Un an après la guerre en Irak
Réactions à chaud dans la manif – Julie, étudiante: "Il y a un an, on était dans la rue avant que la guerre commence et, aujourd’hui, on est toujours là, on brave la pluie pour montrer qu’on est encore plus mécontent. C’est de la grande hypocrisie de la part de l’administration Bush: on voit encore plus clairement maintenant que les motifs pour entrer en guerre étaient complètement infondés. La situation en Irak est loin de s’être améliorée…" – Simon, lycéen: "Les Etats-Unis ont imposé une fois de plus leur politique impérialiste. Ils ne vont rien faire pour stabiliser le pays: ils vont laisser les irakiens crever de faim et ils vont pomper les ressources pétrolières." |
A l’aube du 20 mars 2003, les premiers missiles américains étaient envoyés sur Bagdad, la capitale de l’Irak, déclenchant ainsi une guerre rejetée par l’écrasante majorité de la population mondiale. Un an plus tard, les opposants à cette guerre se sont donnés rendez-vous dans quelques grandes villes à travers le monde pour manifester leur colère.
Stéphane Delcros
A Bruxelles, la manifestation "Pour la paix au Proche-Orient" a rassemblé 5.000 personnes, c’est-à-dire moins de la moitié de l’objectif des organisateurs. Le MAS/LSP et Résistance Internationale étaient présents à cette manifestation avec une délégation très dynamique d’une centaine de personnes. Par ailleurs, Notre organisation était la seule à scander des slogans clairement anticapitalistes.
D’une manière générale, les manifestants étaient venus dire non à l’occupation de l’Irak et de la Palestine. Mais c’est surtout l’Irak qui focalisait l’attention à l’occasion du premier anniversaire du déclenchement de la guerre de Bush. Les opposants à cette guerre n’en voient pas la raison d’être ou la jugent injuste et ils veulent le faire savoir.
Depuis la déclaration de la fin officielle de la guerre le 1er mai dernier, jamais la victoire américaine n’a autant été remise en question. "La guerre n’est pas finie: ils sont toujours là-bas!" affirme Marie-Emilie (étudiante). Sur le terrain, les attaques et attentats se succèdent sans répit. Six cents soldats américains sont morts et la popularité de Georges W. Bush ne cesse de diminuer. Pour y remédier, le président américain a prévu un transfert du pouvoir vers un gouvernement provisoire pour le 30 juin alors que les élections ne sont programmées que pour la fin de l’année ou le début 2005.
La situation sociale et économique des Irakiens s’est aggravée depuis un an. Le chômage atteint aujourd’hui 70% de la population! Les écoles, les hôpitaux et tous les services publics de base sont totalement désorganisés. 10.000 civils irakiens ont perdu la vie depuis le début de la guerre tandis que 11.000 sont en prison.
Aujourd’hui, les mensonges de Bush, Blair et Aznar leur explosent à la figure. Dans le cas d’Aznar, littéralement. Le terrorisme sort renforcé de cette guerre. Aucune arme de destruction massive n’a été retrouvée. Le chef des inspecteurs américains a démissionné en affirmant que ces armes n’existaient plus depuis la première guerre du Golfe. Les liens présumés entre l’ancien régime irakien et le terrorisme n’ont jamais été prouvés. Plusieurs dirigeants de la "coalition des volontaires" admettent ouvertement qu’ils ont été "induits en erreur".
Les efforts – les mensonges – déployés par les dirigeants américains et leurs alliés et destinés à faire accepter la guerre à l’opinion publique se sont retournés contre eux. Le mouvement anti-guerre international n’a peut-être pas permis d’éviter la guerre mais a tout de même réussi à dévoiler les vraies raisons de celles-ci et les manipulations opérées par la coalition.