En plus du plan d’action, le mouvement des travailleurs a besoin de sa propre alternative!

Photo : Mediactivista

“Pas de Thatcher en Belgique” a lancé le PSL alors que la formation du gouvernement était encore en cours. Nous avons lancé un avertissement quant au caractère du gouvernement qui nous attendait. Maintenant, il est là. S’il parvient à ses fins, le mouvement des travailleurs sera brisé et la voie sera libre vers des salaires, des allocations et des conditions de travail dignes du 19ème siècle. Les syndicats ripostent avec un plan d’action impressionnant. Pour arracher quelques concessions? Pour rappeler Di Rupo au pouvoir? Ce serait décevant. Le gouvernement Michel et toute la politique d’austérité doivent s’en aller. Mais cela exige une alternative propre au mouvement des travailleurs.

Par Eric Byl, éditorial de l’édition de novembre de Lutte Socialiste

Les medias des patrons et les politiciens l’ont eux aussi bien compris. « Pourquoi n’entendons-nous jamais de la part de tous ceux qui protestent à haute voix la défense d’une alternative réaliste aux économies et autres mesures du gouvernement qui ne détruit pas d’emplois?”, se demande De Tijd. Il n’y pas d’alternative, répète De Wever. Nous voilà de retour à Thatcher et son fameux ‘TINA’ : there is no alternative.

Evidemment, c’est hypocrite. Même l’OCDE et le FMI avertissent qu’une politique budgétaire trop stricte pourrait étrangler l’économie. Selon Bart De Wever, la création d’emploi dépend de la croissance économique et donc certainement pas de lui ni de sa politique. Beke (CD&V) et Dewael (Open-VLD) eux non plus ne veulent pas garantir de création d’emplois. Ils expliquent:“Nous vivons dans une économie de marché, pas dans une économie planifiée”. De cette manière, ils indiquent de façon implicite qu’une économie planifiée peut garantir des emplois. Le PSL est bien d’accord sur ce point, mais à condition que cette économie planifiée soit gérée de façon démocratique.

Nous serions alors capables d’accroître les richesses de la société en investissant dans l’enseignement au lieu d’y opérer des économies. Nous pourrions mettre les connaissances scientifiques et techniques à la disposition de tous au lieu de les protéger des concurrents sur le marché à l’aide de brevets. Nous pourrions partager le travail disponible avec une réduction collective du temps de travail et en augmentant les salaires et les allocations sans que le profit ne soit accaparé pour être planqué dans des paradis fiscaux. C’est quand-même évident, non ? Mais cela exige un gouvernement qui défend les intérêts des travailleurs avec autant d’énergie que les gouvernements actuels en mettent pour défendre ceux des patrons. Seul un gouvernement des travailleurs en est capable.

Mais entretemps, nous produisons selon les lois du marché et, là, une autre logique est d’application : celle de la défense du profit des capitalistes individuels, que cela soit sous forme de dividendes, d’intérêts ou de plus-value. Et là, tous les ‘De Wever’ de ce monde ont un point pour eux : si nous travaillons gratuitement et si la collectivité offre les cadeaux fiscaux nécessaires, alors les patrons ne menaceront pas de délocaliser. Beaucoup de travailleurs le savent très bien et puisque la social-démocratie et les verts ne remettent pas en question le marché et disent même que les coûts salariaux sont trop élevés, leurs alternatives ne sont pas crédibles. Le fait que Di Rupo explique que 70% des mesures du gouvernement Michel avaient déjà été mises en avant par son gouvernement ne fait que confirmer cet élément.

Le plan cactus du PTB est beaucoup plus ambitieux en investissements dans les logements publics, le transport public, l’enseignement, les pensions ou les soins de santé. Le PTB ne défend pas la diminution des coûts salariaux, mais bien l’augmentation des salaires et des allocations, ce qu’il veut financer par des taxes sur les riches, des économies d’échelles, des appels d’offre dans le secteur pharmaceutique et sur les appareils médicaux, une chasse à la fraude fiscale, etc. Dans le secteur financier il plaide pour une taxe bancaire et pour une banque publique à côté du secteur privé. Le principal investissement du plan cactus est toutefois le payement accéléré de la dette publique, probablement dans l’espoir de créer une certaine marge budgétaire.

Le PTB a fait un calcul correct sur papier. Mais il y a vingt ans, il ne trouvait pas que c’était nécessaire. Il scandait alors “ faites payer la crise aux riches” et “prenons l’argent où il est, chez les banques, chez les holdings”. C’étaient de bons slogans, mais même là se pose la question de savoir quoi faire lorsque les capitalistes s’en vont. Pourquoi ne pas défendre la nationalisation sous contrôle des travailleurs et de la collectivité des secteurs clés de l’économie et de toutes les entreprises qui agitent la menace de délocaliser ? Un gouvernement des travailleurs qui veut offrir une alternative crédible ne pourra pas éluder cette question. Il devra être aussi audacieux dans l’intérêt du monde du travail que le gouvernement actuel l’est dans l’intérêt de celui du capital.

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