Jo Cornu vs les cheminots: Travailler plus pour un moindre salaire? Pas question!

cheminots

Le patron du rail Jo Cornu n’en rate décidément pas une. ‘‘Pour leur salaire, les employés de la SNCB ne travaillent pas assez’’ a-t-il ainsi déclaré aujourd’hui dans les pages de De Standaard et Het Nieuwsblad. ‘‘Les heures prestées à la SNCB sont insuffisantes par rapport au salaire.’’ Il s’en est pris plus particulièrement à la semaine de travail de 36 heures en vigueur à la SNCB.

Deux observations.

1. Le personnel de la SNCB est passé de 38 à 36 heures par semaine à la fin des années ‘90. Le personnel avait alors perdu 1,65% de son salaire. Jo Cornu veut maintenant faire le mouvement inverse, mais sans revenir sur la réduction de salaire bien entendu… En bref : travailler plus pour le même salaire. A la base, cette réduction du temps de travail avec perte de salaire avait été acceptée par le personnel en vue de la préservation de l’emploi, afin d’éviter une grande diminution du personnel en tout cas. L’engagement n’a pas été respecté par la direction.

2. Les 36 heures de travail par semaine constituent un horaire tout théorique. En prenant en compte la question des jours de compensation, les choses sont différentes. Fin juin, les cheminots étaient d’ailleurs partis en grève en raison du fait que de nombreux travailleurs sont incapables de prendre leurs journées de récupération. Le nombre de journées de récupération ou de congé qui n’ont pas été prises par le personnel a dépassé le cap du million! Il devrait actuellement y avoir 37.500 équivalents temps plein, mais il n’y en a effectivement que 34.000, soit un déficit de 3.500 unités. Dans la pratique, cela signifie que de nombreux employés ont presté plus que 36 heures par semaine.

La proposition de Jo Cornu est une véritable provocation, à la suite d’une grève qui été justement liée à la question sensible des jours de récupération et de congé qui ne peuvent être pris. Dans les faits, en considérant les raisons de l’instauration des 36 heures dans les années ’90, sa proposition revient en fait à travailler plus pour un salaire moindre !

Jo Cornu devrait se rendre compte que les cheminots ne peuvent pas travailler plus, mais peut-être se laisse-t-il emporter par sa propre situation et son cumul de mandats lucratifs… Il avait ainsi déclaré qu’il pouvait combiner son poste à la direction de la SNCB avec ses sièges aux conseils d’administration d’autres entreprises. En 2012, il avait perçu pas moins de 232.000 euros de ses mandats d’administrateur chez Agfa-Gevaert, KBC et Belgacom, tout cela pour 64 réunions. Ce montant dépasse de loin le salaire annuel des cheminots.

La provocation de Cornu clarifie immédiatement que les économies qui seront réalisées dans le rail le seront sur le dos du personnel et des usagers. Le personnel doit travailler plus longtemps pour un salaire moindre et les passagers devront payer plus pour moins de services. La scission de la SNCB en une entreprise de transport, une entreprise d’infrastructure et le holding, en 2005, coûte entre 50 et 100 millions d’euros par an, aux dires de Jannie Haek, l’ancien administrateur délégué, en 2011. Dans les sept années ayant précédé 2012, pas moins de 837 millions d’euros ont été consacrés à des contrats de consultance externe.

A l’heure où le gouvernement fédéral annonce une attaque d’envergure sur les pensions ainsi qu’une forte réduction de la dotation de la SNCB, Jo Cornu en rajoute une louche. Le personnel et les passagers sont les victimes de ces projets : il est grand temps de construire une résistance unifiée contre cette destruction organisée de nos transports en commun!

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