Les propos scandaleux de Leonard font réagir le mouvement

Le mouvement gay est un mouvement politique et revendicatif !

Ces derniers jours, beaucoup d’encre a coulé suite aux nouvelles déclarations de l’évêque de Namur à propos de l’homosexualité et du mariage des couples gays et lesbiens notamment. La RTBF et RTL en ont même fait la Une de leurs JT pendant près d’une semaine.

Le scandale s’est propagé au moment où Monseigneur Léonard déclarait dans une interview au Télémoustique que «Les homosexuels ont rencontré un blocage dans leur développement psychologique normal, ce qui les rend anormaux. (L’homosexualité) est un stade imparfaitement développé de la sexualité humaine qui contredit sa logique intérieure.»

Ensuite, sûr de lui, il compare l’homosexualité à l’inceste. Et il termine par une bonne vieille définition du mariage sortie tout droit des évangiles: «c’est une union STABLE entre un homme ET une femme». Il préconise donc, pour les unions homosexuelles, de recourir à une autre appellation: «un pics, un pacs, un pucs [sic!]… tout ce que vous voulez mais pas de mariage», s’exclame-t-il.

C’est vrai que Léonard n’en est pas à son premier coup d’essai. Cet homme n’a pas été nominé pour rien pour le prix Homophobie il y a deux ans, nous rappelle la Holebi Federatie (regroupant la majorité des association gay en Flandre) qui réaffirme aujourd’hui encore que «ce n’est pas parce que les hétérosexuels sont en majorité que la minorité est anormale! Il n’y a aucune raison de penser cela.» Mais cela ne semble pas gêner Monseigneur Léonard qui, en dépit des mises en garde de la Fédération, a récidivé.

Pourquoi un tel effroi au sein du milieu LGBT (lesbienne, gay, bisexuel et transgenre) à la lecture de tels propos ?

Ce sont des propos tels que ceux tenus par Monseigneur, qui légitiment la violence homophobe. Même si la Belgique se trouve sur le plan mondial à l’avant-garde des avancés législatives (droit au mariage et à l’adoption), on voit que celles-ci ne signifient pas pour autant un arrêt des discriminations, préjugés et actes homophobes, que se soit dans la famille, à l’école, sur les lieux de travail ou en matière de logement.

La vie au quotidien des LGBT reste difficile!

L’oppression, la répression et les discriminations envers les LGBT restent une réalité. Les chiffres parlent d’eux-mêmes: 12,4 % des jeunes gays tentent de se suicider (en rapport avec 5,9 % des garçons hétéros) et 25 % des jeunes lesbiennes (contre 5,4 % des jeunes filles hétéros). Selon une enquête financée par la Commission européenne en Irlande, Finlande, Belgique et Italie, 80 % des gays et lesbiennes de moins de 25 ans déclarent avoir été victime de violences verbales et souvent physiques durant leur scolarité du fait de leur orientation sexuelle différente (ou de leur identité de genre). Ces chiffres éclairent le parcours du combattant qui attend en général tout LGBT.

Pour permettre aux LGBT d’avoir une vie meilleure, nous devons lutter contre chaque propos homophobe parce que ceux-ci instaurent insidieusement un climat anti-gay dans notre société.

Devant les propos ignobles de cet évêque, notre mouvement n’a pu rester insensible.

Nous sommes tous concernés parce que cet évêque ne se contente pas d’attaquer les LGBT, il s’en prend dans la foulée aux préservatifs, à l’avortement et à l’euthanasie (plus d’info sur le site telemoustique.be).

Avec ceux qui ont été choqués, blessés ou scandalisés par les propos ouvertement racistes et homophobes de Monseigneur Léonard nous avons protesté ce samedi 07 avril 2007 devant la cathédrale de Namur. Une délégation des associations a rendu visite au Seigneur Léonard. Réactions? Celui-ci, sans complexe, a réitéré ses propos scandaleux et a même ajouté devant les journalistes que «la sexualité entre deux personnes du même sexe n’existe pas, elle n’a lieu qu’entre un homme et une femme, par définition!» (enfin, la définition qu’un masturbateur en puissance peut donner au mot sexualité!). Il nie avoir qualifié les homosexuels d’anormaux, mais plutôt l’homosexualité d’anormalité, ce qui constituerait selon lui une forte différence sémantique. Mais qu’est-ce que l’homosexualité si ce n’est les homosexuels qui la constituent ? En tout cas, cela n’empêchera pas l’évêque de dormir sur ses deux oreilles: sa hiérarchie soutient haut et fort ses propos homophobe.

