Pas moins de 12 candidats seront présents au 1er tour des présidentielles. Parmi eux, François Bayrou, candidat de l’Union pour la Démocratie Française (U.D.F. – centre droit), crée la surprise. Alors qu’il n’avait obtenu que 6,8% en 2002, il se trouverait actuellement aux alentours des 20% selon les sondages – qu’il faut toutefois lire avec prudence.
Baptiste Daveau
L’ « effet Bayrou » illustre un rejet des deux principaux candidats (Ségolène Royal, PS, et Nicolas Sarkozy, UMP). Bayrou se présente comme l’alternative idéale et dit vouloir réunir la gauche et la droite qui veulent bien « discuter ». Entendez par là : « ceux qui veulent bien se mettre d’accord pour mettre en place des plans d’austérité ».
Bayrou mène donc une campagne très opportuniste. A son premier meeting parisien, il s’est posé comme le « président du peuple », celui qui défend « la France des paysans contre les milliardaires du CAC 40 et les vedettes du show-biz ». Mais ne soyons pas dupes ! Ce candidat très catholique, autoproclamé « anti-système » était Ministre de l’éducation de 1993 à 1997 dans un gouvernement de droite. Il a principalement été remarqué en rassemblant… un million de manifestants en 1994 contre sa réforme de l’enseignement ! Lui qui, en tant que député européen, défendit ardemment l’Europe libérale et la Constitution européenne se fait maintenant passer pour l’alternative!
Bayrou, en définitive, n’est qu’un candidat défendant les intérêts du patronat au même titre que Sarkozy ou Royal. Son programme électoral veut construire une France « pro-entreprises et pro-recherche ». Comment ? En diminuant les taxes pour les entreprises… Ses déclarations du style « Je sais ce que c’est que de vivre avec 640 euros par mois : c’est la retraite de ma mère ! » ne font que démontrer qu’il a très bien compris qu’une recherche d’alternative est en cours en France et qu’il veut l’utiliser.
Malgré les mobilisations de masse – et les victoires – qui ont eu lieu depuis quelques années en France (NON au référendum, lutte contre le CPE,…), aucun prolongement politique des luttes des travailleurs n’est ressorti. Cependant, malgré la division à la gauche du PS, Buffet (PCF), Laguiller (LO), Besancenot (LCR) et Bové récoltent tout de même encore plus de 10% réunis (ce qui est quand même moins qu’en 2002).
Ce score et l’ampleur des intentions de vote pour Bayrou – bien plus significative d’un refus de Royal et Sarkozy que d’une véritable adhésion au programme de celui-ci – illustrent le potentiel que pourrait avoir un nouveau parti des travailleurs et une candidature anti-néolibérale qui prolongerait les revendications des travailleurs sur le terrain politique. Ce ne sera hélas pas pour cette fois, mais nos camarades français de la Gauche Révolutionnaire continuent à faire campagne sur ce thème.