Energie : de la libéralisation au black-out…

PAKISTAN-ENERGY-ELECTRICITY
Un black-out au Pakistan. Bientôt chez nous aussi ?

Le secteur énergétique belge traverse un nouvel épisode de chaos. Cet hiver, seuls 3 des 7 réacteurs nucléaires du pays seront en état de fonctionnement, ce qui signifie une diminution de plus d’un tiers de la production d’électricité et un risque de ‘‘black-out’’. Autrement dit, une rupture d’approvisionnement en électricité du réseau.

Par Baptiste (Nivelles)

La raison ? Selon Electrabel et la secrétaire d’État à l’énergie Catherine Fonck (CDH), tout ne tient qu’à un imprévisible sabotage du réacteur Doel 4 durant le mois d’août, mettant ce réacteur hors service pour plusieurs mois. Pourtant, si l’on veut être complet, il faut ajouter à ce sabotage l’arrêt temporaire de Tihange 1 pour un entretien décennal et l’arrêt temporaire de Tihange 2 et Doel 3 pour cause de… fissures dans les parois des réacteurs. Pour ces 2 derniers, l’arrêt pourrait être définitif si l’on en croit les récents tests effectués par le centre de recherche nucléaire de Mol, qui démontrent une fragilisation importante des parois des réacteurs par des milliers de microfissures.

Bref, cet ensemble tient plus de la déliquescence annoncée d’outils en fin de vie que d’un soi-disant ‘‘imprévu’’. Car pour ne rien oublier, les réacteurs de Doel 1 et 2, qui sont les plus vieux d’Europe, sont censés fermer en 2015 après 40 ans d’existence.

Libéralisation = pénuries + hausse des prix + profits

La réalité, c’est que la libéralisation de 2005 a offert le secteur énergétique au privé pour y asseoir ses profits au détriment des intérêts de la collectivité. Electrabel, principal producteur et fournisseur sur le marché belge abuse de sa position dominante pour imposer des prix élevés et assurer la pérennité de ses centrales nucléaires. Et malgré le vote sur la loi de sortie du nucléaire de 2003, les profits engrangés par Electrabel – sur lesquels la firme ne paye quasi pas d’impôts – n’ont pas servi à investir dans le développement des énergies renouvelables. Seul le nucléaire, meilleur garant des profits faciles, est envisagé, et peu importent les risques pour la population. C’est là la conséquence inévitable de la privatisation d’un secteur.

Dans une telle situation de crise, un gouvernement qui défendrait un minimum les intérêts de la population aurait exigé que les profits réalisés par Electrabel ces dernières années soient utilisés pour être investis dans le développement d’alternatives. A la place, le gouvernement de droite en formation envisage de … prolonger la durée de vie de 10 ans des réacteurs de Doel 1 et 2, comme l’avait déjà suggéré le gouvernement de Di Rupo en 2012. Cette logique ne sert que les intérêts des multinationales qui se gavent de profits sans avoir à rendre de comptes à la société du danger que cela entraîne. Pour nous, cela ne génère que des pénuries, une hausse des prix et le chaos.

Pour un secteur public de l’énergie !

Pour éviter une rupture d’approvisionnement chaotique cet hiver aux heures de grande consommation, plusieurs possibilités ont été avancées. Il y a le recours aux groupes électrogènes, à des réserves stratégiques, aux prières météorologiques pour un hiver doux, à la ‘‘sensibilisation’’ des consommateurs,… et surtout à un plan de délestage qui n’est finalement rien d’autre qu’un black-out organisé. Certains pays comme l’Inde ou le Pakistan y ont d’ailleurs régulièrement recours. Le plan de délestage fourni par Elio devait identifier les zones à délester en priorité. Bien entendu, ce plan n’a pas tardé à soulever de nombreuses réactions, comme celle qui considère que les ménages Wallons et Bruxellois seraient plus pénalisés que les Flamands, etc.

Ne nous faisons pas avoir par une bataille de répartition égale des pénuries, battons-nous contre les pénuries ! Le risque de black-out n’est pas un imprévu, c’est la conséquence de la libéralisation et de la privatisation du secteur de l’énergie ! Le PSL défend la nationalisation complète du secteur de l’énergie, comprenant la production, la distribution ainsi que le développement de nouvelles technologies. Un tel secteur public, sous contrôle démocratique des travailleurs et usagers, permettrait d’organiser le secteur de sorte à répondre aux besoins de manière respectueuse de l’environnement.

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