Allemagne: fusion WASG-Linkspartei/PDS. Virage à droite… au nom de « l’unité à gauche » !

Fin mars, le WASG allemand a décidé d’engager un processus de fusion avec l’ancien parti stalinien d’Allemagne de l’Est Linkspartei/PDS (L.PDS)

Peter Delsing

La création du WASG a été l’expression de la résistance massive des travailleurs au gouvernement de coalition SPD-Verts de Schröder qui a mené de 2001 à 2006 la même politique d’austérité que le SP.a et le PS chez nous. Elle témoignait de la rupture d’une partie de l’appareil syndical et de militants d’autres mouvements sociaux avec le SPD.

On pouvait donc considérer le WASG comme un nouveau parti des travailleurs en construction, comme l’est le CAP en Belgique.

La principale leçon que nous devons tirer de la fusion en cours du WASG avec le L.PDS est que l’« unité à gauche » ne doit jamais être une unité sans principe sous peine de compromettre tout le processus de construction d’un nouveau parti des travailleurs avec une assise large.

Le L.PDS se dit de gauche, mais il participe à des coalitions régionales avec le SPD qui ont mené une politique d’austérité semblable à celle du gouvernement national. Ainsi, à Berlin, 100.000 logements sociaux ont été privatisés, des milliers d’emplois ont été perdus dans les services publics et les chômeurs ont dû accepter les fameux emplois à « un euro » (un euro de l’heure en plus de l’allocation de chômage). Des partis qui mettent en œuvre de telles mesures néolibérales ne méritent guère le label « de gauche ». C’est d’autant plus vrai que le L.PDS n’a pas pu s’appuyer sur une base ouvrière active.

La direction du WASG a toujours aspiré à la fusion au nom de l’unité et de considérations purement électorales. Seuls 12 % des délégués présents au congrès du WASG ont voté contre cette fusion.

La direction du WASG se composait dès le début d’une couche de bureaucrates syndicaux qui ne voulaient plus s’allier au SPD, mais qui ont gardé une approche parlementariste. Par conséquent, le WASG ne s’est pas développé comme un parti de lutte et il a même perdu des membres malgré une très forte visibilité publique. Le poids de la bureaucratie sur la vie interne n’y est pas pour rien.

Le SAV, notre organisation-sœur en Allemagne, était le fer de lance de l’opposition à ce virage vers la droite et il est sorti renforcé de cette lutte. Dans l’ancienne Allemagne de l’Est, où le L.PDS participe à plusieurs coalitions néolibérales, nous militerons en dehors de la nouvelle formation politique. A Berlin, le WASG s’est déclaré prêt à construire une force indépendante du PDS au niveau régional à laquelle nous participerons activement. Dans l’ancienne Allemagne de l’Ouest en revanche, le nouveau parti unifié peut être considéré comme la seule opposition de gauche. C’est pourquoi nos membres y militeront afin d’y défendre un programme vraiment socialiste.

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