Batibouw se recycle. Quelle politique du logement?

Batibouw 2007 a fermé ses portes le 4 mars. Ce salon de la construction résidentielle a une nouvelle fois battu tous les records d’affluence avec pas moins de 360.000 visiteurs.

Thierry Pierret

Il faut dire que le secteur de la construction résidentielle se porte bien en Belgique. Ce boum de la construction est dû pour une large part à la soif de profit des investisseurs qui acquièrent un maximum de petits appartements flambant neufs à des fins purement spéculatives. Ils anticipent l’évolution démographique qui voit s’accroître le nombre d’isolés et de familles monoparentales. Il est également vrai que des taux d’intérêt historiquement bas ont incité bon nombre de ménages à acheter ou à faire construire leur logement.

Un marché juteux

Les prix du logement augmentent chaque année en Belgique. En 2006, les prix moyens des maisons et des appartements ont atteint respectivement 190.000 € (+ 7,6%) et 147.000 € (+ 8,3%) d’après le rapport d’ERA, un réseau d’agences immobilières. Cette situation a poussé les banques à proposer des formules de crédit de plus en plus souples pour appâter les candidats-acquéreurs.

Certaines banques prévoient même la possibilité d’étaler les remboursements sur 40 ans pour avoir une mensualité plus basse. C’est tout bénéfice pour les banques qui augmentent ainsi leur marge bénéficiaire. De plus, cette « facilité » est toujours liée à l’obligation de prendre des assurances ou d’autres produits financiers dans la banque qui fait le prêt.

La construction verte: luxe ou nécessité?

Les moyens d’économiser l’énergie domestique suscitent un intérêt croissant. Par exemple, il y a des « maisons passives » qui ne nécessitent presque pas d’apport énergétique extérieur. Mais leur construction coûte 20% plus cher que celle des maisons classiques. Les incitants fiscaux décidés par le dernier Conseil des ministres à Louvain ne profiteront qu’à ceux qui gagnent suffisamment pour pouvoir avancer l’argent. L’enjeu est pourtant de taille: le secteur du logement est responsable de 25% des gaz à effet de serre!

Ecolo critique à juste titre la timidité des mesures du gouvernement. Les Verts proposent que l’Etat avance l’argent pour les travaux d’isolation des habitations individuelles ; il se rembourserait ensuite sur les économies d’énergie réalisées par les ménages. Ecolo prétend que c’est une mesure financièrement neutre pour l’Etat comme pour les ménages. Mais les Verts veulent la financer en regroupant les fonds énergétiques existants, y compris le fonds de fermeture des centrales nucléaires. Cela signifie qu’il faudrait reconstituer ce fonds avec l’argent des contribuables. Les travailleurs et leurs familles paieraient donc une deuxième fois!

Pour une politique socialiste du logement

Le logement est le premier poste de dépense des ménages. C’est même le premier facteur d’inclusion ou d’exclusion dans la société. C’est aussi un enjeu écologique majeur. Autant de raisons de le soustraire aux forces du marché.

Il ne s’agit évidemment pas de nationaliser le parc des logements privés, mais bien le secteur de la construction. La création d’un service public de la construction résidentielle est un préalable à la mise en œuvre d’un Plan national du logement sur base d’un cadastre complet des besoins. Cela permettrait d’augmenter massivement l’offre de logements publics de qualité à loyer modéré et à basse consommation d’énergie, ainsi que de rénover le parc de logements privés selon les normes écologiques à un coût raisonnable pour leurs propriétaires.

Ce n’est qu’ainsi que le logement cessera d’être une cause majeure de pauvreté et d’émission de gaz à effet de serre.

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