Aucun soutien aux propositions communautaires
Contrairement à l’idée répandue par les partis flamands, les enquêtes de La Libre et du Soir démontrent que la population en a assez du communautaire.
Anja Deschoemacker
Il ressort notamment du sondage de La Libre que 48% des Flamands acceptent l’idée d’un premier ministre francophone, que 50% se sentent Belges en premier lieu (34% se sentent avant tout Flamands et 16% avant tout Européens). Seuls 11% des Flamands se prononcent pour l’indépendance de la Flandre (8% selon Le Soir), 15% pour une poursuite de la régionalisation, 23% pour un statu quo et – contrairement à ce que peut laisser croire la domination du nationalisme flamand dans le monde politique traditionnel et les médias – 51% pour un retour à l’Etat unitaire (sans régions et communautés)! (LL, 13/3)
Alors que les patrons flamands entraînent à leur suite presque tous les partis flamands et les médias dans leur croisade pour une régionalisation accrue sous la bannière de « notre peuple d’abord » (« notre peuple » ne semblant pas inclure les travailleurs flamands et leurs familles mais plutôt les actionnaires et les managers des entreprises), la population flamande est bien moins unanime. A la question « Est-ce que les Wallons freinent la croissance économique de la Flandre », et alors que cette idiotie est répétée tous les jours, seuls 31% répondent « oui » alors que 41% sont contre. (LL, 16/3)
Les enquêtes montrent que la surenchère des politiciens flamands est non seulement rejetée par les francophones, mais aussi par leur "propre" population. Les politiciens flamands doivent arrêter de parler au nom "des Flamands" quand ils ne parlent qu’en leur nom!
Mais l’honnêteté et la démocratie ne sont pas des mots qui viennent spontanément à l’esprit quand on pense au nationalisme flamand actuel. En opposition au nationalisme progressif et démocratique d’antan – la lutte contre l’oppression nationale et pour des droits égaux pour chacun – nous assistons aujourd’hui aux éructations d’un nationalisme revanchard et ultra-libéral qui ne résoud aucun des problèmes des travailleurs.
Historiquement, le mouvement flamand a grandi en réponse aux injustices provoquées par l’élite francophone. Aujourd’hui, l’élite flamande reproduit à longueur de temps toutes les erreurs que celle-ci a commises : la répression linguistique, l’humiliation, l’imposition d’une certaine "culture nationale", les tracasseries persistantes… Les travailleurs flamands et leurs familles ne veulent pas aller plus loin: depuis la régionalisation, de moins en moins d’argent a été investi dans l’enseignement, par exemple. Dans la « Flandre riche », il n’existe pas de moyens suffisants pour assurer un enseignement digne de ce nom à tous les jeunes.
Il n’est pas pour autant question de suivre la position des partis francophones établis. S’ils ne veulent pas entendre parler de régionalisation, ce n’est pas au nom d’une lutte pour améliorer le sort de la population. Il est toujours question de « front des francophones » derrière des partis qui chaque jour appliquent une politique antisociale au lieu de rechercher la solidarité avec les travailleurs flamands. Derrière leurs discours sur l’unité des francophones (derrière les intérêts des patrons), il y a la même logique de division des travailleurs.
Le CAP offre actuellement les meilleures chances de devenir un parti qui défende réellement les intérêts, les droits et les acquis des travailleurs en Belgique. Non à la surenchère nationaliste!