Ni centres fermés, ni expulsions. Régularisation des sans-papiers

Les récentes déclarations de médecins et d’infirmières ayant travaillé au centre fermé de Vottem ont remis en lumière la réalité de ces centres : des prisons où les droits élémentaires des détenus sont encore moins respectés que dans les autres prisons.

Jean Peltier

Dans son appel à manifester à Vottem le 22 avril, le CRACPE rappelle que ces centres enferment des personnes étrangères qui n’ont le plus souvent commis d’autre délit que de ne pas avoir de papiers et que des enfants y sont aussi enfermés au mépris des conventions internationales signées par la Belgique. Il décrit la situation qui règne dans ces centres : « La violence y est banalisée : il s’agit de centres de rapatriement qui ont comme fonction de préparer l’expulsion et de briser toute résistance à celle-ci. Ainsi chaque jour des personnes qui se rebellent sont mises en isolement et au cachot. La veille d’une tentative d’expulsion, les personnes sont systématiquement placées au cachot. Des personnes désespérées en arrivent à des tentatives de suicide, elles aussi se retrouvent au cachot…

« Les expulsables sont menottés aux poignets, parfois complètement ligotés pour pouvoir être embarqués de force dans l’avion, avec parfois un casque de kick-boxing sur la tête pour amortir les coups… Des coups qui sont portés sur tout le corps, comme en attestent de nombreux certificats médicaux établis et plaintes déposées…

« Fin novembre 2006, quatre gardiens du centre fermé de Vottem ont dénoncé d’autres graves maltraitances, en particulier le sort réservé aux personnes détenues malades ou atteintes de troubles psychiatriques : placement en isolement au cachot, sans soins, pendant des jours, voire des semaines! En mars, ce sont deux infirmières qui témoignent d’injections de neuroleptiques dangereux pour calmer les « résidents » (en plus de l’administration fréquente de « tranquillisants » par voie orale, déjà dénoncée par le passé).

Un élément-clé de la répression

Les centres fermés ne sont pas un accident ou une horrible verrue sur le corps sain de la politique d’immigration de la Belgique et de l’Europe. C’est au contraire une pièce centrale de ce dispositif. Le quasi-arrêt de l’immigration légale depuis 25 ans et les restrictions grandissantes au droit d’asile depuis 10 ans forces de plus en plus ceux qui fuient la dictature, la guerre, la misère,… à plonger dans la clandestinité. Ils deviennent ainsi des proies faciles pour les patrons qui les embauchent en noir (à bas salaire sans sécurité sociale ni protection syndicale) et pour les marchands de sommeil qui leur louent des logements (et souvent des taudis) à prix d’or.

Les centres fermés, étape entre les rafles policières et les expulsions, sont comme eux un moyen de maintenir l’arbitraire qui nourrit la peur et casse les possibilités de résistance. Espérer « humaniser » les centres fermés et les expulsions n’a pas de sens. La seule solution qui défende réellement les sans-papiers – mais aussi les Belges et les immigrés ayant leurs papiers – c’est la régularisation massive des sans-papiers. Seule celle-ci peut leur permettre de sortir de la clandestinité et de la précarité et conquérir des droits élémentaires et de ne plus constituer – bien malgré eux – une pression à la baisse sur l’emploi, les salaires et les conditions de travail des « avec-papiers ».

Dimanche 22 avril 2007, manifestation:

Vottem, 8 ans déjà…, je ne l’accepte pas!

Rassemblement : 14h rue des Glacis (Liège, Citadelle) et manifestation jusqu’au centre fermé de Vottem.

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