai qu’après des décennies de recul et de défaites, il est compréhensible que beaucoup de travailleurs n’aient plus confiance dans la possibilité d’entrer dans une confrontation victorieuse contre le patronat et le gouvernement. C’est pourquoi les plus conscients doivent montrer l’exemple, prendre des initiatives combatives, celles-ci pouvant inspirer des couches plus larges et redonner confiance dans la lutte. L’objectif doit être de gagner le cœur des masses et de leur montrer que leur frustration provient de l’austérité qu’elles subissent ainsi que du système capitaliste lui-même. Nous devons montrer que des alternatives sont possibles mais qu’elles ne peuvent être concrétisées qu’à travers des luttes de masse.

Comment préparer les manifs et les grèves ?

Les dates du plan d’action sont connues, d’autres se rajouteront peut-être, la campagne d’information et de mobilisation est donc lancée. Les distributions de tracts, les stands en rue, les discussions avec les amis et les voisins, les débats sur les réseaux sociaux, les actions de sensibilisation en rue, etc. seront nécessaires car nous ne pouvons pas compter sur les médias traditionnels pour nous informer correctement. Ils sont gagnés aux idées néolibérales et à l’austérité. A nous de défendre le point de vue des travailleurs, des jeunes et des victimes de l’austérité !

Pour que ce plan devienne une réussite, il faut que les travailleurs et les jeunes se l’approprient. Nous devons le discuter sur les lieux de travail, en assemblées, et chacun doit pouvoir s’exprimer. Là où des étudiants ou des lycéens ont la possibilité de le faire, ils devraient également organiser des assemblées pour rejoindre le mouvement. Pour que ces assemblées soient des réussites, il faudrait que les militants combatifs les préparent convenablement. Les raisons et objectifs du plan d’action doivent être discutés autant que possible et le plan devrait être voté démocratiquement. Celui qui aura voté concernant ce plan d’action respectera mieux sa légitimité, même s’il a voté contre. Celui qui perd le vote pourra encore faire usage de son droit individuel de faire grève mais sans entraver la majorité qui voudra se rendre au travail. Cela nous permettra mieux d’évaluer ensuite la grève et de motiver les collègues pour la prochaine occasion.

Dans les assemblées, nous devrions aussi discuter de la manière dont le plan va se concrétiser et du rôle que chacun peut et devrait y jouer. Afin de faciliter la mobilisation et pour éviter les divisions entre les différents syndicats mais aussi afin d’inclure dans la lutte les non-syndiqués, un comité de grève pourrait être élu par l’assemblée. Dans la plupart des cas, cette équipe serait certainement composée des délégués en front commun, renforcée par quelques collègues dynamiques, permettant ainsi d’intégrer tous ceux qui veulent prendre part à l’organisation pratique de la grève.

Une présence massive au piquet de grève pour discuter entre collègues !

Faire grève, ce n’est pas laisser deux délégués devant l’entreprise afin que tout le monde reste chez soi. Le piquet de grève n’a pas pour seul but de fermer l’entreprise, c’est aussi et surtout un outil pour reconstruire la confiance des travailleurs dans leur propre force.

Participer à un piquet, c’est avoir l’occasion de discuter avec ses collègues sans la pression habituelle qu’on subit sur son lieu de travail, ça permet de construire la solidarité, d’apprendre à se connaître un peu plus, mais surtout de mener des discussions politiques que l’on n’a pas l’habitude de pouvoir mener durant les journées de travail. Un bon piquet est un piquet où on stimule le débat, où on discute stratégies, objectifs, alternatives, etc. Et il n’est pas rare qu’un bon piquet de grève permette non seulement de faire comprendre que les intérêts du patron et des travailleurs ne sont pas compatibles mais aussi que ce sont les travailleurs qui sont indispensables au fonctionnement de l’entreprise, pas les patrons.

Plus la participation au piquet est massive, plus facile ce sera de convaincre les collègues indécis d’au moins venir discuter au piquet. Il est même possible que certains qui étaient tentés d’essayer d’aller travailler le jour de la grève changent d’avis en voyant une masse de leurs collègues devant l’entreprise. Et puis c’est quand même pour lutter contre l’austérité qu’on fait grève et qu’on accepte de perdre une partie de notre salaire, pas pour aller faire nos courses pour Saint-Nicolas ou pour Noël.

Organiser le piquet.

Évidemment, il ne suffit pas de décréter qu’on veut une présence massive au piquet pour que ce soit le cas. La présence au piquet, c’est une tradition qui doit se construire et ça nécessite une préparation concrète de chaque piquet. On ne peut pas rester toute une journée debout dans le froid à ne rien faire, et encore moins sous la pluie. Prévoir de quoi s’abriter, de quoi se réchauffer, de quoi manger, ça participe aussi à la réussite d’un piquet. Organiser des activités également, des débats, des projections de film de lutte, envoyer des équipes en solidarité aux piquets où il y a moins de gens, etc.

Et pourquoi ne pas organiser une assemblée générale de bilan de la grève en fin de journée afin de voir comment on peut améliorer l’organisation de la prochaine ? Cela peut d’ailleurs être fait en commun avec tous les grévistes des entreprises voisines, du zoning,…

Comment réagir face au service minimum ? La grève pour obtenir le service maximum !

A chaque grève, la question du service minimum revient et c’est d’autant plus le cas avec la volonté du gouvernement de l’imposer à la SNCB.

Soyons clairs: défendre le service minimum revient à s’attaquer au droit de grève, à vider la grève de son sens et de son utilité. Le service minimum affaiblit les travailleurs dans leur lutte contre le patronat. D’ailleurs, dans de nombreux secteurs, avec les coupes budgétaires et la dégradation des conditions de travail, c’est service minimum toute l’année. En fait, les rares moments où les travailleurs font grève dans ces secteurs, c’est pour revendiquer un service maximum, à travers des refinancements, des améliorations de conditions de travail, etc. Un malade qui doit patienter 2 heures aux urgences ou un navetteur dont le train n’a pas été nettoyé parce que la SNCB veut faire des économies pourrait en témoigner. Toute l’année, des trains sont supprimés ou en retard, et c’est entre autre pour éviter que ça empire que les travailleurs partent en action !

C’est pourquoi, qu’importe le secteur, les travailleurs ne doivent pas accepter que le gouvernement et le patronat imposent un service minimum. Dans les rares secteurs où un risque d’accident existe, c’est le comité de grève lui-même qui s’arrange pour éviter les problèmes, cela fait partie de l’organisation de la grève.

Sommes nous trop radicaux ?

Le patronat et ses médias vont nous accuser d’être des radicaux, de vouloir nous substituer au gouvernement, d’être violents, etc. Mais la violence, elle vient du patronat et du gouvernement, elle vient de l’austérité qu’on doit subir, de la dégradation de nos conditions de travail et de vie. Cette violence, la majorité de la population doit la subir tous les jours en silence.

Alors soyons clair, quand un système permet aux patronat, aux actionnaires et aux banques de s’enrichir sur le dos de la majorité des travailleurs, des jeunes et des plus pauvres, il est temps que ce système change, il est temps que les travailleurs prennent les choses en mains pour eux-mêmes et qu’enfin il reprennent une juste part de la richesse qu’ils produisent.

 

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