Plus d’un Belge sur cinq risque de sombrer sous le seuil de pauvreté ou d’être victime d’exclusion sociale. C’est ce qui ressort d’une récente étude du groupe de réflexion allemand Bertelsmann Stiftung, relayée en Belgique par le quotidien néerlandophone De Standaard. 50% de risques en plus qu’en République tchèque…
Edito de l’édition d’octobre de Lutte Socialiste, par Nicolas Croes
L’étude pointe du doigt que les pauvres, les chômeurs, les enfants et les malades sont mal intégrés à la société belge en raison d’une faible lutte contre la pauvreté, d’une inégalité dans l’enseignement et d’un marché du travail saturé. Concernant l’enseignement, le contexte socio-économique familial n’est aussi déterminant pour les performances scolaires que dans sept autres pays européens.
Malgré ce constat, il semblerait que la Belgique soit l’un des pays les plus égalitaires d’Europe, toujours selon le groupe Bertelsmann Stiftung. Pourtant, en Belgique, les 10% les plus riches possèdent 44% de la richesse nationale. Pas moins de 15% de la population vit sous le seuil de pauvreté et, sans la sécurité sociale, ce chiffre exploserait pour atteindre les 42%. Voilà de quoi sérieusement relativiser cette idée d’un pays ‘‘égalitaire’’. Cette situation des plus révoltantes est destinée à s’assombrir à nouveau de par les mesures austéritaires discutées à tous niveaux de pouvoir, et particulièrement au niveau fédéral.
Un appauvrissement collectif
La coalition dite suédoise actuellement en formation prévoit des économies budgétaires à hauteur de 17 milliards d’euros (le rythme d’application est encore sujet à discussions). Cela ‘‘ne se fera pas sans un appauvrissement collectif inévitable’’ déclare le professeur en Finances publiques Herman Matthijs (VUB et Université de Gand). Ce constat fait la quasi-unanimité.
L’étude de Bertelsmann Stiftung explique le côté ‘‘égalitaire’’ de la Belgique par les résultats obtenus sur le plan des soins de santé. Mais il est justement question de réduire la norme de croissance des soins santé. Le rapport pointe du doigt le taux de chômage, particulièrement parmi la jeunesse. Mais la coalition des droites prévoit de durcir les règles d’accès à la pension et de supprimer presque totalement la prépension. Un quart des pensionnés vivent déjà sous le seuil de pauvreté en Belgique. Mais MR, N-VA, CD&V et Open-VLD discutent de revoir à la baisse le calcul de la pension des fonctionnaires et de mettre fin aux régimes d’exception dans la police et chez les cheminots.
A tout le monde de se serrer la ceinture ? Pas vraiment… Le monde patronal recevrait 2 milliards d’euros de cadeaux fiscaux supplémentaires. Le secteur diamantaire, notamment, a de quoi se frotter les mains : Bart De Wever a fait savoir que les négociateurs de la coalition suédoise prévoyaient de nouvelles mesures favorables au secteur. ‘‘On tombe dans la caricature du lobby droitier…’’ a bien dû reconnaître La Libre.
Toutes ces recettes ne sont pas neuves et le désastre qu’elles laissent dans leur sillage est bien connu. Nous vivons dans un monde où 85 personnes à peine possèdent autant de richesses que la moitié la plus pauvre de l’humanité, comme le révélait il y a quelques mois une étude d’Oxfam.
Nous sommes de plus en plus nombreux à être convaincus que ce système est à renverser. La tâche peut paraître titanesque, mais la colère contre l’establishment capitaliste se répand et se renforce. Reste à l’organiser de manière conséquente, avec un programme capable d’arracher les leviers de l’économie à la rapacité des actionnaires, spéculateurs et grands patrons pour les placer dans les mains de la collectivité : le programme du socialisme démocratique.
Les travailleurs n’ont rien à perdre que leurs chaînes, ils ont un monde à gagner, disait Karl Marx en son temps. Il n’a jamais eu aussi raison qu’aujourd’hui.