Son patron, le cardinal Danneels s’est senti obligé de soutenir largement les propos de l’évêque homophobe. On s’en doutait… «Cette position suit simplement la doctrine de l’Eglise», a indiqué son porte-parole Hans Geybels. «Il faut par exemple aussi différencier le péché commis de la personne elle-même. L’Eglise condamne uniquement le péché», a-t-il poursuivi. Devant les regards ahuris de l’assistance, il ajouta aussitôt que son intention n’est pas de présenter l’homosexualité comme un péché… soit. Quant au prêtre de la cathédrale Michel Dangoisse, il s’est insurgé face à l’impossibilité de pratiquer la messe dans son église habituelle…

Quant à la contre-manifestation de soutien à Léonard lancée par les intégristes religieux et les groupuscules néo-nazis (comme Nation) n’a pu dénicher en tout et pour tout qu’une quarantaine de racistes venus à Namur uniquement pour… prier! Prier pour ces «malades» que sont les homosexuels (voir le JT de la RTBF du soir même). En tout cas, cet attroupement fut pathétique. C’est évident, les proportions parlent d’elles mêmes: «il y avait 1 nazi pour 7 pédés».

En effet, la manifestation contre l’homophobie a été d’une réussite inespérée, en ce week-end pastoral et de départ en vacances, 350 personnes ont crié leur colère face à de tels propos. Homos et hétéros, main dans la main, scandant «Homos du monde entier, rassemblez-vous!» ou encore «Léonard, connard, les anormaux sont là!» mais aussi «Syndicats, ouvriers et tous les opprimés, on va pouvoir changer toute notre société!». Ce discours ouvert unissant tous les opprimés est la marque de fabrique des LGBT. La solidarité, oui c’est sûr, les homos savent ce que c’est… Notre manif s’est déroulée dans une ambiance bonne enfant avec toute la gaîté qui nous caractérise. Au point que quelques familles et habitants du quartier se sont joints aux militants LGBT pour apporter leur soutien à la manifestation.

Comment combattre l’homophobie ?

On a pu noter la présence de certains Partis parlementaires (PS et Ecolo). Malheureusement pour eux, les pédés ont bien compris qu’en cette période électorale il est de bon ton de se montrer GAY-FRIENDLY («tolérant vis-à-vis des homosexuels») pour tout parti politique. Mais les manifestants n’étaient pas dupes!

En effet, quelle hypocrisie quand on sait que derrière des slogans progressistes pour les droits homosexuels, ces partis contribuent à la propagation des préjugés racistes, sexistes et homophobes.

Il est clair que ce n’est pas en menant une politique néo-libérale (qu’ils défendent depuis 25 ans) que l’on viendra à bout de ces préjugés. Au contraire, ce genre d’idées véhiculées par l’extrême droite ne peuvent qu’être banalisées avec une politique qui précarise les conditions de vie et de travail, qui détruit les acquis sociaux, qui met en concurrence les travailleurs entre eux, qui divise les gens et les monte les uns contre les autres dans le but avoué de maximiser les profits des entreprises belges (dont les superprofits atteignent 27 milliards pour le BEL-20 en 2006) et des plus riches.

On voit que dans une société avec de nombreux problèmes sociaux, les bouc émissaires sont vite trouvés et arrangent un peu les partis au pouvoir: «diviser pour mieux régner».

C’est pourquoi, avec le MAS (Mouvement pour une Alternative Socialiste), nous luttons contre toutes formes de discriminations et avançons la nécessité d’avoir un parti qui unisse les jeunes et les travailleurs, sans distinctions d’origine, de genre ou de sexualité. Il nous faut un outil dans lequel tous ensemble nous pouvons nous organiser et lutter contre leur politique et ces effets. Le CAP (Comité pour une Autre Politique, autrepolitique.be) semble pour nous incarner un tel parti. D’ailleurs, sa présence à la manif était plutôt bien accueillie. Tout simplement parce que les personnes discriminées sont souvent les premières à se rendre compte que quelque chose ne tourne pas rond dans le monde d’aujourd’hui et qu’après les 25 dernières années de chacun pour soi, il est grand temps pour une autre politique, une politique plus solidaire.

Mais ce n’est qu’un premier pas. Avec le MAS, nous défendons la nécessité de changer ce système pour le remplacer par une alternative crédible, une société où serait mise en place une économie démocratique, basée sur les besoins de tous et non pas les profits d’une élite, où les services publics seraient bien plus développés, l’enseignement réellement gratuit, le temps de travail distribué et rémunéré de manière égale, où tous seraient considérés de la même façon et pourraient réellement s’émanciper, c’est-à-dire, une société socialiste. Y en a assez de la de compétition à outrance entre les gens! Y en a marre de la dure loi de survie dictée par le marché! Justice sociale tout de suite, pas de domination d’un groupe par un autre!

Si toi aussi tu veux résister aux casseurs de pédés et à toutes les discriminations, si tu veux te battre contre ce système, ne reste pas seul, rejoins le MAS et participe à sa commission LGBT.

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