Les deux piliers les plus importants à la base du succès du SP (Parti Socialiste) hollandais sont, d’une part, son opposition conséquente à la politique néolibérale et, d’autre part, un militantisme local important.
Bas de Ruiter
Aux Pays-Bas comme ailleurs, la politique néolibérale domine avec ses coupes d’austérité dans la sécurité sociale et les services publics, les privatisations,… Tout cela a eu des répercussions sur les plans local, régional et national pour la majorité de la population néerlandaise. C’est à ces trois niveaux que le SP a entrepris des actions contre cette politique.
Progrès aux élections
Cette attitude militante (notamment dans les grandes mobilisations syndicales contre les projets de réforme des pensions, puis contre la Constitution européenne) soutenant un programme alternatif à la politique économique dominante, est la clé de la croissance du SP. Elle lui a permis de devenir un parti qui compte aujourd’hui plus de 50.000 membres et vient d’obtenir en 2006 et 2007 trois victoires électorales successives.
Aux élections communales de mars 2006, le SP a doublé son nombre de sièges (de 157 à 333). Aux élections pour la Chambre en novembre 2006, le SP a quasiment triplé son résultat, obtenant 1.630.803 voix (16,6%) et passant de 9 à 25 sièges. Et, en février, aux élections provinciales le SP a aussi triplé son nombre de sièges (83). Pour les élections du Sénat, qui est élu à partir des provinces, le SP est passé de 4 à 12 sièges. Dans onze communes, le SP est même devenu le premier parti.
Participation au pouvoir
Depuis cette croissance électorale, la discussion sur la participation au pouvoir dans les communes et les provinces ainsi qu’au gouvernement national s’est amplifiée au sein et en dehors du parti. Avant 2006, le SP participait au pouvoir dans cinq communes ; aujourd’hui il figure dans vingt majorités communales.
La direction du SP a essayé de manoeuvrer pour faire entrer le SP au gouvernement national et pour participer au pouvoir provincial, comme dans le Brabant du Nord où le SP a obtenu 21% des voix.
Vu que la participation à des majorités dans les conseils locaux s’est traduite par une augmentation en voix dans la majorité de ces communes, la direction du parti a affirmé que le SP pouvait encore croître en participant au pouvoir dans plus de communes encore, mais aussi dans les provinces et au gouvernement national.
Mais s’il est vrai que, dans la plupart de ces communes, le SP est devenu effectivement le parti le plus important sur la scène locale, il est également vrai que, dans des communes où le SP joue un rôle actif d’opposition, il est aussi devenu le parti principal. Par ailleurs, là où le SP participait au pouvoir, il a dû avaler des concessions importantes : à Nijmeger par exemple, le SP a même voté la libéralisation des transports en commun locaux (bus) et la vente d’habitations sociales anciennement mises en location.
Résistance résolue
Le SP prendra(it) un gros risque en participant à des pouvoirs locaux – et encore plus au gouvernement national – parce qu’il doit s’allier pour cela à d’autres partis qui mènent une politique ouvertement néolibérale. Dans un premier temps, beaucoup d’électeurs qui votent pour le SP se réjouiront de cette participation à des coalitions en espérant qu’elles offriront une possibilité de changer de politique. Mais ils deviendront rapidement mécontents si le SP finit par mener la même politique que tous les autres partis.
Le SP ne pourra utiliser son potentiel que s’il continue à résister résolument à chaque mesure politique néolibérale. Dans une coalition avec les autres partis, il sera contraint de diluer sa politique. Les partis traditionnels social-démocrates ont perdu leur base active de salariés en participant à des coalitions avec les partis bourgeois : c’est une dure leçon à retenir pour le développement du SP.
Rappelons que le SP, malgré son nom, n’a rien à voir avec le SP.a et le PS belges.