« Je pensais que ces études menaient facilement à l’emploi… »

Interview de Nicolas, ingénieur industriel, 24 ans

Dans notre numéro précédent nous avons exposé les nouvelles mesures asociales prises par le gouvernement lors du week-end de Gembloux, notamment en vue d’exclure les chômeurs incapables de prouver qu’il ne «cherchent pas activement» un emploi. Emploi par ailleurs souvent inexistant. Ceux qui ont un emploi stable depuis longtemps ou qui n’ont jamais chômé n’imaginent pas la difficulté de décrocher un job aujourd’hui. En particulier ceux qui sont entrés sur le marché du travail au moment du plein emploi. Nous avons donc demandé à un jeune, qualifié, motivé et disponible pour le marché de l’emploi de témoigner.

Propos recueillis par Guy Van Sinoy

– Alternative Socialiste: Bonjour Nicolas. Peux-tu nous expliquer ton parcours scolaire et ton expérience en matière de recherche d’emploi?

– Nicolas: En 1998, après mes humanités, j’ai entamé des études d’ingénieur industriel en électricité: 4 ans d’études. On nous disait qu’avec un tel diplôme en poche on trouvait facilement du travail. J’ai décroché mon diplôme en juin 2002 sans avoir doublé et après un stage en entreprise. Comme j’avais déjà entamé mes recherches avant la fin des études, j’ai déjà eu un premier entretien d’embauche le 5 juillet 2002.

– A.S.: Super! Donc quelques jours après être sorti de l’école, tu avais déjà un emploi!

– N: Non hélas! Ce premier entretien n’était que le premier d’une série qui s’est étalée sur 3 mois. Finalement je n’ai pas été engagé. Je ne m’étais bien entendu pas limité à cette entreprise, d’autant plus que je suis assez bon bilingue. J’ai écrit nombre de lettres: candidatures spontanées, réponses à des offres d’emploi. J’ai reçu le plus souvent une réponse polie mentionnant qu’on prenait bonne note de ma candidature. Certaines entreprises ne prennent même pas la peine de répondre!

– A.S.: Et ensuite?

– N.: Face à ces premières difficultés, j’ai décidé en octobre 2002 de suivre une formation complémentaire d’un an afin de ne pas perdre de temps et de mettre une corde en plus à mon arc. Ces cours (coût du minerval: 750 euros) ne se donnant pas à temps plein cela me permettait donc de continuer à solliciter et à me présenter à des entretiens d’embauche. En octobre 2003 j’ai obtenu mon diplôme d’études complémentaires et j’ai alors orienté mes recherches vers un plus large domaine de fonctions. Après plusieurs mois de recherche j’ai été engagé comme chef de service dans une grande entreprise, mais cela a été un échec. Je me suis bien vite rendu compte que, manquant d’expérience professionnelle et surtout n’étant pas encadré par quelqu’un d’expérimenté, une telle responsabilité ne pouvait être confiée à quelqu’un de 24 ans qui sort de l’école.

-A.S.: Et les autres diplômés de ta session d’ingénieur industriel?

– N.: Nous étions une douzaine de diplômé en juin 2002. Une dizaine ont trouvé des emplois divers. Les autres pas. Mais la situation est pire pour la session de juin 2003. Certains n’ont pas eu le moindre entretien d’embauche pendant plusieurs mois.

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